L'étude des katas et du jùdô est un acte profondément personnel qui passe de l'imitation (shu, suivre) puis la compréhension (ha, comprendre) et enfin l'appropriation et l'intériorisation (ri, adapter, améliorer, faire sien). Le concept du shu ha ri est ancien et véhicule le processus d'apprentissage de la technique d'un art par le kata. Le premier à théoriser le concept de modèle s'appuyant sur un acte corporel combinant shin ghi et tai fut Zeami (1363-1443) dans le théâtre NÔ. Shin ghi et tai n'ont pas la même intensité dans chacune des étapes shu ha ri car un travail différent s'accomplit lors de chaque étape.

Shu : Entraînement uniquement à la technique : je le fais (du 6e kyu au 2e Dan), je mémorise
Ha  : Liaison de la technique à l'esprit en tant que dimension consciente : je le pense (du 3e au 8e dan) (Jitoku), je comprend et je résoud des problèmes
Ri   : Changement de la liaison entre technique et esprit qui devient non conscient : je le sents (9e et 10e Dan), je crée
      Migatte : la sublimation de l'automatisation ou du conditionnement opérant, le lachez prise du corps (karada no oboe : la mémoire du corps)

Le passage de la compréhension Ha à la créativité Ri passe par la résolution de problèmes : mondaikaiketsu (mondai : problème ; kaiketsu : résolution) tel que le Yaku Soku Geiko, le Kakari Geiko, le Randori et le Shiaï.

Cette notion est à rapprocher de la manière dont l'information circule :
- connaître (Shu) : preuve, je peux le montrer
- adhéré (Ha) : preuve, je l'utilise en combat notamment en compétition
- transmettre et donc repenser (Ri) : preuve, je l'enseigne

"Dis-moi et j'oublierai, montre-moi et je me souviendrai, implique-moi et je comprendrai"
Confucius

"J'ai vu, je connais, je maîtrise"
Inconnu

Les grades indiqués sont le reflet de la progression globale de toute une vie (do mu kyoku).

Il n'est cependant pas nécessaire d'attendre le 3e dan pour commencer à comprendre et le 9e dan pour créer son propre style. L'enseignement doit mettre en avant l'aspect structurel (quoi ?; shu) mais aussi l'aspect fonctionnel (comment ?; ha) et laisser place à la créativité (pourquoi ?; ri)

"On apprend lorsqu’on est jeune et on comprend avec l’âge"
Marie Von Ebner-Eschenbach

Ce concepte peut-être comparer dans une certaine mesure du Jo-ha-kyù (introduction, développement, conclusion) :
Jo-ha-kyu est un concept de la musique, des arts scéniques et de l’esthétique japonais. Il a été appliqué dans de nombreux arts, comme la danse bugaku, le théâtre nô, la poésie renga, les arts martiaux, ou encore la cérémonie du thé.
Il s’agit de définir le rythme et les changements de rythmes d’une représentation de façon ternaire :
- introduction lente (jo),
- développement avec accélération (ha)
- conclusion rapide (kyu)
le tempo et l’intensité allant crescendo jusqu’au final. Le développement (ha) introduit généralement une rupture qui prépare, après une transition, au dénouement (kyu). Le jo-ha-kyu peut être appliqué pour la structure d’une séquence technique de kata.

En caligraphie : Shin-gyô-sô
1- shinsho : écriture kanji standard
2- gyôsho : écriture kanji semi-cursif
3- sôsho : écriture kanji cursif "herbe"

Sur les 3 niveaux :
Le progrès d'une adhésion rigide à la forme vers quelque chose de détachée du formelle, spontanée et naturelle