Tori et Uke : |
L'entrainement en budo se déroule en deux phases :
- le duo-coopératif
- le duel-opposition
Le duo-coopératif :
Tori et uke sont les deux rôles
lors du duo-coopératif dans les arts martiaux japonais ; tori est celui
qui exécute l'exercice (qui fait l’action) et uke
est celui qui réceptionne l'action.
Lors de l'entraînement il y un contrat tacite entre tori et
uke. Tori s'engage à
mettre en confiance uke
et ne pas lui faire mal c'est à dire à le respecter
et uke s'engage à avoir confiance
en tori et coopérer.
Si tori fait mal à uke, uke
n'aura plus confiance en tori et
ne se laissera plus faire.
Si uke n'a plus confiance
en tori et ne se laisse plus faire, tori finira par faire mal à uke.
Le respect et la confiance que l'on accorde à son adversaire lors d'un combat basé sur le jùdô sont absolus et primordiaux. Grâce à cela, et malgré la grande dangerosité des prises effectuées, le jùdô est l'un des sports où surviennent le moins de blessures et d'accidents ; de nombreux pratiquants n'ont jamais connu la moindre blessure, que ce soit à l'entraînement ou en compétition, et ce même après plus de dix ans de pratique régulière. Au jùdô, les valeurs morales sont plus importantes que la technique elle-même.
Fuir c'est s'éloigner du danger. Comme dans un combat basé sur le jùdô, l'adversaire cherche à garder intacte l'intégrité physique de son adversaire, fuir un combat basé sur le jùdô n'a pas de sens.
Étymologie et signification :
Tori :
Le kanji de "tori" se compose de deux kanjis : Toru qui signifie "saisir"
et Te qui désigne la main. L'adjonction du kanji "main" a donc
changé la prononciatin du premier kanji (torute est devenu torite, puis
tori). Ce mot veut dire saisir et donc attaquer. L'action de Tori s'appelle
une "prise" et consiste à saisir l'adversaire pour effectuer
un contrôle puis une déstabilsation afin d'arriver à la
maîtrise d'Uke ;
Uke :
Le kanji de "uke"
représente deux mains s'échangeant un objet et porte l'idée
de réceptionner.
Le verbe ukeru, réceptionner,
a aussi donné le terme ukemi
qui désigne les réceptions de chutes.
Uke : Ce mot signifie réceptionner.
Rôle de tori :
Tori est le nom de celui qui exécute l'action décisive dans un
enchaînement de techniques
soit à son initiave d'attaque soit à sa réaction de défense
et/ou de riposte.
Il incarne le principe de Seiryoku
zenyo (le bon et habile usage de l'énergie). Il doit mettre
en confiance uke
et ne pas faire mal à uke.
Lors d'une projection, tori contôle uke pour :
- amener uke à tomber sur le dos pour :
-
ne pas blesser uke
-
pour sauvegarder l'intégrité physique de uke
-
pour garder la confiance
de uke
-
marquer ippon
- empêcher uke de s'échapper
Rôle de uke :
Uke est celui qui réceptionne l'action décisive dans un enchaînement
de techniques soit à
son initiave d'attaque soit à sa réaction de défense et/ou
de riposte.
Il incarne le principe de Jita
kyoei (entraide et prospérité mutuelle). Il doit
avoir confiance en tori et coopérer.
Uke doit aider Tori à progresser et ne pas être une cause de gène ou de désagrément (taijin kyofusho).
Travailler le rôle de Uke
permet de mieux comprendre les mécanismes biomécaniques de l'attaque
de Tori et donc :
- de devenir meilleur Tori en sachant comment positionner Uke
- devenir meilleur Uke en sachant
comment se positionner pour neutraliser Tori
Connaitre le mauvais placement permet de contrer et le bon placement d'attaquer.
Remarque :
Tori étant celui qui saisie et uke
celui qui réceptionne,
il serait plus interressant d'appeler tori celui qui prend l'initiative et uke
celui qui réceptionne
cette initiative.
Ainsi :
- au jùdô, le rôle de
uke serait tantôt celui qui
exécute l'action décisive tantôt l'autre
- en aïkidô,
le rôle de uke serait toujours
celui qui exécute l'action décisive
- en karaté,
le rôle de tori serait toujours celui qui exécute l'action décisive
Synthèse :
Tori est le nom de celui qui exécute l'action décisive dans un
enchaînement de techniques
soit à son initiave d'attaque (assimilateur) soit à sa réaction
de défense et/ou de riposte (hangeki, accommodateur). Uke
est celui qui réceptionne l'action décisive dans un enchaînement
de techniques soit à
son initiave d'attaque soit à sa réaction de défense et/ou
de riposte. Uke peut donc être
Bogeki (bogyo), défenseur ou Kogeki, attaquant.
Les deux modes d'adaptation à savoir l'assimilation c'est à dire
l'ajustement de la situation grâce à la capacité d'application
des connaissances de l'individu
et l'accommodation c'est à dire l'ajustement d’un individu grâce
à sa capacité d’apprentissage
se partagent bien les rôles.
On traduit souvent "Uke"
par "subir" (passif) alors qu'il signifie en fait réceptionner
(actif). Le rôle de Uke est
souvent négligé alors que celui-ci est fondamental. Il doit être
travaillé au même titre de celui de Tori (notament pour l'apprentissage
des receptions de chutes à deux).
Uke est loin d'avoir un rôle
passif. En sollicitant le partenaire, c'est lui qui permet l'action, il permet
donc au partenaire de progresser. C'est donc véritablement un partenaire
actif et pas seulement une "cible". Uke
doit donc appliquer les mêmes principes martiaux que Tori afin que l'action
soit "réaliste" : il doit bien gérer sa distance, s'engager
suffisamment dans l'action (attaque) tout en se protégeant… C'est
sa rigueur qui permettra à tori de réellement progresser. Ce faisant,
uke progresse donc lui aussi dans
la pratique, puisqu'il travaille dynamiquement. Uke
reçoit donc la technique, mais doit rester "organisé",
actif, afin d'être en mesure de retourner la situation si tori faisait
une erreur (kaeshi waza, contre-technique)
: par exemple "absorber" le coup par un déplacement afin de
ne pas être déséquilibré, relâcher sa position
afin de pouvoir se rétablir, chuter pour pouvoir se relever en s'étant
dégagé... Certains arts martiaux ou certains enseignants n'abordent
jamais le rôle de Uke dans leurs
entraînements et même dans leurs Katas.
C'est une erreur fondamentale de base. En effet, un enseignement idéal
tend à faire coïncider le plus possible la théorie à
la pratique. Hors les arts martiaux sont l'art de la guerre et donc l'opposition
entre au moins deux adversaires pensants et réactifs. Ignorer le rôle
de l'adversaire est donc ignorer l'idée même du principe de base
à savoir l'opposition à l'autre.
Même si les arts martiaux sont avant tout un travail sur soi, ils ne peuvent
s'envisager qu'à travers le travail avec les l'autres.
Le duel-opposition :
C'est la disparition des rôles de Tori et Uke
qui a pour but d'éprouver les progres effectués.