Origine du judo |
Jour anniversaire de Kano Jigoro : 10 décembre 1860
La Fédération internationale de jùdô a, depuis 2011, fait du 28 octobre la journée mondiale du judo. Pourquoi le 28 octobre ? Parce qu’il s’agirait du jour anniversaire de la naissance du fondateur, Kano Jigoro.
Nous disposons d’un document attestant du jour de naissance de Kano Jigoro. Il s’agit du choix de nom d’enfant (1) – les Japonais avaient en effet encore alors un nom d’enfant puis un nom d’adulte, une coutume qui n’allait pas tarder à disparaître -, Shin no suke (2) donné par son grand père paternel, Maretake (4). On peut y lire (3) le jour de naissance de l’enfant. Une lecture rapide donnerait effectivement le 28/10 de la première année de l’ère Man. Cette année correspondant globalement à l’année 1860 du calendrier grégorien, on pourrait en conclure que Kano est né le 28/10/1860.
Or, jusqu’en l’an 6 de Meiji (1873), les Japonais utilisent un calendrier luni-solaire hérité de la Chine. Suite à la Restauration de Meiji, le calendrier grégorien est adopté le 9e jour du onzième mois de l’an 5 de Meiji (1872). Ainsi, le 1er janvier 1873, qui aurait dû être le 3e jour du douzième mois de l’an 5 de Meiji devient-il le 1er janvier de l’an 6 de Meiji.
L’ère Man.en se situant en amont de cette réforme, il ne faut pas lire le 28/10 comme le 28 octobre mais comme le 28e jour du dixième mois. Et, pour obtenir la date en calendrier grégorien, d’appliquer le décalage dû au changement de calendrier.
Ainsi, comme chacun pourra le vérifier en utilisant cet outil par exemple, le 28e jour du dixième mois de l’ère Man.en correspond au 10 décembre 1860.
Aussi, s’il nous faut commémorer la date anniversaire de Kano Jigoro, devons-nous le faire le 10 décembre, et non le 28 octobre.
http://histoire-judo.fr/jour-anniversaire-de-kano-jigoro-10-decembre-1860/
Kano a créé le judo à 21 ans
À la suite de l’article précédent, il me faut dire un mot de l’âge de Kano Jigoro lors de la création du judo.
On peut lire différentes choses, qui vont de 21 à 23 ans. 21 ou 23 sont justes, mais pas 22.
Pourquoi ? Parce que 22 est un calcul rapide basé sur la soustraction :
1882 (année de création du judo) – 1860 (année de naissance de Kano) = 22 ans
Or, le Jùdô Kôdôkan a été créé en mai 1882, et Kano est né en décembre 1860. Lors de la création du judo, nous dirions aujourd’hui qu’il vient donc de fêter ses 21 ans en décembre 1881, et qu’il n’aura ses 22 ans qu’en décembre 1882, soit 7 mois après l’ouverture du Jùdô Kôdôkan.
Alors pourquoi « 23 ans » est-elle aussi une affirmation juste ?
Parce que jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Japonais comptaient les âges selon un système dit kazoedoshi. Dans ce système, le 0 n’existe pas. L’enfant, à sa naissance, a donc « 1 ». Or, le système d’anniversaire individuel n’existait pas : tout le monde prenait un « an » lors du changement d’année (une des appellations de la nuit de passage d’une année à l’autre est d’ailleurs toshitori, « prendre une année »). Donc, pour l’âge de Kano, il reçoit « 1 » (an) le 28e jour du 10e mois de l’an 1 de l’ère Man.en (10 décembre 1860) puis, 2 mois plus tard (lors du passage de l’an 1 à l’an 2 de l’ère Man.en – nous sommes toujours dans l’ancien calendrier, souvenez-vous !) , à nouveau « 1 ». Pour nous, aujourd’hui, ce serait un bébé de 2 mois mais, dans l’ancien système, il avait 2 « ans ». Donc, 2 ans lors du passage 1860 à 1861, cela donne bien 23 ans lors du passage de 1881 à 1882.
Aussi Kano avait-il bien 21 ans (selon notre système actuel d’anniversaires) ou 23 ans (selon l’ancienne façon japonaise de compter) lorsqu’il a créé le Jùdô Kôdôkan.
Alors, peut-être que plutôt que la photographie classiquement employée dans nos dojos d’un Kano septuagénaire sage et vénérable, en vêtements japonais, devrions-nous utiliser (ou du moins imaginer), un gamin de 21 ans, extrêmement intelligent et sûr de lui qui, sous des abords iconoclastes, a redonné, en le transformant, vie et souffle à un savoir sur le point de s’éteindre. Ce jeune homme-ci (photographie de 1881) :
Mais l’impact serait-il le même si cette photo remplaçait celle qui occupe notre esprit ? Et pourtant…