Kiai (japonais), Chi-yi ou Qi-i ou Fa-sheng (en Chine), Het (vietnamien) ou Kihap (coréen), désigne dans les arts martiaux, le cri de combat qui précède ou accompagne l'application d'une technique. Ce cri est utilisé notamment pour marquer une volonté d'action, ou bien pour perturber la concentration de l'adversaire.
Le kiai japonais Kiai utilisé dans les bùdô est composé
des kanjis :
« ki », et désigne l'énergie
interne, l'âme, l'esprit, la volonté...
« ai » (base conjonctive de «
au »), se rassembler, se réunir.
Parfois vu à tort comme le « cri qui tue » des jùdôkas, il s'agit d'une « extension du ki », de l'extériorisation d'un « cri interne », du souffle-énergie (kokyu-ryokyu) dans une coupe, un mouvement martial. C'est la concentration de toute l'énergie du pratiquant dans un seul mouvement.
Le kiai est un cri particulier : l'air est bloqué au niveau de la gorge ou de la glotte par la contraction des muscles. Anatomiquement, ce mouvement, s'il est bien contrôlé, peut provoquer la contraction simultanée de la plupart des muscles du torse et de l'abdomen, ce qui peut amortir les coups reçus par le pratiquant.
En tant qu'offensive, les effets du kiai sont légendaires. Ainsi Miyamoto Musashi aurait tué un scorpion en poussant un cri inaudible, faisant chuter l'animal mort devant son adversaire, lequel, impressionné, prit la fuite. Certains ont avancé qu'un son correctement produit pouvait provoquer la mise en résonance d'un corps, jusqu'à sa rupture, d'où le « cri qui tue » ; il s'agit cependant largement d'une tentative de rationalisation d'un fait souvent rapporté mais jamais établi.
La maîtrise du kiai, le kiaijutsu, demande une bonne connaissance et un bon contrôle de l'appareil respiratoire et des muscles de l'abdomen. Le kiaijutsu développe donc la force, la durée et la maîtrise de la respiration. Le concept, japonais, vient cependant de Chine, où les moines du monastère Shaolin utilisent un cri similaire pour l'exercice du qi gong. On retrouve également cette technique dans les arts martiaux coréens (yatz ou kihap), vietnamiens et thaïlandais.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kiai
L'histoire d'une légende : Miyamoto Musashi, maître bushi japonais, aurait tué un scorpion en poussant un cri inaudible, faisant chuter l’animal mort devant son adversaire, qui, quasi mort de peur, aurait pris la fuite.
C’est l’histoire du combat immémorial du faible contre le fort, de ce qui est a priori impossible, contre nature, voire surnaturel. Le fantasme de vaincre quand on est le plus faible est ancestral, depuis la figure de David contre Goliath, elle a perduré jusqu’à nos jours sous différentes formes. Mais certaines d’entre elles participent d’une éthique solide, véritable démarche de vie, quête à la fois physique et spirituelle, lorsque d’autres cherchent l’efficacité la plus immédiate. Dans notre époque où les dangers génèrent souvent une certaine panique, où le sentiment d’insécurité peut assaillir chacun d’entre nous, où les fictions et les séries prônent ces nouveaux héros nantis de super pouvoirs à l’épreuve des balles, les techniques de combat font florès. Mais alors que certaines tentent de retourner la force de l’adversaire contre lui, d’autres cherchent à le tuer, tout simplement.
1er épisode : L’histoire du « Kiai » ou le « cri qui tue »
Il s’agit là d’un véritable mythe qui prend sa source au XVIe siècle : Miyamoto Musashi, maître bushi japonais, aurait tué un scorpion en poussant un cri inaudible, faisant chuter l’animal mort devant son adversaire, qui, quasi mort de peur, aurait pris la fuite. La légende était née. Dès lors, elle ne se tarit pas, et constitue le fondement de cette attraction pour les arts martiaux chez les occidentaux, au début du XXe siècle, et, particulièrement en France où, à la Belle époque, cet engouement s’immisça jusque dans les salons du tout Paris.
"Le cri qui tue, c’est quelque chose qui est de l’ordre du divin, comme le marteau de Thor ou la foudre de Zeus. C’est quelque chose qui échappe au monde humain."
De là naquirent des fictions reprenant cette pratique à l’efficacité redoutable censée transformer n’importe quelle faible dame en guerrière redoutable capable de se débarrasser en un clin d’œil des pires crapules. Si le nom de Bruce Lee ou les exploits du Karaté Kid ont donné son aura aux pratiques martiales venues d’Orient au milieu des seventies, il faut remonter au célèbre personnage de Docteur Justice, médecin humanitaire et justicier, maîtrisant le fameux kiai, « l’arme secrète des initiés qui jaillit » ou plonger dans la littérature populaire du premier quart du siècle pour en trouver les véritables origines.
"Pour que le super-héros devienne super-héros, il ne faudrait pas qu’il soit limité à cette espèce de cri de révolte, de cri de rage. Pour qu’il devienne super-héros, il faut qu’il canalise la violence qu’il a subie et qu’il veut rendre au monde. Il faut qu’il la canalise pour passer de la vengeance à la justice."
Raconter l’histoire du « cri qui tue », c’est raconter l’histoire d’un fantasme, celui de pouvoir tuer son adversaire à coup sûr, mais aussi l’histoire de la formation de ce fantasme. Et par là, peut-être, entendre quelque chose de la quête de celles et ceux qui, de nos jours, se tournent vers les techniques de combat dont l’objectif est d’éliminer l’adversaire, même lorsque l’on est faible...
Avec : Yves Cadot, maître de conférences (section japonais) et 6e dan de jùdô ; Franck-Olivier Laferrère, écrivain et jùdôka ; Frédéric Dambach, professeur de jùdô, 6e dan, spécialiste du jùdô circulaire ; Emmanuel Pasquier, philosophe.
Un documentaire de Delphine Chaume, réalisé par Laurent Paulré. Prises de son Mathieu Perrot et Raymond Albouy. Mixage Catherine Derethe. Archives INA : Véronique de Saint-Pastou. Avec la collaboration d'Adèle Cailleteau.