Relation Maître-disciple |
Sensei/Shishô :
Le terme de Sensei (professeur-docteur)
est avant tout un titre et pas une relation maître-élève.
Le terme shishô (maître) est plus proche de ce qui est la réalité
de l'enseignement en jùdô.
Shisho : le maître
Le mot est une combinaison de shi (« professeur », « enseignant
»), et sho (« homme de l'art ») ; de même parlant d'un
maître en tant que modèle à suivre : shihan. Shisho est
plus qu'un simple maître d'apprentissage d'une discipline, il est un maître
de la voie. Le shishô n’a comme objectif que de maintenir la transmission
de valeurs sans lesquelles la vie n'a aucun intérêt.
La relaion sensei-deshi :
En effet, dans la relation élève-professeur, le plus souvent c’est
le professeur qui fait acte de « candidature » (par tout type
de « communication » interposée) afin de proposer un enseignement
dont le contenu est bien défini le (jùdô).
Tellement défini, que la contrepartie en est nettement annoncée,
fixée et identique pour tous (la cotisation).
L'élève lui est un consommateur de prestations, et à ce
titre il pourra même la juger et éventuellement la contester. Comme
la contrepartie est fixée (la cotisation),
l’élève estime qu'il remplit le contrat dès le moment
où il la règle.
Cette relation est totalement « équilibrée » à
partir du moment où chacun est parfaitement conscient du rôle qui
lui revient.
Contrairement à la relation élève-professeur (deshi-sensei) la relation deshi-shishô ne se construit pas unilatéralement.
Le Deshi : le disciple
Être un Deshi dans le Budô c’est d’abord être
dans un état permanent d’attention envers les autres.
Cette voie qui conduit à devenir « Samuraï », est toujours
vivante bien que ce terme puisse paraître quelque peu anachronique quand
on le prend dans son sens guerrier. Mais en fait ce terme signifie dans la forme
la plus humble de la langue japonaise : « être à
coté d’une personne de rang plus élevé, prêt
à servir, et dans l’attente du moment pour intervenir »
et rien de plus. Mais pour bien servir il faut s'améliorer sans cesse
pour donner toujours plus sans rien espérer en retour. C'est cette attitude,
qui va conduire le Deshi dans la voie d'un comportement qui se veut exemplaire,
et qui passe d'abord par le respect du « Rei Gi » envers le Shishô,
envers ses Sempaï, envers les autres Deshi, et puis envers toutes les personnes
rencontrées au fil de sa vie. Ceci afin de porter haut les couleurs du
groupe auquel on appartient, et pour remercier ceux qui consacrent leur temps
et leur énergie au maintien de ces traditions.
Toutes les règles à respecter ne sont pas écrites car l’attitude
dont on parle est celle du cœur et doit être adoptée sans obligation,
et sans contrainte imposée.
Il est donc inutile, de dresser une liste de ce qu’on attend d’un
Deshi car cela serait nécessairement réducteur dans un comportement
qui se veut en constant progrès, sans limite et adapté aux situations
qui se présentent et qui sont toutes différentes.
L'important est l'attitude permanente à l'écoute des autres, l'exemple
des anciens et de son Shishô qui montre le chemin.
La relation deshi-sensei :
Se préparer à « la rencontre » peut prendre des années
mais c'est le seul moyen d'être dans l'état de comprendre que c'est
« lui ». Cela signifie être prêt à rencontrer
l'homme au-delà de la technique qui lui sert de support pour transmettre.
On ne peut jamais dissocier le Shishô et le Deshi, car ils ne sont rien
à l'un sans l'autre. Le Shishô et le Deshi ont une véritable
complicité, un rapport étroit ou le « Kokoro
» régit la relation au quotidien. Une fois le lien établi
rien ne pourra le défaire même le décès de l'un ou
l'autre, bien au contraire… À cet instant, le Deshi se doit d'adopter
une attitude de confiance aveugle envers son Shishô. Ce dernier adoptera
une attitude responsable en s'attachant à enseigner au Deshi tous les
comportements qui lui permettront de s'élever dans tous les compartiments
de sa vie dans le respect de cette confiance qui lui a été accordée.
Le Shishô adaptera son enseignement au Deshi afin de permettre à
celui-ci de s'épanouir de la meilleure façon qui soit. Grâce
à cela et à la progression du Deshi, le Shishô lui aussi
pourra s'élever dans sa propre recherche.
Le but du shisho : être dépassé par le deshi
Dans ces conditions le Deshi peut aspirer à dépasser le shishô pour le remercier de l'enseignement reçu. Le shishô doit sans cesse faire en sorte d'apporter à son Deshi les moyens de le dépasser un jour pour ainsi remercier ses anciens de la transmission reçue.
On est bien loin de la relation élève-professeur qui se traduit par une présence le plus souvent irrégulière à un ou deux cours par semaine dans un enseignement collectif ou comme je l'ai dit la « transmission » est impossible.
Senpai et kohai |
Dans la culture japonaise, le senpai est l'élève avancé et le kohai est le jeune élève. Le senpai a un rôle de tuteur auprès du kohai et de relais de l'enseignement du sensei, le professeur ; en retour, le kohai doit le respect au senpai. Deux élèves de même ancienneté, quant à eux, sont mutuellement dohai.
À l'école, senpai et kohai sont utilisés par les élèves de différentes années pour s'adresser ou en référer à l'autre.
Le couple senpai-kohai apparaît dans de nombreuses œuvres japonaises ou en rapport avec le Japon. Notamment, les shojo-ai et shonen-ai (bandes dessinées sentimentales) jouent souvent sur l'ambiguïté des sentiments avec le respect mutuel dû à la relation senpai-kohai.
Senpai et kohai dans les budo
Dans les bùdôs (arts martiaux), l'élève ancien est là pour guider le nouvel élève. La notion de senpai et de kohai dépend exclusivement de l'ancienneté de l'élève dans l'art, pas de l'âge ni du grade.
« Si l'esprit de gratitude d'un senpai envers un kohai s'exprime par cette seule pensée “Merci, de m'avoir permis de bien travailler aujourd'hui”, le kohai sera heureux. De même si le kohai remercie le senpai de son enseignement, celui-ci sera content. Il est grotesque d'avoir à dire “Respectez-moi car je suis votre senpai”. Le respect envers le senpai ne doit pas être provoqué, le kohai doit tout naturellement avoir envie de respecter le senpai. Le senpai, lui, prend soin du kohai car le kohai occupe la place qui est la sienne et mérite par là que l'on s'occupe de lui. »
Nobuyoshi Tamura