Définition du jùdô

Larousse
Quid
F.F.J.D.A.
Jùdô (wikipédia français)
Jùdô (wikipédia anglais)
Jùdô (wikipédia espagnol)
Jùdô (wikipéia allemand)
Jùdô (wikipédia japonais)

Jùdô en langue des signes en français

Définition du cœur du Jùdô 1
Définition du cœur du Jùdô 2

Définition martial du Jùdô

"Qu'est-ce que le jùdô ?
C'est un mot japonais, inventé par un japonais et reconnu dans la langue japonaise sous le sens de son créateur, Jigorô Kanô.

Le paragraphe 1 de la réglementation de la fédération internationale de jùdô (IJF) indique :
"On appelle jùdô ce qui fut créé par Jigorô Kanô"

Le jùdô c'est savoir "céder" et "s'aider".

JÙDÔ, substantif. masculin.
Étymologie et Histoire 1941 (Roger Vuillemin, Éducation physique, page 163). Mot japonais, composé de jù « doux » et de dô « moyen, méthode ».
https://www.cnrtl.fr/etymologie/judo

Orthographe : En France, le mot jùdô (djioudo) s'écrit sans accent c'est à dire "judo".

Définition du jùdô du "Jùdô Kôdôkan" de Jigorô Kanô :
Le jùdô est apprécié par toutes les générations. Vous pouvez y rencontrer des gens de tous âges (de quatre à plus de quatre vingt ans) et de tous sexes, professions ou nationalités.
Ils ont tous leurs propres buts. Certains d'entre eux veulent être forte, d'autres veulent être en bonne santé, certains veulent renforcer leur esprit, certains veulent apprécier l'agréable sensation que l'on ressent après avoir transpiré, certains veulent être en mesure de se défendre, certains veulent devenir professeur de jùdô et certains se sont déjà consacrées à la formation des autres. Pourquoi le jùdô attire-t-il des gens avec autant de buts différentes ?

Jigorô Kanô créa le jùdô à partir du Jùjutsu afin de donner les moyens d'apprendre les grands principes humanistes et pas seulement apprendre des techniques.
Il appela l'institution de formation "Kôdôkan". Le mot "Kôdô" signifie apprendre, éprouver et pratiquer le principe (la traduction litterrale est donc (la maison où l'on éprouve le principe de l'adaptation). Le fait que Jigorô Kanô nomma le jùdô le " Jùdô Kôdôkan " nous montre l’importance des principes comme l'objectif principal d’apprentissage (seicho) dans la vie. Jigorô Kanô lui-même disait que le but du jùdô était de renforcer le corps en pratiquant attaque et défense, pour renforcer sa personnalité par la formation de son esprit, et, finalement, de se consacrer à la société.
Jigorô Kanô, indiqua que l’idéal du jùdô était "l’efficacité maximale" et le "bien-être et la prospérité mutuelle."

"Messieurs, croyez vous qu'un homme de mon âge et de ma condition perdrait son précieux temps à enseigner comment simplement jeter quelqu'un par terre ?
Jigorô Kanô

Jùdô est un système pédagogique qui utilise les arts martiaux Japonais comme modèle (Jigorô Kanô-Shihan (1889)

L'objectif du jùdô :

1- Jùdô ishinhô : le plaisir (le ressenti)
2- Jùdô shushin-ho (moralité/empêcher d'avoir des émotions inefficaces/pleinne conscience)
3- Judô shobu-ho (combat/défense personnel)
4- jùdô taiiku-ho (éducation physique : méthode scandinave)

Historiquement : Jigorô Kanô envisagé le jùdô d'abord comme éducation physique puis comme combat/défense personnel, ensuite comme moralité/empêcher d'avoir des émotions inefficaces/pleinne conscience et enfin comme une source de plaisir (le ressenti) à la fin des années 1920.

La pratique du jùdô a pour but d'intérioriser deux principes :
- le bon et habile usage de l'énergie
- l'entraide et prospérité mutuelle

1- Introduction :
Ce chapitre est une investigation dont le but est de définir le jùdô. Ici le mot jùdô fait référence au "Jùdô Kôdôkan" à savoir le jùdô originel créer par Jigorô Kanô et partagé par la F.F.J.D.A.. Pour cela nous partirons des différentes représentations du jùdô pour ensuite revenir à l'étymologie de ce mot. Enfin, nous essaierons d'effectuer une synthèse de ces deux approches afin de parvenir à une définition. Nous conclurons ce chapitre par une notion de tolérance nécessaire à la prospérité mutuelle.

2- Les quatre représentations du jùdô :

Selon son vécu, on définit le jùdô comme :
- un code moral, une éthique, une attitude, Kogi-Jùdô* (humaniste) : shin
- un art martial, Kage-Jùdô (artiste martial) : ghi
- des techniques ancestrales des samouraïs, Jùdô Okuden (technicien) : ghi
- une activité physique permettant un développement harmonieux du corps
- un jeu, un sport de combat, un loisir, un plaisir, Kyogi-Jùdô ou Jùdô-Sport ou Jù-Sport désigné dans ce site par l'appelation "Jùdô sportif" (sportif)* : tai

La définition du jùdô se trouve à la croisé de toutes ces représentations.

Schéma de toutes les représentations en jùdô selon l'étendu de leur porté dans la vie.

Toutes ces définitions ne sont que des aspects tel que :
La conduite c'est :
- un code de la route, une responsabilité (citoyen) : shin
- un art de conduire (chauffeur) : ghi
- une technique (conducteur) : ghi
- un loisir, un plaisir (pilote) : tai
En fait, la conduite est un mode de déplacement

Schéma de toutes les représentations en jùdô selon l'ordre dans lesquels on les aborde de l'extérieur vers l'intérieur.

3- Étymologie du mot jùdô :

Le terme jùdô (djioudo) est composé de 2 kanjis :
- "" souvent traduit par "souplesse"
- "" souvent traduit par "voie" ou "chemin"
"Jùdô" se traduit donc généralement par "voie" ou "chemin" de la souplesse.

Jù (tendre, doux) :
Le mot "souplesse" a plusieurs sens en français à savoir ductilité, élasticité, flexibilité, malléabilité et extensibilité. Ces mots désignent des aspects physiques alors que le kanjis "jù" désigne un concept plus général à savoir "l'adaptation".
Le caractère Jù issu du chinois classique se prononce Djiou. Les dictionnaires Couvreur, Ricci et Wieger désignent ce caractère chinois comme provenant du radical 75 Mu : le bois. Cette racine est redoublée et le caractère Jù (Jou, Jeou, Rou) (2451 du Ricci) signifiait donc, à l’origine, jeune plante, jeune pousse... et, par extension flexible, élastique, tendre, souple, doux. On retrouve ce caractère dans un texte classique, le LIJI (Li Ki), ou Livre des Rites où il est affirmé, au chapitre 72 " Jou Neng Ke Kang " : " Plus fait douceur que violence ". On retrouve également, en Chine, une école philosophique de tendance néo-confucianiste, se nommant Jù Tao (Rudao) (Jùdô en japonais !), fondée en 1127 : " La Voie de la douceur ". Ce caractère Jou (flexible) illustre bien l’anecdote de la fondation du Yoshin-ryu où le Maître Akiyama Shirobei Yoshitoki eut l’illumination en voyant une branche de saule (Yo) ployer (Jù) sous la neige et se redresser. Précisons, enfin, que le terme japonais Jùdô (Voie de la douceur ou de la souplesse) fut utilisée près d’un siècle avant le Maître Jigorô Kanô pour qualifier l’école du Jikishin-ryu.
Yves Cadot
La notion d'adaptation :

L’essence du jùdô repose sur le principe de l'adaptation.
L'adaptation est l'ensemble des ajustements de conduite réalisés par un individu pour faire évoluer une situation dans son sens.
Elle s’effectue soit par :
- L'assimilation à savoir l'ajustement de la situation grâce à sa capacité d'application des savoirs (ryu no maki) de l'individu. Tori est l'attaquant dans le sens où il est à l'initiative de la situation.
- L'accommodation à savoir l'ajustement (cession) d’un individu grâce à sa capacité d’apprentissage (seicho) des connaissances (de compréhension) (tora no maki). Tori est le défenseur dans le sens où il n'est pas à l'initiative de la ituation.
Bien sûr, ces deux approches s’influencent l’une l’autre dans le sens où tout apprentissage (seicho) des connaissances amène un accroissement du savoir et que toute application du savoir nécessite un apprentissage (seicho) de connaissance (une compréhension) de la situation.
Les combats basés sur le jùdô peut donc être assimilé à une activité de résolution de problème. Pour battre son adversaire, le jùdôka a donc deux possibilités :
- soit il doit faire appel à un savoir technico-tactique (tora no maki) qu’il adapte en fonction des caractéristiques spécifiques de son adversaire (accomodation), c'est l’intelligence discernante.
- soit il impose une stratégie (ryu no maki) à son adversaire (assimilation), c'est l’intelligence expérimentale.

: (hodos en grec ancien)
"La "voie" ou "chemin" est un concept assez flou également.
Le terme "voie" renvoie seulement à l'idée de "direction" alors que le mot "chemin" (ou chemin qui mène à) renvoie également à l'idée de longueur dans le temps et dans l'espace ainsi une une idée de "sens" et donc de "destination".
Pour bien comprendre “”, qui se lit également “michi”, il faut garder à l’esprit trois éléments indissociables.
Le premier nous est donné par l’étude de la graphie de ce caractère. Celui-ci est composé de deux parties. L’une, la partie supérieure, est un caractère en elle-même qui se lit “shu” ou “kubi”. Aujourd’hui, cela signifie “le cou” mais, autrefois, il avait pour sens “la tête” ou “le chef”, “celui qui dirige”. La seconde, constituée du reste du caractère est ce que l’on appelle une “clé” et celle-ci a le sens de cheminement de déplacement. Ainsi, il s’agit de se déplacer dans la direction vers laquelle on est tourné, dans laquelle on regarde ou vers celle que l’on nous indique, nous explique.
Pour le deuxième élément, il faut s’intéresser à l’histoire de l’utilisation de ce caractère au Japon. À l’époque des codes (VIIe~XIIe siècle), “” ou “michi” désigne d’abord des axes de circulations vers des provinces lointaines. Il ne s’agit pas du chemin concret qui relie un point à un autre mais le fait de pouvoir s’avancer vers et à l’intérieur d’une aire géographique délimitée par cette route et qu’on ne découvre qu’au fur et à mesure de sa progression. Très vite, par extension, ce terme désigne la zone géographique en elle-même puis, par abstraction, un domaine particulier des activités humaines, une spécialité comme les lettres ou le calcul. L’évolution sémantique se poursuivant, “” et “michi” en viennent à désigner la méthode qui permet d’accéder à cette compétence particulière mais aussi le principe qui sous-tend cellle-ci.
Le troisième élément nous fait remonter aux origines de la pensée chinoise et notamment à Lao-Tseu qui dicte le Tao-tö-king, texte de référence du Taoïsme, vers le IVe siècle av. J.C. Or, Tao n’est autre que “ / michi”. Lui le définit comme l’absolu sans nom vers lequel on se doit de tendre. Cette définition est reprise par le néo-confucianiste Zhû Xi (1130~1200), Shushi en japonais (cf. jû no ri), qui précise que “ n’est autre que le principe ultime”.
Ainsi, la notion exprimée par ce caractère serait le but indéfinissable, l’idéal à atteindre, le Principe Universel contenu en chaque chose et vers lequel tendent tous les principes particuliers. Mais c’est le moine japonais Dôgen (1200~1253), dont le nom signifie “Origine de la Voie” ou “Qui se base sur la Voie”, qui offre pour la première fois une synthèse de ces trois éléments : le but et la pratique ne sont qu’un.
/ michi” est donc une notion dynamique de progression à l’intérieur d’un domaine particulier indéfinissable que l’on ne découvre que par l’expérience et la persévérance. Or, le particulier contient dans son intégralité et son indivisibilité l’universel. Devenir un spécialiste et poursuivre toujours sa route mène donc vers l’universalité et la pratique permet à l’homme, de par l’expression de ce qu’il a de plus profond en lui, de communier avec l’Univers.
Yves Cadot
Dans bien des cas, il est préférable de traduire le kanjis“” par "principe directeur", que par “voie" ou "chemin” (ou chemin qui mène à). Une ligne de conduite (normes) et un état d'esprit (dô) (valeurs), où corps et esprit s’éduquent et s’associent pour tendre vers un même but.

4- Définition du jùdô :
Le jùdô est un principe directeur logique et rationnel (ni religion ni magie) à but pragmatique, basé sur l'adaptabilité () du corps (tai) et de l'esprit (ghi) et de l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei). Il a pour but le bon et habile usage de l'énergie (seiryoku zenyo) dans toutes les situations afin de tendre vers le bien-être et le développement humain (kojin no kansei). Parvenir à suivre cette ligne de conduite dans la vie de tous les jours est un cheminement intérieur (démarche personnelle) de toute une vie (do mu kyoku) nécessitant un dévouement (shin) constant envers soi et les autres. Le jùdôka tend à s'adapter (Jù) aux problèmes qui lui font face plutôt qu'à leur résister (go) pour obtenir le maximum d'efficacité. Le jùdô ayant une visée éducative, toutes les techniques portant atteinte à l'intégrité physique ont été supprimées. Le jùdô est basé sur la confrontation avec un environnement que l'on parvient à maîtriser en adaptant (Jù) son shin, son ghi et son tai pour obtenir le maximum d'efficacité (Seiryoku zenyo). On ne peut donc pas apprendre les techniques basées sur le jùdô seul mais toujours face à l'autre. Le jùdô n'est pas qu'un sport, une technique ou un art mais il peut s'exprimer en tant que tel. Ces trois pratiques sont en fait les trois différentes manières de vulgariser le jùdô et sont donc des moyens et non des buts.

Le jùdô est un mouvement humaniste, attaché à l’amélioration des conditions de vie de l’humanité, par l’éducation physique, l'amélioration de la vie avec les autres (l'entraide et la prospérité mutuelle) et la recherche de la perfection (le bon et habile usage de l'énergie).

Remarques :
On peut voir une opposition entre "le bon et habile usage de l'énergie (seiryoku zenyo)" et "l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)".
En effet, dans un projet de groupe, le fait de pratiquer "l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)" peut enrayer "le bon et habile usage de l'énergie (seiryoku zenyo)". Cela est vrai à court terme mais faux à long terme car "l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)" rejaillira toujours sur le groupe en optimisant les membres les plus en difficulté.

Le jùdô est également le principe de la tendresse et de la douceur et donc de la sympathie et de l'empathie. Un cœur dur et sec n'est pas compatible avec le jùdô. Au contraire, un cœur tendre, doux, généreux et compréhensif est nécessaire.

La pratique du jùdô sur un tatami n'a pas pour but spécifique d'apprendre la politesse, la discipline, la rigueur, la morale, de se réaliser par la victoire en compétition ou de passer des grades. Toutes ses valeurs sont tirées de l'esprit sportif partagé par l'ensemble des sports.

La pratique du jùdô a pour but d'intérioriser deux principes :
- le bon et habile usage de l'énergie
- l'entraide et prospérité mutuelle
Ces deux principes ont des visées pragmatiques et pour but l'apprentissage (seicho) de l'harmonie en tendant vers le bien-être et le développement humain (kojin no kansei).

5- Conclusion :
Ainsi selon cette définition originel, on peut très bien être champion de France, champion d'Europe, champion du Monde, champion Olympique de compétition basée sur des combats basés sur le jùdô, s'entraîner tous les jours 6 heures par jour et ne pas être un jùdôka au sens originel si on se limite à l'efficacité en combat.
Le but de cette démonstration n'est pas de convaincre de changer de représentation mais d'expliquer la représentation originelle afin de pouvoir se situer et de faire un choix éclairé de représentation ("L'important n'est pas de convaincre mais de donner à réfléchir !" Bernard Werber). Ce n'est pas parce que votre représentation diffère de cette définition originelle que vous êtes dans l'erreur. Comme cela arrive quasiment systématiquement, vous avez simplement été aiguillé vers une autre voie que celle de son créateur par votre enseignant, les médias et le reste du monde. Du reste, vous cheminez peut-être vers cette représentation sans pour autant y être encore parvenue. De manière générale, on se doit donc d'être tolérant sur les différentes représentations de chacun et laisser chacun faire son cheminement intérieur afin d'entretenir la prospérité mutuelle et laisser tout le monde vivre son jùdô (Xavier Mayteyé, Janvier 2009). Il appartient à chaque enseignant de choisir sa représentation, encore faut-il qu'il s'agisse bien d'un choix éclairé.

Attention !!
Un enseignement dogmatique sur ce sujet ne serais pas vraiment assimilé et pourrais même entraîner un déni définitif.

Les autres doivent eux aussi passer par les même difficultés de raisonnement pour leur permettre d'expérimenter et de s'enrichir par eux même pour :
          - qu'elle soit convaincu des résultats
          - qu'elle soit en mesure de poursuivre seule

L'expérience est une bougie qui n'éclaire que celui qui la porte. Confucius

Chacun croit pouvoir au terme de ses expériences positives et négatives faire profiter les autres des ses succès et de ses échecs. Cela n'est possible qu'en partie. Rien ne remplace le travail et la recherche personnelle.

* Le Kogi-Jùdô : Définition de Jigorô Kanô pour la forme, la plus accompli (dans son sens le plus large) de son jùdô. Intégrant des méthode de développement technique (kyogi ou shobu-ho), le développement physique (rentai-ho) et la culture de l'esprit (shushin-ho) nécessaire pour atteindre la perfection du soi.
* Le Kyogi-Jùdô ou Jùdô-Sport ou Jù-Sport est désigné dans ce site par l'appelation "Jùdô sportif". Il est privé des atémis, des arthralgie non-portées au bras pour conserver l'intégrité physique et a développé davantage les projections, les immobilisations, les clés de bras et les étranglements. Lorsque l'on parle de Jùdô, la plupart du temps on parle de Kyogi-Jùdô ou Jùdô-sport ou Jù-Sport.

http://pagesperso-orange.fr/pelletier.andermatt/11histo.html

JÙDÔ ET COMPÉTITION

La rencontre arbitrée a été mise en place par Jigorô Kanô lui-même, au travers des truki nami (ou Tsukinami-Shiai) shobu ("combats mensuels", dès 1883) et des kohaku shiai ("rencontres des rouges contre les blancs", dès 1884) mais pas dans une idée sportive : l'idée étant, par rapport à l'exercice quotidien du randori, par définition ouvert, de pouvoir tester son efficacité technique en situation fermée. Dès le début du jùdô scolaire, les compétitions inter-écoles se développeront au grand dam de Jigorô Kanô et de son idée du jùdô, l'amenant à prendre souvent la parole et le pinceau pour les condamner et multiplier les mises en garde. Pourtant, il s'impliquera dans l'organisation des premiers championnats du Japon, en 1930, avertissant cependant :
"Tout en reconnaissant que conduire le jùdô à la manière d'un sport est une exigence de la tendance d'aujourd'hui, il ne faut jamais oublier, même un instant, en quoi réside la spécificité du jùdô". "Le jùdô, aussi du sport".
Pourtant, on l'a vu, le jùdô que nous connaissons aujourd'hui, le jùdô discipline olympique, connaît bel et bien une expression sportive... Et même, essentiellement sportive. Les règles de compétition régissent la pratique du randori dans tout dôjô. Que l'on interdise les attaques aux jambes et un pan entier du patrimoine technique disparaît en quelques mois, que le sport exige l'égalité des chances, et on ne pense plus qu'en catégories de sexes, d'âges et de poids quand les situations de la vie auxquelles la discipline doit nous préparer ne s'en embarrassent guère.
Alors, et le fait même d'éprouver le besoin d'affirmer l'inverse en est l'aveu, ne nous voilons pas la face, aujourd'hui, "le jùdô, rien d'autre qu'un sport".


PENSER HORS CADRE

Ce qui est frappant, c'est le rapport permanent au sport, et plus encore à la compétition. Même le reportage de UEJ y fait sans cesse référence, hors de laquelle, décidément, point de salut, point de jùdô et, en filigrane, point, même, de jùdôka. Il est vrai que, pour des raisons historiques, les japonais eux-mêmes ont, après-guerre, renoncé à toute interprétation autre que sportive du jùdô quand, du côté occidental, le sport occupe tout l'espace de l'activité physique. Ce sport, qui s'accommode si bien du paradigme capitaliste, et vice-versa : pratiquant le jùdô, nous ne nous arrachons donc pas aux dictats de la société contemporaine mondialisée. Pourtant, ce que le jùdô a à nous offrir est autre... Ogasawara Yasushi, s'interrogeant sur les bùdô, remarque :
"Pour les Japonais, plutôt que d'atteindre un but accessible, c'est, répétant inlassablement le procès vers un but difficile à approcher, le fait de polir qui importe, quand atteindre l'objectif n'est perçu que comme un simple point de passage".
Faire pour faire, sans autre but que de polir chaque fois un peu plus, un peu mieux, sa pierre, non pour qu'elle soit plus belle que celle du voisin, mais pour qu'elle s'ajuste parfaitement à l'édifice commun et y prenne sa place, à la fois indistincte et indispensable. Le jùdô en appelle à notre soif non de perfection mais de perfectionnement. Alors, le problème n'est pas qu'il soit rien, plus, moins qu'un sport, il s'agit de sortir l'idée de sport de l'équation et de penser le jùdô autrement qu'en référence à celui-ci : alors, nul besoin d'énoncé performatif quand un seul mot suffit : "le jùdô, c'est tout !".

https://hitoyume.over-blog.com/2018/08/moi.jigoro-kamo-179.html