Modestie

"La modestie ajoute au mérite et fait pardonner la médiocrité."
François de La Rochefoucauld

"Trop de modestie retire au mérite."
François de La Rochefoucauld

La modestie (2e valeur) :
C'est de parler de soi-même sans orgueil.
Je parle de moi sans orgueil. Je sais d'où je viens, ce que j'ai fait, ce qu'il me reste à faire.

Il existe deux formes de modestie :
- la modestie affichée
- la modestie intériorisée

La modestie affichée :
La modestie affichée n'est pas liée au rapport à soi-même mais à la manière dont on se montre aux autres. C'est la retenue inconditionnel dans la manière de parler de soi. Le mot modeste signifie "petit", "faible" ou "pauvre". C'est donc une manière de parler de soi de manière à se sous-estimer volontairement :
- par manipulation (seigyo) positive des autres (respect bienveillant)
- par manipulation (seigyo) par les autres (conformité), peur de représaille
- par manipulation (seigyo) négative des autres (le plus souvent appelé "manipulation")

Par manipulation (seigyo) positive des autres :
La modestie peut être vu comme une forme de respect de la sensibilité des autres manquant de confiance en eux qui peuvent se sentir blessés par une vanité mettant en avant une trop importante réussite remetttant en question leur propre estime de soi et déclenchant par réaction de la haine de soi ou de la haine des autres.

Par manipulation (seigyo) par les autres (conformité) ou par manipulation (seigyo) négative des autres :
Cette manière d'agir est directement liée à la morale judéo-chrétienne qui veut qu'il soit plus facile de rentrer au paradis en étant "petit", "faible" ou "pauvre". C'est une culture du paraître bien et comme les autres. La vanité qui est le contraire de la modestie est souvent confondu à tort avec l'orgueil qui est un sentiment qui ne repose sur aucune légitimité autre que celle d'exister.

La modestie intériorisée : Humilité
La modestie intériorisée est liée au rapport à soi-même et pas à la manière dont on se montre aux autres. C'est de toujours se remettre en cause sur ses convictions ses pratiques et ses capacités. Elle est lié à la fierté pour ce qu'on a réalisé, justement parce que l'on a assez d'humilité pour prendre conscience que l'on a fait beaucoup pour ce que l'on est.

Recevoir des compliments :
Nous avons perdu ce réflexe si sain d’exprimer de vive voix notre considération pour ceux que nous admirons ou dont nous reconnaissons le talent. À tel point que, lorsque nous recevons nous-mêmes une parole élogieuse, nous ne savons plus comment nous comporter.

La politesse nous enseigne qu’il est de bon ton d’être modeste et discret, car ce sont des qualités nécessaires à la vie en communauté.

C’est pourquoi, lorsqu’on nous fait l’honneur de remarquer nos talents, un élan de modestie nous pousse souvent à minimiser nos mérites. Et bien même si cette réaction paraît saine et naturelle au premier abord, elle est en fait néfaste.

La fausse modestie est le début de l’orgueil

« Ne te fais pas si petit, tu n’es pas si grand »
Un excès de modestie n’est jamais que de l’orgueil déguisé, car en minimisant vos mérites, vous ne faites que grandir votre talent. Imaginez que vous félicitiez quelqu'un et qu’il vous réponde " Ce n'’était pas grand chose, j’ai juste fait ça comme ça". Une telle retenue devient indécente. C’est comme s'il disait « Imaginez les chefs-d’œuvre dont je suis capable quand je m’applique. » À force de s’aplatir devant les louanges, on finit par obtenir l’effet inverse en devenant un monstre d’orgueil.

« Il y a des modesties artificieuses et étudiées qui couvrent un orgueil secret. »
– Charles Rollin

Apprendre à accepter les compliments

Des louanges doivent être considérées comme un cadeau, et refuser un cadeau est en général considéré comme quelque chose d’impoli. Il faut donc apprendre à recevoir les éloges comme il se doit : avec sincérité

Accepter un compliment n’est pas facile. Il est facile de tomber dans l’excès inverse en faisant montre d'orgueil.

Si vous êtes digne de recevoir des compliments, alors ne les refusez pas. N’hésitez pas à les accepter et à remercier leurs auteurs, et surtout, évitez de tomber dans un excès de modestie ou de vous montrer trop orgueilleux. Soyez sincère avec les autres et avec vous même, et surtout soyez vrai.

L'humilité n'est pas la modestie affichée

Minorer ses qualités ou avouer avec franchise son ignorance sont propres à la modestie comme à l’humilité. Pourtant, il existe une différence de taille entre les deux.

Bien malin celui qui pourrait faire la différence entre humilité réelle et modestie de circonstance. Le mot humilité serait un dérivé du latin humus, « le sol, la terre » ; et modestie viendrait du latin modestia, « modération » dans le sens d'une conduite, d'un comportement mesuré, réservé. La terre pour l'humilité, le terreau sur lequel pousse la personnalité, son essence, son intériorité. La conduite, le comportement pour la modestie. L'apparence, au sens jungien du terme, le masque social, la persona.

Les cartes sont forcément brouillées car les apparences sont trompeuses. « La modestie joue souvent à l'humilité, mais, au contraire de l'humilité, elle est extérieure et en surface, plutôt qu'intérieure et profonde. Au mieux, elle est de l'ordre des bonnes manières. Ce qui fait d'ailleurs qu'une personne intérieurement humble peut parfois paraître arrogante dans sa façon de s'exprimer. La modestie implique souvent, « un art de la superficialité, peut-être même parfois de l'hypocrisie ou de l'inauthenticité ».

Entre ego et bon narcissisme

La capacité à être humble prend sa source dans le narcissisme du sujet. « Se dénigrer ou avoir des difficultés à recevoir des compliments passe parfois pour de l'humilité, alors que cela peut être l'expression d'un profond manque d'estime de soi ou une manifestation de fausse modestie de circonstance pour camoufler un ego hypertrophié. » À l'inverse, un bon narcissisme met à l'abri de l'orgueil comme de l'autodépréciation. « Avoir conscience de sa valeur et de ses limites aide à vivre dans le confort avec soi-même et avec les autres. Les talents et qualités ne sont ni " gonflés " ni diminués, les failles et les manques ne sont ni maquillés ni source de dévalorisation. »
L'humilité n'est pas de se penser " moins ", mais de penser moins à soi. Les personnes humbles sont plus présentes à elles-mêmes, et le regard qu'elles portent sur elles est plus affûté ».
La grande force de l'humilité est qu'elle rend caduc le besoin de se leurrer ou de leurrer les autres. « Elle nous conduit à reconnaître nos erreurs, à apprendre d'elles, à reconnaître et à respecter les qualités et les contributions des autres sans nous sentir menacés. Parce qu'elle est plus profonde et plus constante que la modestie, l'humilité est moins susceptible de craquer sous la pression ou les circonstances. »
Si la modestie peut se feindre, l'humilité demande, elle, un vrai travail de conscience et de construction. Elle ne peut se construire que sur une conscience de soi aussi bienveillante et lucide que possible. C'est ce qui nous permet de ne pas être brisés par les échecs ou par la confrontation avec son ignorance. Mais aussi, mesurant l'étendue de notre savoir et de notre ignorance, de nous dire et de dire aux autres " je ne sais pas " et de nous servir de cette ignorance comme moteur pour avancer. C'est même ce qui la distingue radicalement de la modestie. « Penser que l'on est toujours en position d'apprendre, de progresser, de s'améliorer, c'est cela la vraie humilité, celle qui n'a pas besoin de faire de long discours sur le mode " Je ne suis rien ou pas grand-chose ".

Flavia Mazelin Salvi en partenariat avec Psychologies (wwwpsychologies.com)

Une distinction :
- Ne pas la solliciter
- Ne pas la refuser
- Ne pas en faire état

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