La bataille de garde

À l'origine, les judoka ne faisaient pas lacher la garde à deux mains mais avait des uwagis beaucoup moins ample. La mise en place d'un uwagi ample a amené les judokas à faire lacher la garde à deux mains. Désormais, il est interdit de faire lacher la garde de l'adversaire à deux mains. Dans le même temps, la réglementation de la taille des uwagis (les vestes de jùdôgis, les tenue de jùdô) n'a pas évolué. Il en découle une difficulté particulière à faire lacher la garde de l'adversaire le plus fort attendu que la saisie reste toujours aussi forte mais l'arrachage de garde est deux fois moins fort. Il faudrait donc soit :
- revenir en arrière au niveau des normes de l'uwagis et avoir des tenus moins ample
- revenir en arrière au niveau de la possibilité de faire lacher à deux mains.

Les changements actuels qui s’opèrent en compétition de haut niveau sont très inquiétants. On nous a éduqué à ne pas faire en compétition des choses qui nous fassent honte. Il s’agissait de ne pas ramasser une jambe, ou fixer la tête de nos adversaires, avec l’idée qu’on n’avait pas besoin de ça pour gagner et qu’une victoire de cette façon n’est pas satisfaisante. Au niveau international, on s’habitue à voir, à faire ces gestes. Les judogis sont à nouveau, de plus en plus difficile à utiliser. On fabrique des judogis de plus en plus épais et étroit au niveau du torse comme si on fabriquait des vestes impropres à la saisie, à la pratique du judo. On fait en sorte, par différents biais, que le judo pur s’exprime le moins possible. Le judo, c’est cet art spécifique qui passe par la saisie de la veste pour projeter. Avec des vestes impropres à la pratique, même ceux qui ne sont pas de cette culture sont poussés vers un judo de lutteur, avec des saisies directement sur le corps. Le jeu avec la toile qui habille l’adversaire c’est la science du judo, c’est ce qui fait de nous des jongleurs, des personnes qui se tiennent droits et cherchent l’espace, la liberté de mouvement. C’est la possibilité de vaincre des personnes plus fortes et plus grandes sans être obligé d’être soi-même très forts physiquement, c’est la perspective de travailler sans risque pendant des années en club dans une recherche d’approfondissement technique passionnante. C’est ce qui fait du judo une discipline universelle. Alors modifier le judogi, les règles de compétition à ce point, c’est une façon de tuer le judo."

Hiroshi Katanishi - Esprit du Judo n°13 - février 2008