Place du jùdô et du ju-jutsu brésilien |
Quelles sont les différences entre jùdô et jù-jutsu brésilien ?
Le jùdô est le cinquième sport le plus pratiqué par les français en club. Autant dire qu’en terme d’image générale, les français voient bien ce que c’est. Le jù-jutsu brésilien lui est beaucoup moins connu du grand public. Souvent, quand on cherche à définir l’un par rapport à l’autre, on dit souvent que le jù-jutsu brésilien, c’est comme du jùdô mais spécialisé dans le sol. Dans les grandes lignes pourquoi pas mais c’est un peu réducteur. Dans cet article, nous allons voir les différence mais aussi les points communs entre les deux.
Introduction
Le jùdô est un Bùdô d’origine japonaise, crée à la fin du 19e siècle par Jigorô Kanô, un pédagogue, érudit et politicien japonais. En tant que Bùdô, le jùdô est avant tout une méthode de développement physique et mental, devant servir à la fois à faire de meilleurs citoyens pour le Japon et promouvoir la culture japonaise dans le monde. L’idée géniale du jùdô de Jigorô Kanô est la simplification du système martial et le randori. En effet, il a limité le répertoire technique du jùdô aux techniques les moins dangereuses. En échange, il a mis en place le système du randori qui permet de travailler ces techniques contre un adversaire non complaisant dans un esprit d’expérimentation. Il a ainsi pu formé au final des combattants redoutables qui ont dominé les écoles de jù-jutsu de l’époque, asseyant le jùdô comme art martial à part entière.
Le jù-jutsu brésilien est un art martial crée et popularisé aux alentours des années 1920 au Brésil par la famille Gracie. Son origine est un jùdôka et jù-jutsuka japonais, Esae Mitsuo Maeda, qui s’est établi au Brésil après avoir fait une carrière de lutteur professionnel. Sa réputation de combattant était forte puisqu’il défiait boxers et lutteurs sur le continent américain. De façon sporadique, il donnait des cours de jùdô mais très teinté par son expérience de combattant de duel à la fratrie Gracie. Il a donc rajouté des techniques de jù-jutsu et des spécificités liées au combat au répertoire du jùdô et l’enseigna sous le terme de jù-jutsu. N’étant pas souvent là, les Gracie ont progressé en s’entraînant surtout entre eux. Là encore, l’apport fondamental a été le randori. Fidèles à la tradition des duels, ils ont ensuite eux mêmes défiés les combattants brésiliens en asseyant la réputation de leur jù-jutsu brésilien.
Les points communs entre jùdô et jù-jutsu brésilien
Tout d’abord, il est important de noter que les deux disciplines descendent des anciennes écoles regroupées aujourd'hui sous le nom de jù-jutsu. Dans les deux cas, ils ont retiré, ou du moins clairement allégé, l’enseignement des frappes. Encore une fois, le but étant de pouvoir pratiquer à pleine puissance sans risquer la blessure à chaque entraînement. Ces deux disciplines ont donc focalisé leur répertoire technique sur :
- les techniques de soumission : étranglements ou clés articulaires
permettant de laisser la chance à l’adversaire d’abandonner
le combat sans blessures
- les techniques de projections ou de balayages
- le combat au sol
La logique globale de ces deux disciplines est la même : faire en sorte de prendre sur l’adversaire un avantage positionnel. Cet avantage permet de développer une plus grande puissance et une grande latitude stratégique tout en diminuant celle de l’adversaire. Ainsi, cela permet de projeter ou de soumettre facilement l’autre.
Une autre originalité commune est que dans l’esprit, on cherche l’abandon de l’adversaire et non pas sa destruction. Jigorô Kanô disait : “vaincre sans convaincre n’est rien”. En effet, si la victoire n’est pas acceptée par l’autre, la rancœur restera et un nouveau combat aura lieu. L’abandon ou une projection maîtrisée est le meilleur moyen de mettre cela en application.
Ces deux disciplines ont également une dimension sportive majeure, la pratique du randori dérivant facilement sur la compétition (qui n’est pas le sens premier du randori).
Enfin, les deux se pratiquent en gi, bien qu’il y ait des particularités esthétiques propre au jù-jutsu brésilien et des spécificités techniques, liées aux règles spécifiques des compétitions dans ces deux disciplines.
Les particularités du jùdô
Le jùdô a été conçu dans un but éducatif. La compétition n’a jamais été sa finalité dans l’esprit de Jigorô Kanô. Néanmoins, il est devenu un sport Olympique. C’est une véritable méthode structurée, avec un répertoire technique clair et une progression bien définie.
Le jùdô est enseigné avec trois grandes approches. L’étude technique, la répétition technique et le randori. L’étude technique comprend des katas. Les katas sont des suites techniques permettant de classer les différentes prises du répertoire. Chaque technique des katas se travaille dans son cadre d’application. Ceci permet de bien comprendre le pourquoi de la technique et son installation pour pouvoir la placer. On étudie donc à chaque fois le positionnement, le déséquilibre et le timing. La répétition technique est l’étude d’une technique en particulier que l’on va répéter et travailler spécifiquement. On multiplie les répétitions de la technique dans son entier ou certaines étapes seulement. Enfin, le randori permet de mettre la technique en application sur un adversaire non complaisant mais qui ne bloque pas le combat.
Cette structuration de la discipline permet d’avoir une uniformisation parmi les pratiquants du savoir-faire technique. Le travail des katas permet également de construire une forme de corps et une utilisation corporelle à priori commune à tout les pratiquants. Enfin la forte présence de l’étiquette permet de bien structurer le cours et la dynamique sociale.
Les particularités du jù-jutsu brésilien
Le jù-jutsu brésilien est très différent dans l’esprit du jùdô. À l’image de la culture d’où il vient, il est beaucoup moins austère. Il est également beaucoup moins structuré.
Il n’y a que peu d’étiquette dans les cours de jù-jutsu brésilien, à part le salut de début de cours, cours dans lesquels il n’est pas rare que les gens aillent et viennent sans que cela ne pose de soucis particulier. De la même manière, que ce soit l’échauffement, la partie de travail technique ou le combat, les pratiquants peuvent les faire, ne pas les faire, faire autre chose sans que ce la ne soit choquant.
L’enseignement est assez peu vertical finalement. En effet, le gros du cours, c’est du combat ou du randori. Plus du combat quand même. On apprend en combattant et avec le partenaire qui peut donner des indications techniques. Le professeur se contentant de corriger au fur et à mesure quand il ne combat pas et de donner un contexte technique du cours. Combattre avec le professeur est le meilleur moyen de progresser en fait.
En terme de catalogue technique, il est très évolutif avec de véritables modes en fonction des champions qui passent. Rubber Guard, Deep Half guard, Brabo/anaconda choke, lapel guard, toutes ces évolutions ont donné lieu à des combattants spécialisés dans les ouvertures ou les constructions menant à cela. Ceci conduit à une énorme hétérogénéité entre les pratiquants, leur forme de corps, leur stratégie de combat et ceci parfois même au sein d’une même école… Chacun choisira en fait le style qui lui conviendra.
Certains courants comme celui de Rickson Gracie ou de la Gracie academy cherchent à définir un programme technique précis. Néanmoins, aujourd’hui, ils sont minoritaires.
La grosse différence entre le jùdô et le jù-jutsu brésilien : l’approche stratégique
La différence majeure entre le jùdô et le jù-jutsu brésilien réside dans la logique stratégique. Le jùdô cherche à finir le combat en faisant tomber l’adversaire au sol, le jù-jutsu brésilien cherche à faire tomber l’adversaire pour commencer le combat au sol. Ainsi, pour gagner en jùdô, le plus simple est de projetter son adversaire et le faire tomber sur le dos. Les règles font que le combat dure très peu de temps au sol donc finaliser l’adversaire est une question d’opportunité qui se présente. En jù-jutsu brésilien, on cherche à amener le combat au sol et faire en sorte de mettre l’adversaire dans une position où il ne pourra pas défendre une soumission.
Quelle est la logique de ces deux approches ? Le jùdô est une discipline a valeur éducative avant tout. Le contexte de combat, emprunté au jù-jutsu japonais n’est qu’une excuse pour développer le pratiquant. En d’autres termes, l’adaptation a du combat réel n’est pas la priorité de la discipline. De plus, la supériorité technique des jùdôkas dans leur capacité à projeter leur a permis de dominer les autres écoles debout qui pour la plupart ne combattaient pas au sol non plus.
À l’inverse, le jù-jutsu brésilien a été conçu dans le duel. Or, dans ces duels, l’observation est que la plupart du temps, ils finissent au sol, soit par le déséquilibre, soit par une frappe. De plus, le combat debout lorsqu’on intègre les frappes est relativement aléatoire. Le parti pris a donc été d’amener le combat au sol, la où la plupart des gens sont mal à l’aise et de développer une expertise pour finaliser. Voilà pourquoi l’accent est mis sur le sol en jù-jutsu brésilien. Ceci a permis longtemps au pratiquant de jù-jutsu brésilien de combattre en Vale Tudo sans se préoccuper de leur lutte ou de leur boxe.
Les règles de compétitions actuelles se sont construites sur cette logique puis ont crée une spécialisation encore plus importante.
Conclusion : jùdô au jù-jutsu
Si l’on exclue les problématiques politiques, les deux sont des disciplines extrêmement intéressantes. De plus, elles sont complémentaires puisque l’une s’arrête là où l’autre commence. Le gros avantage pour une pratique loisir du jù-jutsu brésilien est le risque de blessure très faible. On peut combattre vraiment longtemps à haute intensité sur une session en risquant assez peu de se blesser en jù-jutsu brésilien pour peu d’être avec des partenaires attentifs. À l’inverse, le jùdô est plus spectaculaire mais plus risqué.
Pour ceux qui aiment la compétition, l’avantage va plutôt au jùdô. En effet, il propose de nombreuses compétitions gratuites avec des tableaux bien remplis. En jù-jutsu brésilien, les compétitions sont souvent assez chères et parfois, il n’y a pas d’adversaire dans votre tableau. De même, en jùdô, il y a souvent des phases de poules garantissant de faire plusieurs combat dans une compétition. En jù-jutsu brésilien, les compétitions sont à éliminations directes. Du coup, parfois, le pratiquant peut faire 4 h de route pour un combat de 15 secondes…
En terme de combat réel, en ce qui me concerne, aucun des deux n’est fait pour ça. Toutefois, les deux développent des capacités intéressantes pour la self-défense pure. Là non plus donc, pas de préférences. Tout ça pour dire que tout dépend de vos envies de pratique en fait.
Étiquette en jù-jutsu, le salut de fin : serrez la main de l'enseignant à la fin du cours
Après le salut de fin de cours, les élèves font la queue pour aller serrer la main (voir l'embrasser) de l'enseignant et se placer derrière lui pour serrer la main (voir embrasser) des autres élèves. C’est le moment où l’on remercie notre professeur pour ce qu’il nous a enseigné et nos partenaires pour s’être entraînés avec nous.
C’est le moment où l’on remercie notre professeur pour ce qu’il nous a enseigné et nos partenaires pour s’être entraînés avec nous.
Voir aussi :
https://www.espritjjb.com/12-regles-de-savoir-vivre-dans-un-club-de-jjb