Ri

Shu Ha Ri

Stade Mushin : esprit délivré :
C'est le "stade ultime" par opposition à "ushin", c'est l'esprit sans entrave.
RI (9e et 10e Dan) Le terme ri signifie en japonais se détacher, s'écarter, s'éloigner.
À mesure que l'acte de destruction du kata s'accentue par le biais de l'analyse (ha), on parvient à une sensation de vide et on désire en faire l'exécution grâce à une profonde sensation de liberté provoquée par l'affranchissement de l'hésitation nécessaire à la réflexion. C'est l'étape où se crée un nouveau kata "mûri par le temps". On exécute la technique au bon moment sans avoir à réfléchir, libéré de toutes pensées pour atteindre la fluidité.
C'est le "stade ultime" où l'on sent parfaitement les techniques et où l'on créer son propre modèle. Ce stade est marqué par l'équilibre entre le Shin, le Ghi et le Tai. qui fusionnent pour ne faire qu'un, c'est à dire le kata. On appelle aussi le mi (corps) katte (par lui-même)
Migatte : l'automatisation ou du conditionnement opérant, le lâchez prise (shikata ga nai) du corps (karada no oboe : la mémoire du corps)
L'exécutant ne se concentre plus alors sur la technique mais sur l'intensité de son énergie (ki).

Le moi
Gère la stratégie, prend des décisions, s'adapte aux changements et essaie d'améliorer l'environnement
Le ça et le surmoi
Gére les affaires habituelles, communes.
20% du temps au plus
Au moins 80% du temps

On rentre dans un état mental appelé Muga-mushin. Cet état ne s'atteint toutefois qu'au terme d'une longue expérience. Muga-mushin signifie "pas de moi, pas de pensée". C'est le moi qui est objectivé. C'est un état d'indifférence qui libère de la conscience des actions accomplies. Dans cet état, l'esprit résout les problèmes de façon pour ainsi dire automatique. Il correspond à ce que le bouddhisme appelle un état de viduité. On y est libéré de toutes les pensées et de tous les sentiments qui entrave les l'exercices de n'importe quelle technique et l'on y revient à son "âme originelle" délivrée de ses servitudes corporelles. On ne voit plus l'adversaire mais on se confond avec lui en mouvement et en pensée. On sait inconsciemment quand et comment agir de manière naturelle.

C'est le stade où vous ne saurez plus, si c'est votre corps ou votre esprit qui agit (myôwaza).

Voici une anecdote à ce propos. Lors de l'exécution du Nage no Kata pour la cérémonie du nouvel an au Kôdôkan, Toshiro Daigo, huitième dan et professeur au Kôdôkan, fut victime d'une erreur de son Uke, un septième dan, qui entama les Ma sutemi waza par une attaque en coup de poing au lieu de venir saisir Tori pour Tomoe Nage. Mais Toshiro Daigo sut réagir efficacement. Ne pouvant exécuter la prise de jùdôgi nécessaire à son Tomoe Nage, il entra dans le mouvement de Uke et le projeta logiquement en Ura Nage, qui était en principe la technique à exécuter juste après Tomoe Nage. Puis il exécuta Ura Nage à gauche. Ensuite seulement, il put exécuter Tomoe Nage, suivi de Sumi Gaeshi, qui est la troisième projection de la série. Mais l'intensité de ses actions réflexes et la profondeur de son jùdô étaient telles, et sa réaction fut si bien coordonnée, que de nombreux spectateurs crurent d'abord que Tomoe Nage avait eu lieu normalement. Ce ne fut que lorsque Tomoe Nage fut ensuite exécuté qu'ils réalisèrent ce qui s'était passé.

Le cerveau est souvent assimilé à "l'esprit" et le reste du corps au "corps" alors que le cerveau n'est pas l'esprit mais une partie du corps dans lequel il réside, entre autre, l'esprit (la conscience de soi, la volonté).
Tout ce passe comme s'il existait 3 parties dans le cerveau :
- une partie du cerveau qui gère toutes les fonctions vitales (dont les émotions et les envies) de manière totalement inconsciente non dirigé par la volonté
- une partie du cerveau qui gère les fonctions automatiques semi-consciente non dirigé par la volonté (migatte) et qui font l'objet d'un apprentissage
- une partie du cerveau qui gère la conscience totalement dirigé par la volonté

Entre le moment du hajime et de la saisie du kumi kata il existe un moment d'observation en déplacement des deux combattants afin de mettre en place mentalement cette partie semi-consciente.

Le migatte et la partie de conscience totale dirigé par la volonté sont en réalité des phénomènes simultanés qui sont plus ou moins marqués selon la situation.

Par exemple, le jeu d'acteur est une des manifestations du migatte. L'acteur cherche à effacer sa partie de conscience totale pour laisser parler son corps à force de travailler son rôle. Dans les arts martiaux chinois, les postures de base sont divisées par l'imitation d'un animal (tigre, dragon, grue, etc.) pour se battre comme s'ils étaient cette animal. La respiration est l'activité physique par exellence qui est automatique la plupart du temps mais qui est conscientisée en cas d'activité plus intense ou par la seule volonté. Le processus inverse à savoir repasser à un niveau de respiration inconsciente est directement impossible. Indirectement, par changement de préoccupation (souci vif et constant qui absorbe l'esprit au point de le détourner d'autres objets), ce passage est possible par la maîtrise des émotions.

Le migatte engendre un mouvement à la fois puissant (ressemblant à une explosion mentale) et précis.

Comment déclencher le migatte :
- la concentration sur une action par visualisation et maîtrise des émotions
- une position relachée naturelle shizentaï debout, mais aussi en position assise ou couchée
- l'écoute de ses sensations
- le passage à l'action lorsque la sensations devient forte

Chokkan : l'intuition, l'instinct, le pressentiment :
L'intuition, l'instinct, le pressentiment (chokkan) peut également être expliqué par ces fonctions automatiques semi-consciente.

Ces fonctions automatiques semi-consciente peuvent également être rapprochées du phénomène de la lecture automatique où on ne ce concentre plus sur les lettres, les mots mais sur le discours produit. La conscience est remplacée par un calcul de probabilité du cerveau qui se met "hors ligne" (off line) comme dans le phénomène des neurones miroir et effectue des simulations mentales inconscientes.

Essayer de redescendre de l'état de transcendance à l'état de décomposition du mouvement en éléments plus basiques afin de les enseigner (ou de les rectifier) peut s'effectuer en étant l'observateur ses ses propres mouvements afin de les dépeindre à son élève. Cette redescente peut également effrayer par peur de ne pas pouvoir retrouver l'alchimie initiale du mouvement en cherchant trop à le décomposer.

Shin
relation inconsciente
Ghi


Ce stade est dominé par la compétence inconsciente.

Cette notion est à rapprocher de la manière dont l'information circule :
- connaître (Shu) : preuve, je peux le montrer
- adhéré (Ha) : preuve, je l'utilise en combat notamment en compétition
- transmettre et donc repenser (Ri) : preuve, je l'enseigne