Musculation |
JUDO : PROPOSITIONS POUR UNE MUSCULATION SPECIFIQUE F. LEPLANQUAIS,
Francis TRILLES
Laboratoire de Métallurgie Physique associé au C.N.R.S. (U.A.
131)
Faculté des Sciences 40 avenue du\recteur Pineau 86022 POITIERS
La performance (seika) sportive du judoka est réputée
éminemment multifactorielle. Toutefois, le combat de Judo demeure avant
tout un affrontement direct entre deux opposants dont la tenue particulière
(judogi) facilite la préhension réciproque et joue dans le sens
de la subordination des habiletés
techniques aux qualités physiques. Ainsi dit-on parfois que tel
judoka n'a pu s'exprimer tant il subissait la domination physique de son adversaire.
Cependant, l'expérience nous montre aussi que celui des deux combattants
qui est le plus performant dans les exercices de musculation générale
n'est pas toujours le plus efficace en combat.
Le problème essentiel rencontré ici est celui de la place de
la musculation en tant que moyen mis en œuvre pour optimaliser les qualités
physiques d'un athlète afin de les mettre au service d'une habileté
motrice - dans la préparation visant une performance (seika) sportive
maximale, la notion de musculation est utilisée dans l'acception proposée
par Duchateau (1992) "d'entraînement de la force spécifique
en sport". La question centrale que nous abordons est :
Comment améliorer l'efficacité des actionneurs tout en affinant
le pilotage musculaire ?
A notre sens, le problème essentiel de la spécificité
du perfectionnement
musculaire du jùdôka
est renfermé dans cette question. Nous proposons deux corollaires pour
opérationnaliser la question générale :
1- Quel matériel utiliser pour atteindre ce type d'objectif ? Nous
proposons dans le cadre de la réponse a cette question une méthodologie
d'entraînement fondée sur la musculation à l'aide d'un
mannequin spécifique élaboré par H. Mayeur en 1992 et
mis au point par notre équipe à la demande de la F.F.J.D.A..
2- Quels moyens mettre en œuvre pour évaluer l'action du judoka ?
Nous partons de l'hypothèse qu'il est fondamental de fonder notre observation,
ici comme en pratique quotidienne, sur les résultats de l'action. En
effet, l'enseignant de Judo a, pendant très (trop ?) longtemps observé
le geste de Tori lors des Uchi komi et Nage komi notamment, comme si le Judo
était une activité d'expression. De notre point de vue, il faudrait
que le judoka, ainsi que l'entraîneur, centrent leur attention sur les
transformations observables au cours de l'action au sein du couple de combattants
en interaction (Albertini, 1983, 1984). Dans le cas de l'entraînement
sur le mannequin Mayeur, des masses sont mobilisées en pratiquant des
techniques de judo vers l'avant (morote seoi nage par exemple) ou vers l'arrière
(O soto gari par exemple).
Dès lors, à laide de l'enregistrement au magnétoscope
et d'une analyse d'images, nous évaluons l'aptitude spécifique
de chaque combattant à mobiliser des masses en pratiquant une technique
de judo et non plus seulement en effectuant un geste haltérophile très
éloigné de notre activité. Nous pouvons ainsi, pour un
même judoka, comparer ses prestations pour des masses différentes,
pour des projections différentes, à celles consécutives
à un entraînement : pour deux judokas, comparer les styles (ou
bien entre un néophyte et un expert).
Soulignons enfin que cette méthode de travail apparaît très
prometteuse dans le sens de "lever les inhibitions" du combattant.
Consécutivement à un cycle de trois mois d'entraînement
adapté sur le mannequin Mayeur en alternance avec des Nage komi, nous
avons pu observer une amélioration sensible chez le judoka de sa détermination
en compétition.
Haltère |
Appareil Multi-fonction |
Porte poids |
Banc incliné |
Developpé couché |
Lors d’un combat en compétition, l’activité du judoka est caractérisée par une succession d’efforts statiques et dynamiques (DONZEL J. 1979). La durée effective d’un combat de judo est de 5 minutes pour une durée totale de 7 à 8 minutes. Les phases de travail ininterrompues n’excèdent pas 1 minute (RAMBIER R,1991).
Le judoka effectue chaque attaque en apnée ; il existe donc souvent des phases de résistance (DONZEL J. 1979). Au niveau physiologique il est d’ailleurs déclaré que lors d’un randori du judo, l’effort, qui se caractérise par un métabolisme aérobie dominant, sollicite aussi largement les processus anaérobies lactiques (RAMBIER R,1991).
On retrouve, dans le judo, différentes phases de travail caractéristiques de cette activité dite multifactorielle :
Des phases de travail debout caractérisées par un effort isométrique au niveau du train supérieur (utilisation de la force statique) et travail dynamique voire explosif au niveau du train inférieur (utilisation de la force stato-dynamique et dynamique).
Des phases de travail au sol où l’effort est surtout isométrique (utilisation de la force pseudo-dynamique maximale) pour permettre le contrôle de son adversaire (LEPLANQUAIS F. et al, 1995).
La courbe bleue représente l’évolution de la fréquence cardiaque du sujet pendant le test.
La courbe binaire noire correspond aux périodes de repos et aux périodes de combat réel. Notons que les périodes de combat réel débute lorsque les deux judokas se sont saisis le judogi.
La courbe binaire rouge reprend les phases de travail debout et les phases de travail au sol.
Enfin la courbe verte représente la courbe de tendance la plus représentative de la fréquence cardiaque.
Sur le graphique chaque relevé de fréquence cardiaque par le cardiofréquencemêtre est représenté par un un petit trait vertical.
CASTARLENAS (1997) |
RAMBIER (1991) |
FAVRE-JUVIN (1889) |
||||||||
Valeur Min relevée sur un combat |
Valeur Max. relevée sur un combat |
Moy.*Min. relevée sur un combat |
Moy.* Max. relevée sur un combat |
Moy. Gal** |
Valeur Min. relevée sur un combat |
Valeur Max. relevée sur un combat |
Moy.Gal** |
|||
En minutes et secondes |
||||||||||
Durée du combat |
06:50 |
07:58 |
07:06 |
7 à 8 min |
||||||
Durée de pause |
02:15 |
03:23 |
02:43 |
00:03 |
05:34 |
01:41 |
||||
Durée effective de combat (contact) |
04:03 |
04:44 |
04:24 |
00:05 |
05:00 |
02:52 |
||||
sol |
01:21 |
02:16 |
01:33 |
00:04 |
01:29 |
00:54 |
||||
debout |
02:19 |
03:23 |
02:51 |
00:04 |
04:21 |
02:05 |
||||
durée des séquences debout |
00 :04 |
00 :42 |
8,29 sec |
15,25 sec |
11,90’’ |
00:04 |
01 :16 |
00 :17 |
||
durée des séquences au sol |
00 :02 |
00 :53 |
8,10 sec |
17 sec |
11,28’’ |
00 :01 |
01 :34 |
00 :18 |
||
durée des séquences de pause |
00 :04 |
00 :59 |
9,06 sec |
15,15 sec |
12,10’’ |
1,5 sec |
00 :27 |
12,42 sec |
entre10 et 20 sec |
|
durée des séquences |
00 :04 |
01 :10 |
14,29 sec |
25 sec |
19,59’’ |
00 :05 |
01 :16 |
00 :18 |
< 1 min |
entre 20 et 40 sec |
nombre de séquences debout |
11 |
19 |
14,50 |
1 |
19 |
8,22 |
||||
nombre de séquences au sol |
6 |
11 |
8,38 |
0 |
11 |
2,98 |
||||
nombre de séquences de pause |
10 |
18 |
13,50 |
|||||||
En battements par minute |
||||||||||
Fréquence cardiaque max. |
189,00 |
221,00 |
197 |
195 |
||||||
Fréquence cardiaque min de récupération |
169,00 |
186,00 |
175 |
|||||||
Fc max. - Fc min de récupération |
13,00 |
51,00 |
22 |
|||||||
Fréquence cardiaque moyenne |
178 |
191 |
184 |
180 |
* Ces moyennes sont relevées sur un combat et représentent la valeur moyenne obtenue en additionnant les données relevées dans un combat et en divisant par le nombre de séquence correspondant à ces données.
** La moyenne générale est la valeur moyenne obtenue en additionnant les données de tous les combats et en divisant par le nombre de combats.
Nous constatons, en comparant les données relevées lors des shiaï à celle des valeurs bibliographiques qu’il existe une différence certaine sur les durées moyennes des séquences ; ceci semble s’expliquer par la possibilité, en compétition, de finir le combat avant la limite du temps effectif.
Remarques sur l’étude des courbes
Chez les sujets entraînés chaque action forte se caractérise par une augmentation importante de la fréquence cardiaque suivie d'une chute brutale. Ce phénomène se traduit sur le graphique par un pic bien distinct.
On constate que l'équation de cette courbe est différente selon la quantité d'entraînement des sujets.
http://www.jorrescam.fr/jorrescam/CONGRES/APAMBPHY/BERTON/BERTON.HTM
Judo :
la préparation physique
Son statut de sport olympique, avec l’importance symbolique que
ce statut revêt aux yeux des pays représentés, a
particulièrement sensibilisé le Judo à la préparation
physique de ses champions, et ce de manière précoce au
regard de la plupart des autres arts martiaux. Même si les affrontements, en compétition, durent quatre minutes pour les hommes et pour les femmes (ce qui est relativement court), l’effort en explosivité et le stress généré demandent un entraînement cardio. De plus, si à la fin du temps imparti les combattants sont à égalité, ils doivent disputer un "golden score". Il s’agit d’une prolongation du combat sans limite de temps, jusqu’à ce que l’un des deux combattants marque un point, ou écope d’une pénalité ("Shido"). Effort cardio-vasculaire important en combat Le cardio est donc une composante importante pour le judo. En préparation
physique, il s’agit d’augmenter son endurance fondamentale,
mais également sa résistance par le biais de circuit-trainings
à haute intensité de type HIIT. Bien entendu, l’étymologie de la discipline revendiquant
la souplesse comme fondation, il sera utile aux pratiquants de s’exercer
à divers mouvements de gymnastique (le créateur du Judo
s’en étant du reste fortement inspiré). Ceci étant,
la pratique sportive olympique a montré la nécessité
de la force et de la puissance qui, souvent, préparent ou terminent
les phases de souplesse. Il n’y a qu’à voir sous les judogi les torses solidement musclés (nus pour les hommes et sous un tee-shirt pour les femmes), pour comprendre l’attention accordée par les judokas à une musculature hypertrophiée, dans cette « voie de la souplesse ». Des entraînements classiques destinés à prendre de la masse seront donc également prisés en « hors-saison ». Explosivité en judo L’explosivité (c’est-à-dire la capacité d’accélérer sur un mouvement donné) reste essentielle pour un sport où la projection tient une grande part dans la victoire. Des exercices aux élastiques ou aux kettlebells, basés sur les quelques principaux gestes qu’on retrouve en compétition, et qui permettent l’accélération en phase concentrique ainsi que l’enregistrement par le cerveau de la vitesse de retour (si on ne résiste pas lors de la phase excentrique), autrement dit un travail en pliométrie, feront partie également de la préparation physique du judoka. https://www.toutelanutrition.com/wikifit/sports-de-combat/judo/judo-la-preparation-physique |