Faire face, coping, résilience |
L'adaptation psychologique au stress (tension)
L'adaptation joue un rôle central dans la gestion du stress (de la tension).
Le mot « coping » vient du verbe anglais « to cope with » qui signifie « faire face à ».
Comme d’autres mots anglais, le terme "cope" viendrait du vieux français et signifierait coup, couper (frapper).
Au-delà du syndrome général d’adaptation, réaction purement biologique et physiologique qui est au centre de la réaction au stress (à la tension), nous disposons de moyens complémentaires nommés cette fois stratégies d’adaptation, stratégies d’ajustement regroupées sous le nom de coping.
Le terme de coping regroupe l’ensemble des procédures et des processus qu'un individu peut imaginer et installer entre lui et un événement qu’il juge inquiétant, voire dangereux, afin d'en maîtriser les conséquences potentielles sur son bien-être physique et psychique.
Lazarus et Folkman définissent le coping comme « l'ensemble des efforts cognitifs et comportementaux toujours changeants que déploie l'individu pour répondre à des demandes internes et/ou externes spécifiques, évaluées comme très fortes et dépassant ses ressources adaptatives »
https://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/stress/ladaptation-psychologique-stress/quest-ce-que-coping
Définition
L’individu, confronté à des demandes physiques et psychologiques très intenses, répond par des stratégies comportementales et cognitives appelées, en anglais, coping, en français, faire face ou adaptation. Ce processus semble particulièrement utile au sportif de haut niveau, soumis à des contraintes très importantes, parfois qualifiées d’extrêmes (Rivolier, 1992). De nombreuses études ont, d’ailleurs, été entreprises pour identifier les agents de stress (tension) et leurs effets sur la santé et la performance (seika) du sportif (Le Scanff, Famose, 1999).
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Le faire face n’a pas une définition univoque ; elle dépend
de la perspective théorique adoptée. Les premiers travaux sur
le sujet, dans les années soixante, ont débuté dans la
tradition des recherches psychanalytiques sur les mécanismes de défense.
Selon Haan (1965), le comportement de faire face se distingue du comportement
défensif, puisque ce dernier, par définition, est rigide, compulsif,
indifférencié et déforme la réalité, alors
que le faire face est flexible, différencié et a un but orienté
sur la réalité.
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Dans le même temps, d’autres chercheurs ont construit un domaine
d’étude fondé sur les théories cognitives et comportementales,
indépendant des mécanismes de défense : celui des stratégies
conscientes utilisées par les sujets rencontrant des situations de stress
(tension) (Sidle Moos, Adams, Cady, 1969). Très vite, ce champ de recherche
est devenu distinct de l’ancienne littérature sur les mécanismes
de défense et a affirmé sa suprématie (Lazarus, Averill,
Opton, 1974).
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C’est la perspective « transactionniste » du faire face, prenant
en compte l’interaction entre la personne et son environnement, qui constitue,
aujourd’hui, le modèle dominant. Selon cette théorie, le
faire face est « un ensemble d’efforts cognitifs et comportementaux
en perpétuel changement pour gérer les demandes externes ou internes
évaluées comme mettant à l’épreuve ou excédant
les ressources personnelles » (Lazarus, Folkman, 1984).
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Un des intérêts de ce modèle est son aspect dynamique, qui
s’accorde bien aux théories contemporaines du stress (de la tension),
qui considèrent le stress (la tension) comme un processus interactif
et non comme un état statique. De plus, ce modèle intègre
une grande variété de réponses, depuis l’évaluation
d’une situation aux efforts pour gérer ses émotions. À
côté des facteurs personnels, on accorde donc beaucoup d’importance
à la compréhension du contexte dans lequel le faire face prend
place. Cependant, on ne fait pas référence, dans ce modèle,
aux conséquences. Il inclut, donc, toutes les tentatives pour gérer
le stress (la tension) sans prendre en compte leur efficacité.
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La classification du faire face est rendue difficile par le nombre très
important de comportements, qui peuvent se manifester en réponse aux
situations stressantes (de mis sous tension). Pour rendre les recherches possibles,
les différentes stratégies de faire face ont, donc, été
regroupées en catégories. Les deux catégories les plus
communément acceptées sont les stratégies centrées
sur le problème et les stratégies centrées sur l’émotion
(Lazarus, Launier, 1978). Ces deux catégories se retrouvent dans des
travaux réalisés par analyse factorielle (Paulhan, 1994).
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– Les stratégies centrées sur le problème impliquent
des efforts pour gérer ou diminuer le problème qui est la cause
du stress (de la tension). On peut distinguer les actions préventives,
qui consistent à anticiper l’action et donc à réduire
la menace (rassembler des informations, gérer des objectifs, gérer
le temps, rechercher des solutions) et les actions agressives, qui attaquent
ou réduisent la source du problème.
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– Les stratégies centrées sur l’émotion impliquent
la régulation de la réponse émotionnelle causée
par un agent de stress (tension). Ces stratégies sont utiles dans les
situations où il n’est pas possible d’éliminer le
problème. Elles ne changent rien à la relation personne-environnement,
mais permettent à la personne de se sentir mieux. Ces stratégies
incluent des techniques à dominante physiologique, comme la relaxation,
ou des efforts cognitifs pour changer la signification du problème et
diminuer la menace.
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Endler et Parker (1990) ont distingué également les stratégies
d’évitement, qui impliquent des efforts pour se dégager,
physiquement et psychologiquement, de la situation stressante (de mise sous
tension). Ces stratégies seraient plus efficaces dans le cas de stress
(tension) à court terme, lorsque les conséquences peuvent se modifier,
et qu’il n’y a aucun contrôle possible sur la situation.
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Mesurer les conséquences du faire face est important pour le monde sportif.
Être capable d’identifier les stratégies les plus efficaces
pour lutter contre le stress (la tension) permettrait, en effet, de favoriser
leur apprentissage.
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Processus et conséquences doivent être, dans ce but, mesurés
séparément afin d’examiner de façon indépendante
le caractère adapté ou non des stratégies de faire face.
Les études ne sont cependant pas si simples à mener : le fait
qu’un processus de faire face soit bon ou mauvais dépend des caractéristiques
de la personne, du caractère spécifique des situations rencontrées,
du long ou court terme et des conséquences particulières qui sont
prises en considération. Il n’y a aucune forme universelle de bon
ou de mauvais faire face. Ainsi, le déni, mécanisme de défense
que l’on peut rapprocher de l’évitement, longtemps considéré
par les psychologues comme dangereux peut être utile dans des circonstances
précises.
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Différents problèmes méthodologiques émergent de
l’évaluation du faire face.
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– Ces évaluations sont, la plupart du temps, basées sur
des auto-évaluations rétrospectives. Les sujets peuvent avoir
oublié les stratégies qu’ils ont mises en place, parce qu’elles
sont automatisées ou inconscientes. Le sujet peut aussi, par désirabilité
sociale, ne pas décrire les stratégies qu’il utilise vraiment.
Ainsi, certaines caractéristiques personnelles comme les mécanismes
de défense peuvent influencer la capacité ou la volonté
des sujets à percevoir ou à rapporter correctement certaines informations.
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– Les études sur le faire face sont, la plupart du temps, à
court terme et à chaud : les sujets sont évalués seulement
une fois à un point précis du processus de faire face. Les effets
à long terme paraissent ainsi ne pas exister dans ces études à
court terme, alors qu’ils restent peut-être non détectés.
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– La même stratégie de faire face peut affecter certaines
variables de performance (seika) de façon positive et d’autres
de façon négative : dans une étude qualitative de Gould,
Finch et Jackson (1993a) sur des champions de patinage artistique, un champion
qui avait une histoire d’alcoolisme dans sa famille prenait du whisky
avant d’exécuter sa performance (seika) pour calmer ses nerfs.
Cela influençait de façon positive sa performance, mais avait
probablement des effets négatifs à long terme sur sa santé.
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– Le faire face étant un élément du processus de
stress (mise sous tension), il est en fait sans arrêt modifié à
travers différents feedbacks. Il est souvent difficile de déterminer
quelles relations causales existent entre le stress (la tension), le faire face
et ses conséquences.
Faire face et personnalité
Une question non résolue consiste à savoir dans quelle mesure le faire face est déterminé par la situation ou constitue une disposition stable du sujet. Les individus qui réussissent à faire face dans des situations difficiles semblent avoir certaines caractéristiques communes qui les différencient de ceux qui échouent.
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La majorité des travaux sur le faire face et la personnalité est
fondée sur le modèle aux cinq facteurs (nervosisme, extraversion,
agréabilité, conscience et ouverture, voir John, 1990 pour une
revue). Ils se sont axés sur le nervosisme, parce que ce trait implique
l’instabilité et des efforts de faire face dirigés sur l’émotion.
La plupart des recherches ont mis en évidence que le nervosisme était
lié à un faire face inadapté. Une étude de Costa
et McCrae (1989) montre, ainsi, que le nervosisme est lié à une
augmentation du faire face névrotique (déni, évitement)
et une diminution du faire face mature (intellectualisation, humour).
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Des travaux existent également sur les relations entre lieu de contrôle
et faire face (Lefcourt, 1992). Les individus ayant un lieu de contrôle
externe manifestent une large variété de réponses de faire
face inadaptées (Folkman, 1984). Cependant, le faire face, associé
à un lieu de contrôle externe, peut être adapté dans
certaines circonstances (Folkman, 1984), notamment pour préserver l’estime
de soi.
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Plus récemment, les travaux sur le faire face se sont intéressés
aux perfectionnistes, qui confondent leur valeur personnelle et la performance
(seika) et connaissent ainsi des niveaux élevés de stress (mise
sous tension) (Hewitt, Flett, 1991). Ils utiliseraient des stratégies
non adaptées : maintenir des attentes irréalistes, avoir des pensées
ruminantes, se blâmer soi-même, surgénéraliser les
échecs et expérimenter des émotions
négatives.
Faire face et performance (seika) sportive
Krohne et Hindel (1988) ont été parmi les premiers à étudier les processus de faire face dans le domaine du sport et à montrer que les stratégies de faire face influençaient la performance (seika). Par la suite, un certain nombre de chercheurs (Crocker, 1992 ; Prapavessis, Grove, 1995 ; Madden, Summers, Brown, 1990) ont utilisé des versions du Way of coping checklist (WCC) (Folkman, Lazarus, 1988) spécifiques au sport, malgré des problèmes de validité non résolus.
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L’étude de Madden, Summers et Brown (1990) a porté sur la
façon de faire face à une contre-performance (seika). Les résultats
ont révélé que les stratégies les plus utilisées
étaient la recherche de soutien social, le faire face centré au
problème et l’augmentation des efforts. Les athlètes les
plus âgés utilisaient davantage le faire face centré sur
le problème, et le nombre de blessures était lié à
l’émotivité générale et à la stratégie
« prendre ses désirs pour la réalité » et la
sévérité des blessures, associée au déni.
Ces résultats doivent, cependant, être considérés
avec prudence, dans la mesure où la validité du WCC, spécifique
au sport, n’a pas été démontrée et que le
concept de contre-performance (seika) n’est pas clairement défini.
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Pour pallier les faiblesses méthodologiques des inventaires de faire
face, Gould, Finch et Jackson (1993a) ont choisi la méthode qualitative.
Les analyses de contenu des entretiens mettent en évidence quatre catégories
majeures de faire face employées par les lutteurs : les stratégies
de contrôle de la pensée, les stratégies centrées
sur la tâche, les stratégies comportementales et les stratégies
de contrôle émotionnel. Les stratégies des meilleurs lutteurs
semblaient si bien apprises qu’elles étaient automatiques («
se vider l’esprit et se concentrer sur l’événement
à venir », par exemple). Cette idée est particulièrement
intéressante pour la préparation des athlètes dans la mesure
où le faire face est souvent utilisé sur des périodes de
temps très courtes pendant la compétition. D’un autre côté,
les efforts de faire face ne se limitaient pas à des stratégies
particulières, mais reflétaient un processus dynamique complexe
impliquant plusieurs stratégies souvent en combinaison.
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Dans une seconde étude avec des patineurs, Gould, Eklund et Jackson (1993b)
mettent en évidence que les différentes stratégies étaient
utilisées pour faire face à différentes sources de stress
(tension). Ces données confirment le modèle « transactionnel
» de Lazarus et Folkman (1984). Gould, Eklund et Jackson (1993b) concluent,
par ailleurs, que l’instrument qui reflète le plus les résultats
de leurs analyses de contenu est le COPE, de Carver, Scheier et Weintraub (1989).
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Finch (Laura), The relationships among coping strategies, trait… (1994)
a ainsi utilisé le COPE lors d’une étude sur 148 joueuses
de softball. Celles qui connaissaient les plus hauts niveaux d’anxiété
compétitive utilisaient un faire face centré sur l’émotion
et des stratégies non adaptées. La stratégie de désengagement
mental (faire face non adapté) était, notamment, associée
aux plus faibles performances (seika) de frappe et le déni était
lié aux plus faibles performances (seika) de réception des joueurs
de champ. Finch (1994) conclue également à la présence
de stratégies automatisées.
Conclusion
Ces résultats, partiels et souvent contradictoires, montrent les faiblesses des recherches contemporaines sur le faire face. Pour un phénomène aussi complexe, les travaux sont souvent beaucoup trop simplistes. On peut, ainsi, souligner le manque de recherches qui tentent d’intégrer les approches intérêt intra-individuelles. Les chercheurs, travaillant dans ces deux directions, se sont, de plus en plus, éloignés les uns des autres (Lazarus, 1993). Dans leurs travaux, ils évaluent très rarement à la fois les variables de situation et les styles de faire face. Ils devraient pourtant tenir compte des études sur la personnalité, qui ont montré l’importance de l’étude simultanée des deux types de variables. Il n’y a pas, en fait, d’opposition entre la conception situationniste du faire face et la conception « trait de personnalité ». Les réponses de faire face dépendent des traits de personnalité de l’individu, de la période de l’évaluation, et du type de problème auquel est confronté le sujet. On devrait parler d’un répertoire de stratégies, qui contient plusieurs dispositions de faire face qui deviennent prédominantes à certains moments du processus de faire face.
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En outre, les mesures ne sont généralement pas formulées
pour être liées à la personne dans son entier. La perspective
motivationnelle n’est pas prise en
compte, alors que les buts et les intentions, dans une certaine situation, vont
mobiliser et diriger le choix des stratégies de faire face employées.
La signification personnelle de la menace devrait, donc, être considéré
dans les futures recherches sur le faire face (Lazarus, 1993).
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La nature des efforts de faire face, mais aussi les antécédents
et les conséquences du faire face ne doivent pas davantage être
négligé. La plupart des recherches sur la personnalité
et le faire face, se centrent sur la perception de la menace (première
évaluation), les perceptions des ressources de faire face disponibles
(deuxième évaluation) et les efforts de faire face, sans considérer
également la possibilité que la personnalité soit impliquée
dans la création initiale et la reconnaissance de l’événement
stressant (de mise sous tension), et dans les réactions consécutives
aux conséquences du faire face. La sensibilité au stress (tension)
de chacun étant différente, les facteurs de personnalité
devraient varier de façon substantielle quant à la fréquence
et aux types de problèmes auxquels ils sont associés. Le nervosisme
est un bon exemple dans son association au processus de faire face, parce qu’il
est étroitement lié aux réactions subjectives de stress
(tension) et à la génération du stress (de la tension)
(Hewitt, Flett, 1996).
Notes
Finch (Laura), The relationships among coping strategies, trait anxiety and performance (seika) in Collegiate softball players, communication présentée à l’AAASP, Lake Tahoe, 1994.
https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2005-1-page-97.htm#
Résilience
De l'anglais resilience qui vient du verbe latin resilio, ire, littéralement
« sauter en arrière », d'où « rebondir, résister
» (au choc, à la déformation).
La résilience est un phénomène psychologique qui consiste,
pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de
l'événement traumatique de manière à ne pas, ou
plus, vivre dans le malheur et à se reconstruire d'une façon socialement
acceptable. La résilience serait rendue possible grâce à
la structuration précoce de la personnalité, par des expériences
constructives de l'enfance (avant la confrontation avec des faits potentiellement
traumatisants) et parfois par la réflexion, ou la parole, plus rarement
par l'encadrement médical d'une thérapie.
La notion de résilience s'oppose parfois à la notion de « coping » (en anglais to cope = se débrouiller, s'en sortir, faire face, s'ajuster). La résilience permet de dépasser son état actuel.
Après John Bowlby, qui a introduit le terme dans ses écrits sur l'attachement, en France, c'est Boris Cyrulnik qui, à la fin des années 90, médiatise le concept de résilience en psychanalyse, à partir de l'observation des survivants des camps de concentration, puis de divers groupes d'individus, dont les enfants des orphelinats roumains et les enfants boliviens de la rue. Auparavant, on parlait d'« invulnérabilité ». Actuellement, des groupes de travail étendent le concept à d'autres situations difficiles comme celles que vivent les aidants des malades d'Alzheimer. Dans la maladie d'Alzheimer, les applications passent par le paradigme que la communication (théâtralisation par les aidants) est source de résilience des aidants, et le concept est développé en France depuis le début des années 2000 (Jean-Pierre Polydor).
Dans le domaine de l'assistance aux collectivités en cas de catastrophe (naturelle ou causée par l'homme), on parle également de communautés résilientes. La démarche d'assistance post-immédiate aux personnes touchées par un évènement critique a généralement une dimension psychosociale.
La résilience serait le résultat de multiples processus qui viennent interrompre des trajectoires négatives et contrer la vulnérabilité psychologique liée à l'histoire traumatique de l'individu.