Mondo : question-réponse |
« Mondo » est un outil efficace. C’est un mot japonais qui signifie : « échange, question/réponse », avec une connotation de liberté et de spontanéité.
C’est un échange de questions entre un maître et ses disciples. Cette pratique existe au Japon dans toutes les disciplines qu’elles soient culturelles, religieuses, philosophiques ou martiales.
Dans l’enseignement du jùdô, le professeur réunira ses élèves autour de lui, assis sur le tatami. Cela se fait généralement à la fin d’un cours ou à tout autre moment opportun.
Voici un témoignage :
« Quand j’étais jeune judoka, dans les années 1945-1950 les cours de jùdô ne ressemblaient guère à ceux d’aujourd’hui. Dans mon club, ils débutaient vers 17 heures 30 pour se terminer vers 22 heures, quelquefois plus tard ! La durée de chaque séance n’était pas très nette et il était fréquent que les « mordus » participent à plusieurs cours.
Il régnait alors dans le dôjô une discipline rigoureuse, en même temps qu’une grande décontraction et une grande liberté de travail. On travaillait beaucoup.
De temps en temps, assez souvent même, bien que ce ne soit ni régulier, ni systématique, notre maître nous réunissait sur un coin du tapis. Assis autour de lui, nous l’écoutions nous préciser quelque point particulier, commenter nos défauts, parler de notre attitude, de notre « mental », ou nous raconter une histoire savoureuse de l’ancien Japon, au temps des samouraïs. Nous lui posions des questions auxquelles il répondait toujours, sans se lasser. Notre soif de savoir était insatiable !
Quelquefois c’était un élève ancien ou un professeur en visite qui nous réunissaient. Les échanges étaient toujours passionnés et passionnants, souvent joyeux. Le temps passait sans que nous nous en apercevions. Nous quittions le dôjô tard ! Et encore quelquefois la discussion se poursuivait devant un pot au bistro du coin.
J’ai gardé un souvenir extraordinaire de ces entretiens. Ils étaient le complément indispensable à notre étude du jùdô, ils nous y aidaient et contribuaient fortement à notre formation.
Je ne savais pas alors que cette pratique s’appelait « mondo ». Ce mot japonais qui signifie « échange d’idées entre plusieurs personnes, questions-réponses, dialogue » signifie aussi que ces échanges ont lieu avec une grande franchise et dans un but d’approfondissement.
Après l’effort intense et la dépense d’énergie corporelle du travail sur le tapis, tout le monde est un peu fatigué, mais détendu. C’est un moment privilégié où toutes les tensions habituelles physiques et mentales disparues, l’esprit est disponible et paisible. C’est le moment où le maître lui-même est plus disponible et peut-être plus proche. C’est également le moment où l’attention est plus éveillé.
Au cours d’un mondo, la complicité entre maître et élève est peut-être plus palpable, la compréhension et l’intelligence des choses plus grande.
Un mondo est donc un échange libre et détendu où tous les sujets peuvent être abordés et toutes les questions posées… dans la mesure où elles touchent à l’enseignement du jùdô ! Comme le principe du Jùdô est tout à fait universel et peut-être appliqué à tout autre chose que la « lutte » (comme disait maître Jigoro Kano), le champ d’investigation est vaste !
C’est au cours d’un mondo que l’on peut essayer de découvrir les raisons pour lesquelles le morote « canon » de Robert ne passe plus ou pourquoi Jean se fait toujours contrer sur son O-soto-gari. Raisons techniques ou mentales… ? On peut se demander également si l’on a bien compris ce que voulait dire maître Jigoro Kano par « Jita Yuwa Kyoei » et quel est le sens exact de Seiryoku zen yo ». C’est là aussi que l’on peut découvrir comment l’étude du jùdô peut aider à la préparation du Bac ou à mieux réussir dans sa vie professionnelle. C’est là aussi que l’on peut découvrir que vaincre et convaincre n’ont pas du tout le même résultat. On peut également y discourir avec délice sur les subtilités de sen no sen.
La pratique du mondo est partie intégrante de l’enseignement traditionnel du jùdô. Il est dommage qu’une forme d’enseignement plus moderne l’ait fait oublier. Le mondo est un outil remarquable à la disposition de celui qui a la lourde responsabilité d’enseigner le jùdô. Et c’est par là, pour l’élève, un moyen exceptionnel de découvrir des notions difficiles à acquérir autrement.
Pour tous ceux qui pensent que le jùdô n’est pas seulement une technique de combat avec la victoire pour objectif mais, surtout une extraordinaire méthode de formation de l’Homme, il serait bon que le mondo redevienne « à la mode » !
C’est un des facteurs qui permettent à l’étude du jùdô de garder sa vraie dimension humaine. »
http://amt-budo.blogg.org/le-mondo-a116896212
Le moment du mondo n'est pas formalisé tout comme tous les difféentes séquences de cours. Certains élèves ne comprennent pas que le temps de mondo fait parti du cours et se représentent ce temps comme une perte de temps en bavardage inutile. Il faut donc, dans certains cas, présenter ce moment afin de ne pas laisser place au doute sur son utilité.