Les tactiques d'attaque |
Ghi comprend les techniques au sens restreint, les tactiques et les stratégies.
Du grec ancien tactikos « relatif à l’arrangement, à l’organisation »
Les tactiques se réalisent sans temps de réflexion et font donc partie du Tora no Maki (le rouleau du tigre : écrit officiel d’un art ou d’un système, faisant référence).
Le seigyo est le fait de contrôler les sentiments et le comportement de quelqu'un et de le manœuvrer à sa guise. Dominer et réguler, avoir de l'emprise sur l'autre.
La prise de contrôle :
Physique : Déplacer Uke comme Tori a décidé
pour prévoir la justesse de son placement.
Tactique : Amener Uke à se déplacer
comme Tori a décidé pour prévoir la justesse de son
placement.
Technique : Adapter directement la justesse du placement
de Tori pour contrer Uke.
Les bases de toutes tactiques :
Ne sous-estimez jamais l'attaque de votre adversaire, elles doivent toutes
être prises au sérieux et avec vigilence. Ne sous-estimez pas
non-plus l'efficacité de vos propres attaques, souvent on abandonne
juste avant le degré d'investissement suffisant.
Connaître toutes les qualités de ces attaques et tous les défault de ses défenses est le meilleurs moyen de gagner un maximum de combat.
Le combat peut être assimilé à une activité
de résolution de problème.
Pour battre son adversaire, le jùdôka
a deux possibilités :
- soit il doit convoquer un savoir technico-tactique qu’il adapte en
fonction des caractéristiques spécifiques de son adversaire
.(Hazumi : adaptation aux mouvements ou la force de l'adversaire pour "glisser"
sa technique (accomodation)
- soit il impose une technique
à son adversaire.(Ikioi : imposer sa technique par
sa propre force (assimilation)
subdivisé en : imposer sa technique par la force à
contre courant de la position de force de l'adversaire
imposer
sa technique par la force en considérant les points faibles de la position
de l'adversaire)
La meilleure défense est encore l'attaque
:
On peut également avoir comme adversaire un jùdôka
très fort en attaque. La solution consite à l'attaquer à
outrance pour ne pas le laisser attaquer et éventuellement parvenir
à le projeter.
Enfin, bon nombre de jùdôkas
sont très forts sur une seule technique
et très en confiance
dans une situation donnée tel qu'une prise de kumikata
particulière qu'il utilise pratiquement exclusivement et sont totalement
désemparer sans cette situation de base. La statégie consite
donc à fixer au moins la moitié de son attention pour l'empêcher
de retrouver cette situation de base.
Gérer la différence de poids :
Si l'adversaire est plus lourd : empêcher l'adversaire d'attaquer
Positionnement : rester toujours
de biais
Mobilité : en mouvement
Manipulation
: ne pas déplacer l'autre
Priorité : se concentrer
sur la neutralisation du point fort
Attaque : attaquer plus que
l'autre avec des techniques de jambe
ou de sutemi.
Défense : ne pas se
laissez attraper
Si l'adversaire est plus léger :
Positionnement : rester de
face
Mobilité : fixe
Manipulation
: déplacer l'autre
Priorité : fixer l'adversaire
Attaque : lancer que des attaques
décisives.
Défense : saisir l'autre
des deux mains
Gérer la différence de taille :
Si l'adversaire est plus grand :
Point fort : Capacité
importante pour passer sous l'adversaire (dimension verticale), utiliser les
mouvements de bras
Point faible : Allonge réduite
(dimension horizontale), ne pas utiliser les mouvements de jambe
Si l'adversaire est plus petit :
Point fort : Allonge
important (dimension horizontale), utiliser les mouvements de jambe
Point faible : Capacité
réduite pour passer sous l'adversaire (dimension verticale), ne pas
utiliser les mouvements de bras
Gérer la différence de latéralité
de la garde :
Un droitier est souvent plus mal à l'aise sur un gaucher que le contraire
du fait que qu'en France culturellement, il y a plus de droiter que de gaucher.
Vous avez donc deux possibilités pour être à l'aise :
- soit convoquer un savoir technico-tactique adapter en fonction des caractéristiques
spécifiques de son adversaire (accomodation).
- soit imposer une technique
à son adversaire (assimilation) en
empêchant l'adversaire de saisir son kumi
kata et en imposant le sien
Connaître l'autre aussi bien que soi-même
:
"Celui qui ne se connait pas et qui ne connait pas son
ennemi perdra toutes ses batailles. Celui qui connait son enemi mais ne se
connait pas lui-même devra accepter que pour chaque victoires remportés,
il devra irrémédiablement en perdre une. Celui qui se connait
et qui connait son ennemi remportera jusqu'à 100 batailles sans perdre
une seule fois."
- Sun Tsu. Auteur de "L'Art de la Guerre" écrit 2500
ans avant aujourd'hui.
Un bon combattant est celui qui a pris conscience de ces faiblesses (Platon)
et de ses points forts et qui se sert de cette connaissance
sur lui-même pour ne pas être pris en défaut et pour progresser
à l'entraînement. Un bon compétiteur est celui qui connait
les faiblesses et les points forts de ces adversaires et qui se sert de cette
connaissance
pour ne pas être pris en défaut en compétition et pour
orienter son entraînement. L'important c'est de se
donner à fond jusqu'au bout c'est à dire essayer,
de ne jamais perdre espoir et en toutes circonstances, de faire
de son mieux (ganbaru) pour ne pas avoir de regret, avoir foi en ce que
l'on fait et rechercher inlassablement à s'améliorer
(kaizen).
Utilisation de cette connaissance
:
Mes points forts : je dois les imposer sur ses points faibles
en compétition mais jamais à l'entraînement
Mes
points faibles : je ne dois jamais les exposer en compétition
mais toujours à l'entraînement
Ses points forts : je dois les affaiblir en compétition
en m'exerçant à l'entraînement ("la force faiblit
dès que l'armure connait sa première faille (suki))"
Ses points
faibles : je dois les mettre à jour et y diriger mes points
forts en compétition en m'exerçant à l'entraînement
Imposer des points forts signifie toujours exposer des points
faibles. Une attaque engendre toujours une ouverture dans sa propre défense.
Il s'agit donc d'affaiblir ses points forts, mettre à jour ses points
faibles pour imposer mes points forts sans pour autant trop exposer mes
points
faibles et pas de s'opposer aux points forts de l'autre.
La perception de l'adversaire (kikai) :
- zanshin : esprit en éveil
du monde environnant
- kufu : esprit en éveil de l'adversaire
- yomi : esprit à l'écoute du corps de l'adversaire
- genshin : esprit à l'écoute des intentions de l'adversaire
- sen no sakki : esprit à l'écoute de l'esprit de l'adversaire
Le principe de non-résistance
: l'union de l'énergie (ai ki ha)
Le principe de la non-résistance consiste à utiliser l’action
de l’autre dirigé contre soi pour finir par le maîtriser.
Celui qui reçoit l'action, esquive, détourne
(parade) et canalise le mouvement
de façon à le retourner contre l’autre au lieu d’essayer
de le bloquer. Si l’autre pousse, il suffit d’esquiver ou de le
tirer pour qu’il tombe de lui-même. S’il tire, il n’y
a qu’à le pousser (hando no kuzushi). Plus l’action est
puissante plus grande est l'efficacité de celui qui reçoit.
Le principe de non-résistance conduit l’autre à subir
sa propre action.
Sen :
C'est lorsqu'on prend l'initiative
de l'attaque.
Il existe plusieurs tactiques applicables :
Jibun no tsukuri :
préparation de Tori ; le placement de Tori.
- L'attaque directe
ou dite franche consiste a attaquer une fois l'adversaire avec l'intention
de faire tomber.
Cette attaque s'effectuer soit :
- après la prise
le kumikata
- pendant la prise du
kumikata c'est à dire à
la volée
Aite no tsukuri :
préparation de Uke ; mettre Uke dans une position pour pouvoir
l'attaquer.
- L'attaque en confusion
(damashi) ou feinte (misekake) ou demandant le sens
de la feinte (sorashi) est une simulation d'attaque ayant pour but de créer
une réaction chez l'adversaire et permettant d'exécuter une
technique initialement
prévue. C'est ce qu'on appelle souvent action/réaction
(avant/avant, avant/arrière, arrière/arrière, arrière/avant,
gauche/droite, droite/gauche, droite/droite, gauche/gauche). En jùdô,
debana est l'opportunité d'attaque anticipant l'intention d'attaque
du partenaire. Dans ce cas, cette opportunité est provoquée
par l'attaque en confusion.
Cette tactique vous permet d'avoir un temps d'avance : toki (temps) tobashi
(envolé).
- L'opportunité
(debana) est une occasion favorable (offerte ou créer) à l'application
d'une technique. Elle
s'organise à partir de composantes comme l'action de kumi
kata, un déplacement, un changements de postures ou d'une attaque.
Lorsqu'elle est offerte c'est un enchaînement ou une vulnérabilité
provisoire de Uke. Lorsqu'elle est créé c'est une confusion.
- L'enchaînement
(renzoku-waza) consiste à attaquer l'adversaire qui réagit et
d'effectuer une attaque en fonction de cette réaction. Contrairement
à la confusion, la réaction de l'adversaire n'est qu'une éventualité,
elle n'est pas provoqué.
- L'attaque répétées
est un type d'enchaînement qui consiste a attaquer plusieurs fois l'adversaire
avec l'intention de faire tomber à chaque fois.
Un redoublement d'attaque est une attaque répétée de
la même technique.
- La combinaison
(awase-waza ) : ancien terme pour désigner un enchaînement.
Les confusions et les enchaînements sont utilisés
soit :
- en commençant par une technique
quelconque puis en utilisant un Tokui-Waza.
- en commençant par un Tokui Waza et en terminant sur une autre technique.
Tokui-Waza désigne une des techniques préférées de Tori souvent appelées aussi les "spéciales".
Attention !
- "L’épée que l’on aiguise
sans cesse ne peut conserver longtemps son tranchant."
Lao Tseu
Ne travaillez pas trop souvent votre Tokui-Waza
Il existe trois manières pour faire
face à une attaque :
- s'enfuire ou esquiver (nogareru)
- interposer quelque chose ou bloquer
- attaquer (sen no sen)
Esquiver dans un combat est le plus difficile. En effet, pour
cela, il faut être capable d'anticiper ou d'être plus rapide que
son adversaire.
Bloquer est plus facile que d'esquiver mais demande de pouvoir encaisser les
attaques de l'adversaire.
Attaquer est la meilleurs défense car elle ne demande ni d'anticiper,
ni d'être plus rapide ni de pouvoir encaisser les attaques de l'adversaire.
Ainsi, plus le combat est difficile et plus il faut attaquer avant votre adversaire.
Le ki reliant les êtres, il relie également les deux adversaires.
La notion de vigilance, le zanshin que l'on retrouve dans tous les arts martiaux japonais s'appuie aussi sur le concept de ki. À travers le ki, on peut "sentir" l'intention de l'adversaire, ce qui permet de riposter plus efficacement, voire d'agir avant que l'adversaire ait pu lui-même agir. On utilise le terme sen pour désigner cette action simultanée (sensen no sen : attaque anticipant l'action adverse ; go no sen : riposte, anticipant l'action ; sen no sen : attaque simultanée).
Si la capitulation n'est pas une tactique traitée ici c'est qu'il s'agit plus d'une stratégie. La fausse capitulation (tactique) qui consiste à faire semblant de capituler n'est valable qu'en cas de bagarre ou d'agression et n'est pas digne d'un combat. |
Go
no sen :
C'est l'attaque de Tori qui suit soit :
- un kawashi-waza à savoir une esquive
(évitement de l'attaque) ou une parade (détournement
de l'attaque)
- un blocage (arrêt de l'attaque)
de Tori après une attaque d'Uke
- un retour d'attaque d'Uke
Il existe 6 possibilités :
- En utilisant l'attaque de l'adversaire (hazumi,
jù no ri)
- En utilisant la faiblesse du début de l'attaque (go no sen)
- En utilisant la faiblesse de l'attaque qui échoue (go no sen)
- En contrôlant la technique de l'adversaire (katame-waza)
- En utilisant son énergie en surpassant (kawashi-waza)
- En contre-attaquant lorsqu'il attaque (sen no sen)
Dans le dictionnaire Le Petit Larousse - édition 2000,
contre-attaquer, est défini comme tel : « passer de la défensive
à l’offensive ».
En sport d’opposition, une contre-attaque est une action offensive effectuée
après l’attaque adverse. C’est donc une reprise de l’initiative
par « celui qui a été attaqué » (ou «
défenseur »). D’un point de vue tactique,
l’action contre-offensive peut tenir compte de l’état de
l’assaillant (appelé « action de profit »). Elle
peut profiter de sa vulnérabilité provisoire, c’est-à-dire
:
- de l’état d’épuisement dû aux efforts
offensifs et défensifs, de l’amoindrissement des capacités
physiques (fatigue (hirou) ou blessure)
dû aux chocs ou à la pression psychologique
- de la désorganisation corporelle et mentale ponctuelle (Par
exemple : utiliser un déséquilibre ou un relâchement post-attaque,
exploiter une inattention passagère ou une « défense-protection
» non assurée)
- de l’inefficacité passagère (Par exemple : tenir
compte d’une difficulté ponctuelle à organiser le jeu
d’attaque et de défense).
le contre-attaquant peut manœuvrer (manipuler
: seigyo) son protagoniste
par un jeu de tromperies qui va lui permettre de placer des contre-offensives
efficaces.
Les contres sont autorisés quelque soit la catégorie d'âge. En revanche, les Sutémis (Ma Sutemi, Yoko Sutemi et Makikomi) ne sont autorisés qu'à partir de la catégorie Minime.
Comment réagir face à
un adversaire identifié plus endurant,
résistant, puissant,
grand, lourd, enthousiaste, la persévérant,
déterminé,
technicien, tacticien
et stratégique
?
Tout d'abord, dans le cadre sportif, prenez cette rencontre comme une chance
pour vous.
Identifié supérieur |
Identifié inférieur |
|
Gagnant | Performence |
Normal |
Perdant | Normal |
Contreperformence |
Ensuite, il existe une tactique possible : le Sen no sen
Sen
no sen :
Cette tactique
consiste à attaquer entre le moment où l'adversaire à
décider d'attaquer et le moment où il attaque réellement.
L'attaque peut donc s'effectuer avant même que l'adversaire n'ait bougé
(sensen no sen) ou pendant le début de son attaque (sen no sen). Le
sen no sen nécessite une perception conciente
ou inconsciente très affinée de la tactique d'attaque de
l’adversaire (yomi) afin d'anticiper son mouvement. Sen no sen peut
d'ailleurs s'effectuer sans l’avoir décidé consciemment.
En kendô (la voie du sabre), il y a un coup appelé Debana-Waza : il
s’agit d’attaquer avant que l’adversaire ne le fasse, de
frapper avant qu’il ne frappe.
En jùdô, Debana est l'opportunité
d'attaque anticipant l'intention d'attaque du partenaire.
Percevoir/réagir à l'action de l’adversaire
:
Elle se déroule en deux stades :
- La perception : pendant ce stade, le jùdôka
recueille un maximum d’information sur son adversaire et lui-même.
- La décision qui consiste à sélectionner une réponse
au problème posé précédemment, en fonction du
registre technique acquis
à l’entraînement.
Chez le débutant, chaque stade est un élément
ralentisseur de l’acte moteur :
- La perception est lente, incomplète et intervient relativement tard.
- La décision est hésitante.
Chez le jùdôka
confirmé, expérimenté et bien entraîné :
- La perception est plus rapide, plus complète et intervient plus tôt.
- La décision est généralement automatisée, donc
plus courte.
L'expérience permet un gain de rapidité par le déclenchement de l’action au bon moment due à l’amélioration des deux premiers stades.
La prise de décision :
Il faut trouver un équiibre entre l'analyse de la situation (jukuryo)
puis agir sans attendre (danko)
L'idéal est d'atteindre le mi (corps) katte
(par lui-même)
Migatte : la sublimation
de l'automatisation ou du
conditionnement opérant,
le lachez prise du corps (karada
no oboe : la mémoire du corps)
L'exécutant ne se concentre plus alors sur la technique mais sur l'intensité
de son érnergie (ki).
On rentre dans un état mental appelé Muga-mushin.
Cet état ne s'atteint toutefois qu'au terme d'une longue expérience.
Muga-mushin signifie "pas de moi,
pas de pensée". C'est un état d'indifférence qui
libère de la conscience des actions accomplies. Dans cet état,
l'esprit résout les problèmes de façon pour ainsi dire
automatique. Il correspond
à ce que le bouddhisme appelle un état de viduité. On
y est libéré de toutes les pensées et de tous les sentiments
qui entrave les l'exercices de n'importe quelle technique et l'on y revient
à son "âme originelle" délivrée de ses
servitudes corporelles. On ne voit plus l'adversaire mais on se confond avec
lui en mouvement et en pensée. On sait inconsciemment quand et comment
agir de manière naturelle.
Acquérir de la puissance :
La puissance dépend de trois facteurs :
- l'explosivité mental possible grâce à la concentration
(shin)
- la technique (ghi)
- l'explosivité musculaire (tai)
I. Prestation technique libre de jùdô en vue de l’examen final du B.E.E.S.
IA- Tachi
Waza - Ippon
Seoi Nage :
IA1 – Démonstration fondamentale :
Tori fait tomber Uke en Ippon
Seoi Nage à droite
Tori fait tomber Uke en Ippon
Seoi Nage à gauche
IA2 – Changement de Kumi
Kata :
Lui saisissant le revers droit de la main gauche, Tori fait tomber Uke en
Ippon Seoi Nage
à droite
Tori fait tomber Uke en Ippon
Seoi Nage à droite en lui saisissant la manche droite de la main
droite
IA3 – Changement de forme :
Tori fait tomber Uke en forme Makikomi
IA4 – Uchi Komi :
Séquence de 9 répétitions en accélérée
puis Nage à la 10e
IA5 – Les déplacements/Nage komi :
Tori fait tomber Uke en Ippon
Seoi Nage sur son avancé
Tori fait tomber Uke en Ippon
Seoi Nage sur son recule
—› sans rester en ligne
IA6 – Les défenses :
Les blocages :
Uke attaque Ippon
Seoi Nage à droite/Tori défend en Jigotai
Les esquives :
Uke attaque Ippon
Seoi Nage à droite/Tori esquive en Tai Sabaki à droite
Uke attaque Ippon
Seoi Nage à droite/Tori esquive en Tai Sabaki à gauche
IA7 – Les séquences d’attaque
:
IA7a) Les enchaînements
:
Tori attaque en Ippon
Seoi Nage à droite/Uke bloque en Jigotai/Tori
fait tomber en Seoi
otoshi (avant/avant)
Tori attaque en Ippon
Seoi Nage à droite/Uke bloque en Jigotai
/ Tori fait tomber en Ko
Uchi Makikomi (avant/arrière)
Tori attaque en Ippon
Seoi Nage à droite /Uke esquive à droite/ Tori fait tomber
en Ippon Seoi Nage
à droite (avant/avant ; redoublement d’attaque)
Tori attaque en Ippon
Seoi Nage à droite /Uke esquive à gauche/Tori fait tomber
en Kata Guruma
à gauche (avant/avant)
IA7b) Les opportunités
:
Uke avance le bras droit tendu pour saisir Tori dans le dos/Tori fait tomber
en Ippon Seoi Nage
à droite à la volée
Tori fait lâcher le Kumi Kata
d’Uke puis attaque Ippon
Seoi Nage en avançant
Tori déplace Uke en cercle forme Uchi
Mata du Nage no Kata
puis fait tomber en Ippon
Seoi Nage à droite
Tori fait reculer le pied droit en forme de Ko
Uchi Gari puis attaque Ippon
Seoi Nage à droite
IA7c) Les confusions :
Tori feint d’attaquer en Ippon
Seoi Nage à droite/Uke déporte son poids en arrière/Tori
revient en Ko
Uchi Makikomi à droite (avant/arrière)
Tori feint d’attaquer à gauche avec le Kumi
Kata main gauche au revers droit/ Uke réagit en déportant
son poids sur la droit/ Tori fait tomber en Ippon
Seoi Nage à droite (droite/gauche)
IA8 - Les contres :
Uke attaque Ippon
Seoi Nage à droite /Tori bloque en Jigotai puis contre en Te
Guruma
Uke attaque Ippon
Seoi Nage à gauche/ Tori bloque en Jigotai /Uke ressort de son
attaque/ Tori fait tomber en Ippon
Seoi Nage à droite
IB- Ne-Waza - Ude
Hishigi Juji Gatame :
IB1 – Les enchaînements debout/sol
:
Séquence d’attaque
1 ; Uke attaque et Tori esquive : puis enchaîne :
Uke attaque Ippon
Seoi Nage à droite/Tori esquive en Tai Sabaki à droite /
Tori passe à cheval puis enchaîne en Kata
Hajime
Séquence d’attaque
2 ; Uke attaque et Tori tombe puis reprend l’initiative par anticipation
:
Uke attaque en Ippon
Seoi Nage à droite /Tori refait face à Uke qui se retrouve
entre ses jambes/Uke avance sur Tori/Tori contrôle le bras droit d’Uke
et pivote sur le côté droit pour ensuite enchaîner en Ude
Hishigi Juji Gatame
Séquence d’attaque
3 ; Tori attaque et Tori enchaîne sur Uke passif :
Tori fait tomber Uke en Ippon
Seoi Nage à droite, contrôle le bras droit d’Uke puis
enchaîne en Ude
Hishigi Juji Gatame
IB2 – Les contrôles au sol :
Séquence d’attaque
1 ; Tori attaque, Uke bloque et Tori enchaîne :
Uke se défend en position quadrupédique/Tori passe devant pour
placer son bras gauche, enchaîne en position tibia nuque puis en Ude
Hishigi Juji Gatame/Uke se défend en accrochant ses bras/Tori enchaîne
en contrôlant Uke puis repart en forme Gesa
Gatame/Uke se défend en repassant sur
le ventre/Tori enchaîne en position tibia nuque puis en Ude
Hishigi Juji Gatame/Uke se défense en accrochant ses bras/Tori
décroche les bras de Uke et termine en Ude
Hishigi Juji Gatame
Séquence d’attaque
2 ; Tori attaque, Uke anticipe, Tori enchaîne :
Uke se défend en position quadrupédique/Tori passe devant pour
placer son bras gauche et enchaîne en position tibia nuque/ Uke se défend
en se cambrant en arrière/Tori repart à l’envers puis
enchaîne en Ude
Hishigi Juji Gatame.
La tactique en judo Patrick Rosso, Stéphane Frémont, Entraîneurs Nationaux,
équipe de France de judo masculin Cet article veut redorer la place de la tactique dans la préparation à la compétition. La tactique1, tous les entraîneurs en parlent, tous savent de quoi il s’agit. Elle est particulièrement présente dans les sports collectifs et reste en trame de fond de la réussite dans les sports individuels. Il est difficile d’intégrer cette dimension à l’entraînement, aussi préfère-t-on privilégier la plupart du temps le coeur de la discipline (la technique) au détriment de la tactique. Pourtant lors de chaque compétition les questions tactiques ne manquent pas et viennent corrompre l’expression technique. Alors comment «s’entraîner à la tactique» ? Le judo de compétition est aujourd’hui pratiqué par des athlètes particulièrement bien entraînés. L’engagement physique est tel qu’on se demande bien où est passée son origine philosophique «utiliser la force de l’adversaire». L’universalité de la discipline a encore accentué le dilemme en mettant en scène des combattants redoutables venant de tous les continents. En général le travail de planification de l’entraînement est axé sur la dimension physique et les séances sont imprégnées de technique. Si la tactique est un des déterminants de la performance, il paraît important de se pencher sur la possibilité de l’intégrer aux autres dimensions de l’entraînement. Nous verrons que même en judo, sport physique et technique, de combat de surcroît, il est possible de mettre en place des situations visant à augmenter le potentiel tactique des judokas et d’organiser leur progression sur cette question. 1Nous ne rentrerons pas dans la distinction sémantique opérée entre tactique et stratégie, nous centrerons notre attention sur les comportements mis en oeuvre et concevons la tactique comme «stratégiquement pertinente». Par exemple, les choix tactiques des rencontres par équipe ne seront pas abordés dans cet article. LA DIMENSION TACTIQUE EN JUDO UNE ACTIVITÉ RÉGLEMENTÉE Le judo est un sport de combat : il s’agit de battre un adversaire. Les formes d’opposition sont réglementées. En voici les principes : Le combat se déroule sur une aire souple (tapis) délimitée et oppose deux adversaires de couleurs différentes (blanc/bleu) arbitrés par un arbitre central, épaulé par deux juges de chaise. Une table de marque est présente et les judoka peuvent être conseillés par leurs coachs respectifs, en bordure du tapis. La zone de combat est délimitée (carré d’environ 10 mètres sur 10), avec une zone rouge externe qui est réglementée de façon particulière (cf. pénalités). La durée initiale du combat est de 5 minutes, mais il s’agit de temps de combat effectif car les matchs sont souvent interrompus par les arbitres. Les périodes d’arrêts de combat par l’arbitre ne sont pas décomptées (la durée totale est plus proche de 8 minutes). Le combat peut être arrêté avant son terme s’il est remporté avant le temps final (l’équivalent du KO en boxe correspond au Ippon), ou poursuivi après le terme si les combattants ne se sont pas départagés. Pour gagner il faut parvenir à faire chuter son adversaire sur le dos ; un impact avec amplitude, vitesse et contrôle. Mais d’autres moyens existent, parce que le judo se pratique aussi au sol, où il est possible d’immobiliser son adversaire, de l’étrangler ou de pratiquer des clefs de bras (chaque modalité est elle-même réglementée). Lorsqu’on est dans ces cas de figures, le combat est terminé et on désigne un vainqueur. Un système de marques existe également, mais toutes ne mettent pas un terme au combat,. C’est le cas lorsque les chutes ne sont pas suffisamment nettes (tomber sur le côté, par exemple), ou lorsque les immobilisations sont trop précaires. Des marques moins importantes sont alors comptabilisées, en fonction de la nature des impacts au sol, ou en fonction des temps d’immobilisation. Un système de pénalités, cumulatives, est aussi prévu, de façon à ce que les modalités d’opposition soient respectées. Chaque irrégularité sanctionnée voit le combattant fautif frappé d’une pénalité (sauf si l’irrégularité est grave - dangerosité, indiscipline - auquel cas le combattant est exclu du tournoi). La première pénalité est l’équivalent d’une petite marque au bénéfice de l’adversaire, puis à chaque pénalité on augmente.Si les irrégularités se poursuivent, la quatrième est disqualifiante et met fin au combat. Nous allons détailler un peu ces pénalités, du moins celles qui paraissent avoir des incidences sur la tactique en judo. Obligation d’attaquer : le judo est un sport où les combattants ont l’obligation de se montrer offensifs, ils ne peuvent attendre passivement (pour contrer par exemple). Fausse attaque : pour échapper à la pénalité sus-nommée, il est interdit aux combattants de simuler une attaque, non franche, en se jetant sans réelle intention offensive. Sortie de la zone de combat : on ne peut sortir de la zone de combat (pour fuir notamment), sauf si la sortie fait suite à une attaque. Attitude incorrecte, anti-judo : est sanctionné le fait de se placer dans une attitude défensive extrême qui consiste à refuser de combattre … pour ne pas chuter. Saisie incorrecte : les saisies sont réglementées,
on ne peut - pour saisir la manche - placer les doigts à l’intérieur
de la manche, faire un garrot, ou rester en saisie d’un même
côté sans attaquer, ou encore prolonger une saisie sur
le PRINCIPES TACTIQUES GÉNÉRAUX Importance des saisies Le judo est un sport de combat de préhension, c’est en attrapant l’adversaire par son kimono que l’on peut le faire chuter. Cette phase dite de «saisie» est déterminante dans le judo de haut niveau, parce qu’elle permet de mener des actions contre l’adversaire, et/ou elle gêne l’adversaire et l’empêche de procéder. Il faut savoir qu’il existe différents types de saisies (figure 1), on parle alors de «gardes». Certaines sont plus appropriées que d’autres selon les actions que l’on veut exercer surl’adversaire (le repousser, le tracter, le déplacer sur les côtés, le déséquilibrer sur l’arrière ou sur l’avant…), ou selon les actions que l’on ne souhaite pas qu’il engage (l’empêcher de tourner, ne pas lui permettre de se rapprocher…). Figure 1 : Les figures représentent 2 adversaires, vus de dessus, seul 1 (en bleu) saisit, les points rouges marquent les points de saisies.* saisies se déclinant à droite et à gauche Technique préférentielle Dans cette configuration les judokascherchent à placer leur spécial lors des combats, mais cela les contraint à adopter des formes particulières de saisies et de déplacements. Le jeu consiste donc à placer l’adversaire dans une situation favorable pour l’expression de la technique de prédilection, tout en évitant de se placer dans une posture favorable à l’expression de celle de l’adversaire. La plupart des judokas de haut niveau se connaissent mutuellement puisqu’ils ont souvent l’occasion de se rencontrer, à la fois lors des combats sur les grands championnats, mais surtout lors de stages communs ; ils repèrent donc vite le spécial de leurs adversaires, mais aussi les stratégies à mettre en oeuvre pour éviter de se faire déborder. Registre technique Figure 3 : les sens d’attaque en judo, pour faire chuter l’adversaire (vu de haut) dans des directions différentes De façon générale, plus le registre technique offensif du judoka est large, plus il est difficile de le contrôler. Lui poser des problèmes peut s’avérer être un véritable casse-tête tant les solutions adaptatives dont il dispose sont nombreuses. Cependant l’étendue du spectre technique n’est pas toujours un gage d’efficacité, cela dépend de la nature des saisies et des déplacements qui y sont associés : si le judoka possède un large registre d’attaques, mais qu’elles sont toutes conditionnées à un seul type de saisie, ce sera plus facile de le neutraliser. Il en est de même pour les déplacements, par exemple, lors de la 3ème place des championnats du monde des nations par équipe 2006, le – 73kg français rencontre un Ukrainien qui avait un arsenal offensif très efficace sur un seul sens de déplacement. Le plan tactique visait donc à se déplacer systématiquement dans le sens contraire à l’attaque de l’adversaire. DIFFÉRENTS REGISTRES TACTIQUES Tactique technique DILEMME OFFENSIF/DEFENSIF S’engager à exprimer «son judo» Pour illustrer, prenons le cas de judokas mobiles, ce sont des profils particuliers, ils voient clair lorsque le combat s’emballe, restent lucides et disposent d’un judo varié quels que soient les déplacements. Généralement c’est leur absence de puissance qui les a contraints à développer de telles compétences : il est très difficile pour le judoka qui n’est pas très puissant dans sa catégorie de poids de rester en face de son adversaire pour éviter le rapport de force ; il faudra bouger sans cesse, et parvenir à le déplacer de façon à se créer des opportunités. C’est cela «imposer son judo» : S’efforcer d’exprimer des intentions offensives, contourner le système de défense adverse pour attaquer. Pour parvenir à placer des attaques, il convient d’imposer un type de saisie, des déplacements particuliers, un rythme, de s’engager très rapidement dès que la situation est favorable, dès que l’adversaire commetune erreur, il faut parfois de la patience lorsque la défense tient, que le chronomètre défile, que les forces s’amenuisent… L’issue dépend aussi de la capacité créative du judoka, il s’agit toujours de créer du nouveau afin de s’adapter aux contraintes spécifiques du système adverse. Limiter l’expression du judo de l’adversaire En judo, il est possible de gêner l’expression du judo
de l’adversaire. Lorsqu’on connaît son registre technique
de prédilection, on peut contrarier le déroulement de
certains schémas offensifs, en jouant sur des caractéristiques
techniques précises. Il est évident que plus l’adversaire
dispose d’un registre offensif étendu, plus il est délicat
de le limiter dans son expression. Globalement il s’agit de neutraliser
les spéciaux, en créant des configurations défavorables
à son expression : A haut niveau, c’est un peu plus fin et complexe, l’idée consiste à entraver l’adversaire dans ses orientations préférentielles de combat. Ces orientations préférentielles sont organisées en faisceaux d’éléments combinés qui facilitent la tâche de l’attaquant. Ces faisceaux sont constitués de déplacements particuliers (rythme, sens, dynamique…) associés à des saisies spécifiques (garde préférentielle, main préférentielle, saisie directe ou indirecte, forte ou souple …), qui elles-mêmes sont fonction de distances de garde, d’orientations du corps, de répartition de poids de corps sur des positions de jambe (avant ou arrière) pour attaquer, tourner, s’appuyer. Cette complexité peut être simplifiée par des protocoles d’observation spécifiques que nous développerons plus tard, et qui permettent de ne retenir qu’une ou deux modalités chez l’adversaire pour se focaliser dessus afin d’éviter tout un ensemble de conséquences difficiles à maîtriser.Il faut concevoir que pour gêner l’expression de certaines techniques chez l’adversaire, il convient de s’attaquer non pas directement aux techniques elles-mêmes, mais plutôt à un ensemble de composants qui autorisent son expression (figure 6). C’est ce qui a été mis en oeuvre par l’équipe de France pour battre l’équipe du japon lors des championnats du monde des nations 2006. En produisant un système de gêne pour l’adversaire, on dévie ses objectifs de départ : plutôt que de chercher à développer un judo offensif, il va ré-orienter ses comportements pour d’abord chercher à se débarrasser de ses entraves (par exemple faire lâcher une main qui l’empêche de tourner sur son revers). On déplace ainsi les intentions initiales de l’adversaire, jusqu’à ce que lui aussi trouve à son tour un moyen de contrarier l’expression du registre défensif mis en oeuvre… c’est une perpétuelle recherche qui s’engage dans un combat, où il est préférable d’avoir une longueur d’avance sur son adversaire Figure 6 : Inhiber l’expression offensive de l’adversaire par une action visant à désorganiser le système support de son registre d’attaques préférentielles Des judo compatibles et incompatibles Figure 7 : Oscillations des niveaux de gêne produits par des combattants en judo. Il est préférable d’avoir une «longueur d’avance» sur son adversaire L’incompatibilité peut aussi être interne au judoka qui en produisant un système destiné à contrecarrer la production adverse s’interdit techniquement d’attaquer de façon efficace (figure 8). Par exemple certaines saisies sont propices au contrôle de l’adversaire, mais elles ne permettent pas de bâtir un système d’attaque notamment parce qu’elles n’autorisent pas de tentative sécurisée du «spécial». Les judokas oscillent donc en fonction des configurations de combat et du niveau de confiance qu’ils ont ressentis pour mettre plus d’accent sur un aspect offensif ou un autre plus défensif, parce qu’ils ne peuvent rester sur des registres intermédiaires. • Les configurations peuvent être liées au score
et à l’arbitrage, par exemple un judoka peut être
contraint d’attaquer (alors que ce n’est pas la tactique
qui lui convient le mieux) parce qu’il a concédé
une marque en début de combat et que le temps se déroulant
il lui apparaît impératif de revenir et ne pas perdre son
combat. En termes pratiques, lorsque l’incompatibilité est présente dans la dimension technico-tactique, il s’agit de relâcher le dispositif défensif (donc risquer de se faire attaquer) pour envisager d’inscrire le protocole offensif (tenter une attaque). Cette situation est rendue d’autant plus complexe d’une part car elle intervient dans des contextes à résonance émotionnelle, d’autre part parce qu’elle est fortement contrainte dans le temps. Figure 8 : Dans les situations d’incompatibilité, le judoka est contraint d’adopter des positions manichéennes sur le continuum registre défensif/offensif L’ENTRAINEMENT TACTIQUE La formation tactique du judoka. Les combats proposés à l’entraînement peuvent servir à étoffer le registre tactique des judokas : en combattant régulièrement avec des adversaires différents, ils doivent constamment s’adapter à des situations-problèmes «naturelles» (on oriente en choisissant des adversaires spécialistes): stages au Brésil pour le judo au sol, Géorgie et Corée pour l’engagement, le Japon pour les sensations judo. C’est certainement le meilleur système d’apprentissage. On peut renforcer ce dispositif en orientant le judoka vers des situations choisies : - Le «golden score»2: en habituant les judokas à rencontrer ce type de situation, il leur est possible de déployer une compétence à développer un judo efficace alors que leurs moyens physiques sont très nettement diminués. Par exemple le judoka devra apprendre à privilégier des techniques moins percutantes, aboutissant à de petites marques, plutôt que de chercher à projeter fortement leur adversaire avec des techniques lourdes et peu économiques sur le plan énergétique. - Jouer sur le temps et la marque : enchaîner des combats de 2’ (au lieu de 5) avec un handicap au score (pénalité, marque …) : cela revient à placer le combattant dans une dynamique artificielle de combat avec de l’avance à gérer au score, ou au contraire avec un retard à remonter en les associant à des contraintes temporelles spécifiques. - Proposer des situations de combats à thème (attaquer à droite, à gauche, en arrière …) : cela incite les judokas à développer des compétences, à varier leur judo, à élargir leur répertoire technique, à créer aussi en explorant des dimensions peu abordées habituellement. - Provoquer des situations problèmes (imposer une garde croisée, s’efforcer d’enchaîner les attaques, mettre l’accent sur des liaisons debout-sol…) : là encore on simule des situations tactiques particulières - et choisies – pour placer le judoka dans une tâche spécifique qui paraît nécessaire pour augmenter son efficacité. Ces situations restent relativement classiques en judo, il devient alors envisageable d’aller encore plus loin en innovant ; il s’agit de veiller à leur associer des extensions : - Les tests matchs (situations réelles de combats, arbitrés) sont intéressants parce qu’ils impliquent émotion-nellement les athlètes. On peut les combiner avec des consignes spécifiques données aux deux adversaires, en «double aveugle» c’est-à-dire sans qu’aucun des deux ne connaisse la nature des consignes de l’adversaire. - On peut prolonger les situations de combat par des entretiens vidéo menés par les coachs. Ils représentent une occasion d’échanger relativement à chaud sur ce qui a été mis en oeuvre pendant un combat et permettent de revenir sur les comportements tactiques. Ce type de procédure enrichit la culture tactique du judoka, et renforce le contrôle tactique du judoka lorsqu’il est engagé dans l’action. À partir du moment où l’on conçoit stratégiquement l’intérêt d’une approche tactique en judo, et que l’on cherche à accroître cette dimension pour la performance, la question de la formation à long terme a du sens. Nous n’aborderons pas directement cet aspect ici, nous nous centrons sur une préoccupation fonctionnelle de l’élite, qui correspond à notre mission. Il apparaît que la formation tactique doit être envisagée assez tôt dans la formation du jeune judoka, mais qu’elle ne doit pas se faire au détriment de la formation technique qui est déterminante. Il paraîtrait judicieux d’organiser une progression sur cette dimension. Intégrer la tactique aux autres déterminants de l’entraînement La difficulté pour éviter un empilement morcelé
des thématiques d’entraînement (tactique, technique,
physique …) c’est de veiller à les combiner. Nous
illustrerons la complexité de l’exercice en montrant que
la tactique appréhendée seule ne peut être efficace
: la connaissance tactique est une chose, elle est importante, mais
n’est utile que si elle donne lieu à des comportements
performants. Le judoka qui dispose d’un référentiel
tactique, mais qui n’a pas anticipé son fonctionnement
en situation profonde de fatigue (comme cela apparaît en combat)
ne pourra être efficient. C’est en repérant les signes
de dégradation qu’il pourra avancer : la fatigue est telle
en fin de combat, qu’on peut en comparer les effets à ceux
d’un alpiniste en hypoxie d’altitude : il ne pense pas de
la même façon lorsqu’il est au sommet ou au pied
de la montagne. Les adaptations tactiques ne peuvent être trop
alambiquées parce que les sollicitations physique et mentale
sont intenses. Il convient donc d’identifier ce qui peut encore
être fait, ce qui peut encore être perçu. Le rôle du coach dans cette perspective Le haut niveau confère la possibilité d’associer un coach au combattant pour l’épauler dans sa démarche. Le coaching est réglementé en judo, le coach peut assister le combattant pendant les combats en lui parlant et lui prodiguant des conseils depuis le bord du tapis sur une zone qui lui est spécifiquement réservée, mais le judoka ne peut communiquer avec son coach. On constate que le coaching se décline sur deux axes principaux : soutien à l’effort dans l’engagement de l’athlète (motivation) et conseil tactique. Il apparaît que la pertinence des apports technique et tactique est liée à la fois à la connaissance du judoka de référence et à celle de l’adversaire. Connaissance du judoka de référence Il faut en effet avoir une bonne connaissance du judoka que l’on souhaite épauler sur le plan technique ou tactique pendant les combats. Si le coach dispose d’un recul qui lui permet d’analyser plus rationnellement ce qui pourrait être produit pour imposer le judo de son combattant ou pour éviter qu’il ne tombe dans les pièges tendus par son adversaire, il doit adapter ses conseils au profil singulier du judoka. L’erreur consiste à suggérer des pistes tactiques alors qu’elles ne peuvent pas être réalisées par le judoka qui ne dispose pas de l’arsenal adapté à cette orientation. L’inverse peut également apparaître lorsque le coach n’a pas clairement identifié les enchaînements de prédilection du judoka, il n’est alors pas en mesure de lui suggérer de les mettre en pratique. Connaître le judoka c’est aussi parvenir à identifier des situations d’inconfort tactique alors que le judoka ne manifeste aucun signe de gêne, parce qu’il n’en a pas encore ressenti les effets. La relation doit permettre une complicité tactique au niveau du couple sportif / coach. Tantôt il s’agira de proposer la solution au judoka pour qu’il la mette en oeuvre, tantôt il s’agira de l’inciter à adopter une posture qui le maintienne en situation préférentielle pour qu’il puisse librement être créatif dans son registre. Figure 9 : dilemme lucidité/engagement,
une dimension se faisant au Cette complicité peut être travaillée à l’entraînement, elle ne doit pas simplement être mise en oeuvre lors des compétitions, comme c’est encore très souvent le cas en judo : construire des «répertoires opératifs» renvoie à cette idée de registre de routines au niveau du coaching, notamment sur les aspects tactiques. Lorsque les compétitions sont effectuées, là encore on peut étoffer la relation en débriefant sur ce qui a été proposé au niveau de la relation coach/athlète. Des pistes peuvent alors être ouvertes sur des aspects tactiques-techniques qui paraissent avoir du sens parce qu’ils s’inscrivent dans la pratique compétitive du judoka. Observation des adversaires On peut facilement décliner, de la même façon, le fait qu’il est nécessaire de connaître l’adversaire. Cela paraît simple puisqu’il suffit d’observer ses combats pour tirer des conclusions sur ce qu’il y aurait à faire pour le neutraliser. En fait plusieurs obstacles se présentent dans cette démarche : les observations peuvent être différentes de l’athlète au coach : ils n’identifient pas les mêmes critères de dangerosité, ou n’envisagent pas les mêmes orientations pour y faire face. La plupart des compétitions internationales sont enregistrées par le staff équipe de France, les combats alimentent une banque de données de plus en plus conséquente sur laquelle figurent tous les combattants de niveau international. Elle peut servir de support à un travail préparatoire pour construire la charpente d’un engagement tactique des combats à venir. Le protocole suit généralement la procédure suivante : quelles sont les saisies préférentielles et les techniques préférentielles de l’adversaire ? Comment parvenir à le gêner dans son évolution tout en se gardant la possibilité de produire un judo offensif ? Qu’est-ce qu’on doit mettre en oeuvre à l’entraînement pour progresser sur ces orientations ? il implique donc le couple athlète/coach qui échangent entre eux dans un processus dit de «synchronisation opératoire» ; il consiste à se caler notamment sur la perception de l’adversaire et sur les stratégies à mobiliser pour la battre Ce protocole intervient rarement pendant les compétitions, il peut trouver place la veille lorsqu’on connaît le tableau (tirage au sort) du judoka et qu’on identifie les adversaires potentiels. Souvent c’est directement pendant la compétition que l’observation s’effectue ; le coach et son athlète regardent ensemble le combat du futur adversaire et échangent directement pour arrêter les modalités tactiques. Le coach doit s’efforcer d’être à l’écoute de la perception du judoka, s’il se laisse aller à une attitude trop prescriptive (qui consiste à prescrire à athlète ce qu’il a à faire), l’échange n’aura pas lieu et les choix risquent de n’être pas en phase avec le ressenti intrinsèque de l’athlète… peu d’espoir qu’en situation de combat elles soient mises en oeuvre, sauf relation de confiance-dépendance avec l’athlète. A concevoir comme ultime recours. Conclusion |