Le Ippon

C’est un terme neutre et pédagogique venant d'un numéral composé de la contraction de ichi (un(e)) et hon/pon (une barre ou un bâton, un manche (compteur spécifique pour les objets longs, mince et cylindriques comme un bâton, un crayon, une bouteille, etc.)).
Littéralement : un bâton
ippon : un bâton
nihon : deux bâtons
3 = sanbon : trois bâtons
4 = yonhon : quatre bâtons
5 = gohon : cinq bâtons
6 = roppon : six bâtons
7 = nanahon : sept bâtons
8 = happon : huit bâtons
9 = kyuhon : neuf bâtons
10 = juppon / jippon : dix bâtons.

Le ippon marque le fait que quoi qu'il arrive dans un combat, il y a toujours l'espoir de gagner. Historiquement le Ippon est la retranscription de la mort de l'adversaire de l'ancien Jùjutsu ("Si tu tombes c'est la chute, si tu chutes c'est la tombe")

Katsu c'est vaincre, battre, dominer. C’est un terme guerrier, associé au combat et à la victoire sur l’autre ; survivre pour passer au combattant suivant. Il est donc le fait de l'avoir emporter sur un adversaire.

Jigoro Kano voulait que le judo ne soit pas vu comme une guerre mais comme un art éducatif, une voie (do), Ippon marque en jùdô la maîtrise totale de l'adversaire. Jigoro Kano déplace le sens "vaincre l’autre"à "réaliser une action parfaite".

En combat de Jùjutsu, actuellement en France, il est nécessaire de marquer plusieurs ippon sur l'adversaire pour l'emporter avant la fin du temps de combat. Ceci est une dénaturaliation de l'essence même de la vie du combat en tant que confrontation avec la mort , de la possibilité de pouvoir, à tout moment, tout perdre d'un seul coup et donc finalement le fait de se concentrer sur le moment présent et d'en aprécier chaque instant comme s'il s'agissait des derniers. Le caractère irrévocable du ippon est là pour nous rappeler le caractère définitif des conséquences de certaines décisions que nous pouvons prendre.

Zenshin : tout le corps / avancer en entier, notion de plénitude ou de progression totale.
Même le concept de Ippon Seoi Nage, projeter en un seul mouvement complet.
Comme en français, ce champ lexical exprime l’absence de manque, l’achèvement total. Dans le judo, c’est central : un Ippon n’est pas juste assez bon, c’est la perfection du mouvement et du contrôle.

Projection parfaite (contrôle, vitesse, force, impact).
Immobilisation totale (20 s).
Étranglement / clé aboutissant à l’abandon.
Donc ippon = réalisation parfaite, complète, sans contestation.
Pas juste “gagner”, mais atteindre la plénitude technique.

3. Une logique éducative et morale
Ippon est objectif (il décrit l’efficacité de l’action).
Katsu est subjectif (il insiste sur “je bats l’autre”).

Kano voulait que le judo développe le respect, la maîtrise et l’amélioration de soi, pas seulement la domination.
Ainsi, ippon devient une mesure de la qualité de la technique, et non pas seulement de la victoire sur autrui.

Katsu = vaincre ? trop guerrier.
Ippon = unité entière ? exprime la victoire technique parfaite.

Kano a choisi ippon car il symbolise :
La perfection de la technique,
L’éducation par la pratique,
Une victoire sans agressivité verbale (plus neutre que “vaincre”).

Aux yeux d'un judoka spécialiste, on peut nuancer plusieurs types de ippon :
- Ikioi : imposer sa technique par sa propre force (assimilation)
subdivisé en : imposer sa technique par la force à contre courant de la position de force de l'adversaire
                      imposer sa technique par la force en considérant les points faibles de la position de l'adversaire
- Hazumi : adaptation aux mouvements ou la force de l'adversaire pour "glisser" sa technique (accomodation)

Le grand public pense souvent, malheusement, que le seul Ippon qui existe en jùdô est le Ikioi.
Naturellement, Hazumi est nettement plus aprécié que Ikioi par les jùdôkas car elle respecte Jù no ri (le principe de l'adaptation).

On nous a éduqué à ne pas faire en compétition des choses qui nous fassent honte. Il s’agissait de ne pas ramasser une jambe, ou fixer la tête de nos adversaires, avec l’idée qu’on n’avait pas besoin de ça pour gagner et qu’une victoire de cette façon n’est pas satisfaisante.