L'histoire
du jùdô au Japon |
"Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné
à la revivre."
Karl Marx
"Plus loin on regarde vers le passé, plus loin
on voit vers l'avenir"
Winston Churchill
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié"
Rose Bertin
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Origine et histoire du Ju-Jutsu
et Judo |
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L’origine est difficile à cerner, il est vraisemblable
que les arts martiaux japonais naquirent aux Indes puis par l’intermédiaire
de la Chine se concrétisèrent plus tard au Japon.
Au VIe siècle, le moine indien bodhi-dharma enseignait la religion
boudhiste dans un monastère du nom de Shaolin. Ce moine incorpora dans
ses exercices quotidien de Zen des techniques de combats au corps à
corps inspirées de la lutte animale.
Introduites au Japon par les moines, certaines de ces techniques donnèrent
naissance aux arts martiaux japonais dont le ju-jutsu.
Le ju-jutsu regroupe les formes de combats à mains nues ou armes courtes
(poignards). D’autres formes naissent pendant les guerres civiles du
moyen-âge (1192 -1603) avec d’autres arts martiaux (bù-jutsu)
: le ken-jutsu (l’art du sabre), le so-jutsu (art de la lance), le suiei-jutsu
(art de la natation de combat), le nin-jutsu (l’art de l’espionnage).
Dans l’art général du combat, le ju-jutsu n’est
en fait qu’un système complémentaire qui permet au guerrier
désarmé de poursuivre le combat. À l’origine, le
ju-jutsu est une arme de guerre où seul l’efficacité est
recherché. De ce fait, chaque école garde jalousement le secret
de leur botte imparable.
La période féodale (1192-1603)
Le véritable pouvoir est celui des armes (l’empereur
n’est qu’un symbole divin)
L’homme de guerre (vassal du seigneur) est le pilier de l’organisation
sociale. Il fait partie de la classe des nobles et des guerriers : Les samouraïs.
Le ju-jutsu non armé s’est perfectionné au japon de la
rencontre entre les samouraïs conquérants et les habitants des
îles Ryu-Kyu (Okinawa). Le port des armes étant réservé
aux nobles, le reste de la population, n'avait d'autre choix que de développer
des techniques de combats à mains nues ou d'utiliser les outils agraires
pour se défendre (Ko-Bùdô). Surpris par la résistance
farouche qu’opposait les paysans, les samouraïs se mirent à
étudier ces techniques et se sont les appropriés.
Les moines ont joué un rôle très important dans le développement
et la diffusion de ces techniques, ils se déplaçaient en effet
très souvent et n'étant pas nobles, ils n'avaient également
pas droit au port des armes.
La période du shogunat Togukawa : l’ère Edo (1603-1868)
Les bùdôs (voies martiales) classiques apparaissent. C’est une période de paix relative et de retour à l’ordre qui est imposée à l’ère Edo d’où une stabilité politique. Fermeture à l’occident (les hollandais sont tolérés sur l’îlot de Deshima en face de Nagasaki). De ce fait, il y a moins de possibilité pour le samouraï d’exercer son art. Pour lutter contre l’oisiveté, les maîtres de bu-jutsu renforcent dans l’enseignement, les principes éthique et philosophique : le bujutsu devient le budo. On assiste à un changement de société : Craignant les ronins (samouraïs sans maître) les classes dominées se préoccupent de leur défense individuelle. Les civils se dotent de nombreuses techniques sans armes en utilisant un outil agraire.
À l’apogée de l’ère Edo, on recensa jusqu’à 725 écoles officiellement reconnues. À l’origine crée pour la guerre, les techniques sont adaptées aux conditions de le vie civile où l’accent est mis sur les valeurs morales. La rivalité des écoles étaient terribles, les défis nombreux et sanglants mais les bases définitives de ce qui allait devenir le judo étaient déjà jetées. Certaines écoles développèrent les techniques de katame-waza (immobilisations), de shime-waza (étranglements) et de nage-waza (projections).
Voici les plus connues
L’école
de Kito : ki - to (l'école de la montée (ki) et de l'automne
(to) , élévation (ki) et chute (to))
L’école de
Yoshin : Yo - Shin (Cœur de Saule)
L’école
Takenouchi
L’école Seigo
L'école Sekiguchi
L’école
Tenjin-Shinyo
L’histoire de l’origine des écoles où se mèlent le vrai et le faux se teinte souvent de légendes mais elles illustrent bien la philosophie de chaque école...
Fondé par K.Takeda (Terada et Ibaragi)
qui a perfectioné les rudiments de ju-jutsu de l’école
de S.Fukuno un des trois samouraïs disciple de Cheng Youg Ping. Il enseigne
principalement les projections,
spécialisé dans l’enseignement des katas.
À l’origine Cheng-Young-Ping Chinois (mort
en 1671) s’installe en 1627 au temple de kokushoji dans la région
d’Edo. Il se proposait d’enseigner le calligraphie et la philosophie
chinoise. Un soir en 1658, 3 Kachis (Samouraïs inférieurs) Fukuno,
Isogaï et Miura, escortait Cheng-Young-Ping qui venait de donner des
leçons à un haut fonctionnaire du Shogun. Alors qu’ils
franchissèrent les remparts de la ville, des bandits armés l’attaquèrent.
Après un combat acharné, les kachis furent désarmés.
Il fallait passer au corps à corps.
C’est alors que l’incroyable se produisit : le paisible et studieux
chinois s’élança vers les agresseurs puis avec une habilité
incroyable, il les mis l’un après l’autre hors d’états
de nuire. Abasourdis les 3 samouraïs lui demandèrent de livrer
son secret, mais il garda le silence. Décidé d’en savoir
d’avantage, ils restèrent devant sa porte toute la nuit . Le
lendemain voyant leur enthousiasme, Cheng-Young-Ping décida de les
prendre pour disciple.
Il prit chaque kachi à part dans le plus grand secret et leur enseigna
quelques prises redoutables issues de l’école Shaolin Koshiki
No Kata.
L’un se spécialisa dans les projections (Nage-No-Kata),
l’autre, les étranglements
et arthralgies, et
le troisième, les coups frappés
(atémis) sur les points
vitaux. Et chacun s’en alla à travers le japon enseigner.
Yoshin
Ryu
(l’école du cœur
de saule)
Fondé par un médecin philosophe de Nagasaki Akiyama
Shirobei Yoshitoki surnommé Yoshi
Miura.
Il considérait que la santé était liée à
un bon équilibre entre le corps et l’esprit.
Il parti en chine étudier le Tao (acuponcture) et le Wouchou (lutte)
: il y découvrit les formes chinoises de l’art souples des saisies
sous la direction du maître Ha-ku-teï qui les détenait secrètement
du temple Shaolin du sud (fukien).
Rentré du japon en 1690, il enseigna prés de 20 techniques de
contrôles et attaques sur les points vitaux. C’est l’application
du principe positif du Tao : au mal, il opposait le mal. À la force,
il opposait la force, etc. Mais devant un adversaire trop fort, cette méthode
n’était plus efficace : ses disciples se découragèrent
puis abandonnèrent.
Il se retira donc et médita 100 jours au temple de Tenjin : Comment
en défense subir l’action tout en le maîtrisant ? En
se promenant un matin dans le jardin du temple où la neige était
tombée en abondance, il fut frappé par la différence
de comportement des branches : pour se débarrasser de son fardeau,
les branches se courbait sous
le poids de la neige puis reprirent sa forme première. Ce fut une
révélation pour lui : À la force, il fallait réagir
par la souplesse.
Il inventa dés lors plusieurs dizaines de prises basés sur l’emploi
de la souplesse.
Fondé par Hisamori en
1532. Il fit une retraite dans le temple de Sannomiya. Il s’entraîna
sans relâche avec un sabre en bois à
frapper avec force un arbre en se déplaçant
avec souplesse de façon à vider son esprit de toute pensées
en dehors de l’acte accompli pour faire en sorte qu’il devienne
un réflexe.
La nuit suivante, un moine errant (Yamabushi) lui apparut en songe et lui
révéla les cinq procédés de contrôle : réduire
la longueur du bâton pour gagner en vitesse et précision, se
déplacer rapidement, profiter des erreurs de l’adversaire.
Fondé par Jushin Sekigushi (1647-1711) apparenté à la puissante maison militaire des Imagawa (spécialisé dans l’escrime)
École
de Tenjin-Shinyo
(l’école
divine du cœur de saule)
Fondé par Matsusaka (Isé) (ou Matemon
Iso) du clan Kii . mort
en 1862
Formé à l’école Yoshi, il acquit une grande réputation
après avoir exercé son art dans de nombreuses localités
du Japon. Après s’être mesuré aux meilleurs, il
devint un combatant redoutable.
Il developpa l’importance des atémis.
Son école à Edo était très prospère (5000
disciples) c’est dans son école que furent formés les
premiers professeurs du fondateur du Judo.
Toutes ces écoles, bien que disparate puisent leur inspiration dans l’emploi de la souplesse contre la force plus une formation spirituelle issue du boudhisme et du Zen. L’apparition des armes à feu va interrompre cet essor pour qu’au début de l’ère meiji (1860) (Modernisation du japon) il ne restera que quelques écoles de ju-jitsu...
Pendant cette période de paix, le paysage économique changea progressivement : Au XVIIe siècle, alors que les paysans devaient payer des droits de propriétés pour exploiter des terres, ils augmentèrent progressivement la productivité et donc les volumes de leur production qui leur permettait d’acheter des terres et acquérir par ce biais une indépendance certaine.
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Parallèlement à la révolution agricole, se créa un marché national en milieu urbain où l’on vit l’apparition de libre entreprise qui contribuèrent au commerce de textiles, aliments avec la chine et de façon plus marginale avec les hollandais à travers qui, ils entrevoient les progrés du monde occidental. Dans cet économie en plein développement malgré quelques épisodes de famines et disettes, daimyos et samouraïs éprouvaient de graves difficultés financière et nombreux sont ceux qui devait s’endetter auprès de riches marchands. Bientôt la frontière qui sépare l’aristocratie des classes marchandes s’est estompée. Tant et si bien qu’une nouvelle classe d’entrepreneurs plus agressif commença à émerger voulant accroître ses contacts avec les États-Unis et l’Europe, malgré leur politique isolationniste: ce qui bouscula la société très hiérarchisé du Japon. |
Les années suivantes, d’autres nations ont également
obtenu des traités commerciaux : l’Angleterre, la Hollande et
la France. Mais la nouvelle est mal admise à Kyoto chez les nobles
où les xénophobes sont nombreux : l’ouverture à
l’étranger est le catalyseur d’une crise politique
intérieur, et provoque à terme la chute des tokugawa.
L’opposition est surtout constitué par le clan des Satsuma, Choshu
et Tosa. Leur sentiment anti-étranger va de pair avec leur hostilité
au Tokugawa et le souhait d’une « restauration » impériale
se résume au slogan Sonno joi « révérez votre empereur,
expulsez les barbares ! ». L’empereur demande l’expulsion
des étrangers mais le bakufu sous l’autorité du shogun
temporise puis finalement ordonne à l’armée d’engager
le combat si elle est provoquée par les étrangers.
En 1863, en représailles les occidentaux bombardent Shimonoseki et
Kagoshima. Les Japonais finissent par comprendre qu’il devient impossible
de les chasser et que tôt ou tard il faudra se mettre à l’école
de l’occident. Désormais, il y avait un Japon ouvert officiel
représenté par le bakufu (le Shogun Iemochi et son tuteur Yoshinobu)
et le japon ouvert illégal en relation avec l’Angleterre représenté
les fiefs du Sud-Ouest.
L’ère Meiji (1868 - 1912 )