Prendre de haut |
Elle repose sur une métaphore spatiale :
haut = supériorité, domination.
Prendre de haut c'est se situer sur une position d’autorité ou
de prétendue supériorité morale, sociale ou intellectuelle.
En français, beaucoup d’expressions opposent le haut et le bas
pour symboliser le pouvoir, le prestige ou au contraire l’humilité
(ex. : un haut dignitaire, regarder de haut, tomber bien bas).
Prendre quelqu'un de haut c'est adopter une attitude méprisante, hautaine/arrogante ou condescendante dans la communication verbale ou non-verbale vis-à-vis de quelqu’un.
Le mépris ou dédain
c'est placer quelqu'un en dessous de soi (je rabaisse l'autre)
Une attitude hautain ou arrogante c'est se placer au-dessus
vis à vis de l'autre. L’arrogance consiste à infantiliser
l’autre. (je me hisse au dessus de l'autre)
Arrogance du latin arrogantia (présomption), de arrogare (s’attribuer).
C'est l'attitude de quelqu’un qui affiche avec ostentation un sentiment
exagéré de sa propre valeur.
Elle est centrée sur soi : Je suis supérieur
», Moi, je ne me trompe jamais, la personne qui se vante sans cesse
de ses réussites.
La condescendance c'est donner l'impression
de descendre au nivau de l'autre pour souligner qu'on se place de fait plus
haut (je me penche en avant pour montrer à quel point il faut que je
me plis)
Condescendance du latin condescendere (descendre avec). C'est l'attitude d’une
personne qui se met volontairement au niveau d’une autre, mais en laissant
sentir sa supériorité.
C'est un relationnel où on feint la bienveillance tout en maintenant
une hiérarchie.
Terme |
Centré sur… |
Mécanisme |
Exemple typique |
Mépris et dédain | Attitude / ton | Manière de parler ou d’agir avec mépris | « Tu ne peux pas comprendre, laisse. » |
Arrogance | Soi | Surestimation de sa valeur, orgueil affiché | « Moi, je suis le meilleur ici. » |
Condescendance | Autrui | Faux abaissement bienveillant qui révèle la supériorité | « C’est bien pour un débutant. » |
Tableau : Les différentes façons de « prendre de haut »
Type d’attitude |
Exemple de phrase |
Effet sur l’autre |
Mépris direct | « Tu n’as vraiment rien compris ? » | Rabaisse l’autre, le fait passer pour incompétent. |
Regard hautain / toiser | (soupir, ton sec) « Bon, je vais t’expliquer… encore une fois. » | Montre de l’impatience et une position de supériorité. |
Compliment condescendant | « Oh, tu as réussi ? C’est bien… pour ton niveau. » | Valorise en surface mais rabaisse par sous-entendu. |
Arrogance déguisée | « Moi aussi, je faisais ces erreurs quand j’étais débutant. » | Positionne l’autre « en bas » d’une hiérarchie implicite. |
Politesse hypocrite (fausse bienveillance) | « C’est très… original ce que tu fais. » | Semble positif, mais sonne comme une ironie méprisante. |
Infantilisation | « C’est mignon, tu crois vraiment que ça marche comme ça ? » | Traite l’autre comme un enfant, réduit sa crédibilité. |
Ironie / sarcasme | « Bravo ! Tu as enfin trouvé comment allumer l’ordinateur ! » | Humilie sous forme de « félicitation » ironique. |
Supériorité intellectuelle | « Ton idée est intéressante… pour quelqu’un qui n’a pas étudié le sujet. » | Crée une hiérarchie de savoir qui rabaisse l’autre. |
Points communs :
Dans tous les cas :
L’orateur s’élève au-dessus de l’autre.
L’autre est perçu comme moins intelligent, moins compétent
ou moins digne.
Le ton peut être brutal (mépris direct) ou subtil (compliment
biaisé, politesse hypocrite).
Maladresses :
Un supérieur hiérarchique dit à son employé :
Je suis agréablement surpris, je ne pensais pas que tu pouvais réussir
ce projet.
Ici, ça rabaisse, car ça dévoile un a priori négatif.
Le problème est le lien hierarchique qui amène à prendre
ses paroles pour de la condescendance.
Expressions ambiguës (compliment sincère ou prise de haut)
Expression |
Usage sincère |
Usage condescendant (prendre de haut) |
« Je suis agréablement surpris. » | Véritable joie d’un résultat inattendu (« C’est mieux que prévu, bravo ! »). | Sous-entend qu’on n’attendait rien de la personne. |
« Pas mal du tout. » | Louange sobre (« C’est bien fait ! »). | Sous-entend « je pensais que ce serait mauvais ». |
« Finalement, tu t’en sors bien. » | Reconnaissance du progrès. | Suppose qu’on pensait à l’échec dès le départ. |
« Tu t’améliores. » | Encouragement à progresser. | Implication que le niveau d’avant était très bas. |
« C’est mieux que ce que j’imaginais. » | Félicitations honnêtes. | Révèle qu’on avait une mauvaise image initiale. |
« Ah, tu connais ça toi ? » | Surprise amicale. | Suppose que l’autre n’a pas les capacités d’en savoir autant. |
« Pour une première fois, c’est réussi ! » | Encourage quelqu’un qui débute. | Peut sonner comme « on ne s’attendait pas à grand-chose ». |
« Tu n’es pas si mal que ça. » | Tentative maladroite de compliment. | Double négation qui rabaisse plus qu’elle ne valorise. |
« Tu es courageux(se) d’avoir essayé. » | Reconnaît l’effort. | Sous-entend que l’effort ne suffisait pas au résultat. |
Liste d’expressions de condescendance non ambiguës
Expression |
Sens implicite |
« Laisse, tu ne peux pas comprendre. » | L’autre est jugé incapable, intellectuellement inférieur. |
« C’est trop compliqué pour toi. » | On nie la capacité de l’autre à suivre. |
« Je vais simplifier, parce que là tu n’y arriveras pas. » | Suppose que l’autre est limité. |
« Tu ne connais pas ça ? Tout le monde le sait ! » | Humilie en pointant une ignorance. |
« C’est bien, tu as fait un effort. » | Infantilise en valorisant le minimum. |
« Ce n’est pas de ta faute, tu débutes. » | Rabaisse en justifiant l’incompétence supposée. |
« Ah, c’est mignon ce que tu fais. » | Réduit le travail ou les propos à quelque chose d’enfantin, sans valeur. |
« Je vais te montrer comment il faut faire. » (dit sur un ton sec) | Suppose que l’autre est incompétent et incapable d’apprendre seul. |
« Ce n’est pas grave, tu n’as pas les capacités pour ça. » | Infantilise et rabaisse, tout en étant faussement rassurant. |
« Je ne m’attendais pas à mieux venant de toi. » | Déprécie directement la personne. |
Caractéristiques communes
Ces expressions sont directement hiérarchiques : elles posent un rapport
« supérieur ? inférieur ».
Elles sont souvent liées à :
l’intellect (supposer que l’autre ne comprend pas),
les compétences (rabaisser un travail ou un effort),
l’âge / l’expérience (infantilisation).
Ici, pas d’ambiguïté : même si elles sont dites avec un sourire, ces formules blessent inévitablement parce qu’elles nient la valeur de l’autre.
Expressions de condescendance subtiles / déguisées
Expression |
Pourquoi c’est condescendant |
« C’est intéressant, ce que tu dis… » (mais sans suite, ton neutre ou sec) | En surface : écoute polie. En réalité : signifie « ce n’est pas sérieux / pertinent ». |
« Vous avez beaucoup de mérite d’avoir essayé. » | Sous-entend que l’effort est louable mais le résultat médiocre. |
« C’est original… » | Politesse creuse : souvent signifie « bizarre, raté, pas à mon goût ». |
« Pour votre âge, c’est très bien. » | Fausse valorisation qui rabaisse par comparaison implicite. |
« Vous avez votre manière de voir les choses. » | Formule apparemment neutre, mais signifie souvent « votre avis n’a pas de valeur ». |
« C’est un bon début. » | Laisse entendre que le travail est encore loin d’être suffisant. |
« Vous êtes courageux(se) d’avoir osé. » | Fausse reconnaissance : sous-entend que l’action est mal faite mais qu’au moins la personne a essayé. |
« Ah, c’est… pas mal du tout. » | L’hésitation (« ah… », « pas mal ») gomme la sincérité du compliment. |
« Vous avez progressé ! » (dit avec surprise) | Sous-entend que le niveau était très bas auparavant. |
« Vous êtes sûr(e) que vous voulez dire ça ? » | Formule polie, mais qui discrédite le propos. |
Caractéristiques de ces formules
Tonalité : très polies ou neutres, parfois accompagnées
d’un sourire.
Sous-texte : rabaisser subtilement sans avoir l’air grossier.
Effet : déstabiliser, diminuer la valeur du travail ou de la personne
sans attaque frontale.
Ces expressions sont souvent plus violentes que les insultes directes, car elles créent un décalage entre la politesse apparente et le mépris implicite
Test d’auto-diagnostic
Question 1 : Quelle est l’intention ? (qu'est-ce que
j'ai voulu faire)
Si tu veux montrer ta supériorité subtilement en faisant semblant
de valoriser l’autre ? condescendance.
Si tu n’as aucune intention de polir ton mépris et tu t’adresses
directement avec hauteur ? prendre de haut.
Question 2 : Quelle forme prend mon discours ? (qu'est ce
que j'ai fait)
Condenscendance :
Compliment biaisé (« pas mal pour ton niveau »).
Politesse qui sonne fausse (« c’est intéressant…
»).
Encouragement infantilisant (« continue, tu progresseras peut-être
»).
Prendre de haut :
Ordres secs (« laisse, tu ne peux pas comprendre »).
Dévalorisation directe (« c’est nul »).
Soupirs, ton hautain, attitude de mépris visible.
Question 3 : Quel effet sur il y a -t-il sur l’autre ?
(quelles sont les conséquences)
Condescendance : l’autre peut-il rester dans le doute ? « était-ce
un vrai compliment ou une pique ? ».
Prendre de haut : l’autre n’a-t-il aucun doute ? il se sent rabaissé
immédiatement.
Pourquoi ce comportement ?
- parrancune
- par maladresse
- par manque d'empathie
- par sentiment d'impunité
- par besoin de renforcement narcissique
- par reproduction d'un traitement déjà subi
- par moyen d'évacuer sa tension liée sa frustration ou sa colère
- par manque d'objectivation de l'autre (comportement non-professionnel)
Quelle attitude adopter ?
- Prendre l'autre comme un sujet et l'humilier pour le ramener à l'humilité
(étiquement discutable et très risqué sans avoir le pouvoir
(physique ou hierarchique au préalable) j'essaie de résonner
l'autre en tapant dessus
- Prendre l'autre comme un sujet, subir ce comportement et réagir en
combat (colère ou agression physique) ou fuite (partir du poste, faire
une depression, se suicider) je m'énerve contre l'autre où
je m'écarte de lui
- Prendre l'autre comme sujet ou objet pour lui expliquer son ressenti de
manière neutre pour le convaincre car on a confiance en la capacité
d'écoute et de remise en question du persécuteur (étiquement
bon mais risqué si la confiance en l'autre n'est pas confirmé
par les faits par la suite, je répare l'autre ou la machine)
- Prendre l'autre comme un objet et considérer l'autre comme ayant
un problème psychologique incurable qu'il faut considérer d'une
point de vue purement pragmatique (tu peux parler, si ça ne se traduit
pas par une dégradation concrète ça ne ma touche pas,
je contourne la machine)
Le contraire de cette attitude :
Traiter quelqu’un d’égal à égal,
Être respectueux ou modeste dans l’échange.