L'histoire du jùdô
en Midi-Pyrénées |
"Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné
à la revivre."
Karl Marx
"Plus loin on regarde vers le passé, plus loin
on voit vers l'avenir"
Winston Churchill
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié"
Rose Bertin
Le jùdô
s'est développé à partir d'une poignée de personnes
qui ont très vite compris les vertus éducatives de cette discipline,
à la fois sport et art martial.
Sans ces pionniers, passionnés, curieux et entreprenants, l'aventure
du jùdô français,
et en particulier dans le Midi Toulousain, n'aurait pas eu lieu.
Il est donc normal qu'un hommage leur soit rendu car c'est grâce à
eux que nous pouvons perpétuer la passion du jùdô.
Plus que jamais pour que le jùdô
continue de se développer il faut entretenir leur élan originel
: curiosité, enthousiasme, ouverture, initiative... Le jùdô
moderne ne doit en aucun cas nier ses racines et ses traditions mais au contraire
s'en nourrir. À côté de la pratique du sport de compétition,
il faut redonner force et vitalité au jùdô
technique, au jùdô
loisir, au ju-jitsu. Le jùdô
est une discipline multiforme qui peut se pratiquer de 7 à 77 ans dans
la mesure où on trouve du bonheur à être sur un tapis.
Pour donner ce bonheur lorsqu'on est dirigeant ou enseignant de club, il faut
s'inspirer de nos illustres prédécesseurs.
Source : http://serge.conesa.free.fr/pionniers1.htm
L'histoire nous apprend une analogie certaine entre l'apparition
du jùdô à Paris en
1935 et à Toulouse en 1945.
Toulouse va jouer un rôle important dans l'évolution du jùdô
au sein du territoire.
1- De la découverte du jùdô
à nos jours
1-1 L'arrivée du jùdô
à Toulouse
Juin 1945 Sous la direction de Gilles
Maurel assisté de M. Pierre
Landetcheberry s'ouvre à Toulouse le premier club de jùdô
de la région. Il s'agit du club Omnisport ASPP (association Sportive
de la préfecture de police).
MM. Gilles Maurel et
Pierre Landetcheberry
sont des élèves de M. Robert
Sauveniere, professeur renommé, pionnier du jùdô
en France avec l'arrivée de M. Kawaishi
(dont il se détournera quelques années plus tard, préférant
la technique préconisée par le Budokai de Londres). C'est M
Kawaishi lui-même
qui reconnaît officiellement le club Omnisport ASPP.
Gilles Maurel
va obtenir sa ceinture noire, la première de la région et la
52e en France le 1er juin 1946.
C'est au travers de ses cours qu'un nombre important de jùdôka
ont obtenu à leur tour la ceinture noie 1er dan. Parmi eux citons :
M. Angevin Raymond
en 1949
M. Brousse Pierre
en 1951
MM. René Dueguez et Roger
Claverie en 1952
M. Maronnie Jacques qui
donnera son nom à la Maison du jùdô
en 1994.
M.Nectoux créateur en 1966 du Collège Régional des ceintures
noires en collaboration avec André
Zoveda).
Début 1946, M. Pierre Landetcheberry crée et préside son propre club de jùdô, le jùdô club de l'Olympe, toujours à Toulouse, et au sein duquel participent une dizaine d'étudiants. Parmi eux Jean Laur, Marc Costerousse, Louis et Georges Lasserre.
Ceux-ci s'interessent très vite par ailleurs et tout particulièrement à l'origine du jùdô et à sa technicité. Leur curiosité les conduit en Angleterre, précisément au Budokai de Londres où un japonais Gunji Koizumi pratique un jùdô très différent de celui enseigné en France par M. Kawaishi mais également en Argentine ou au États-Unis.
1947 Pierre Landetcheberry décide de quitter Toulouse pour l'Argentine. Il confie la direction du club à Georges Lasserre. Le dôjo déménage et s'installe 5 rue Matabiau, dans une salle de gymnastique d'avant garde. Le tapis est constitué de plaques de caoutchouc posées à même le planche ce qui représente un progrès relatif par rapport aux anciennes surfaces de combats constituées de sciure sur laquel est tendue une bâche. Le jùdô club de l'Olympe se développe très rapidement et nous y trouverons entre autres Robert Lasserre, Charles Alegre de la Sougole (premier président de centre culturel), Roger Camous, Jean Deredempt, Aintoine Osete (deuxième président), André Deforges...
En 1949, les membres du club de l'Olympe décident l'ouverture
d'un nouveau club dont le nom sera Shudokan qui prend ses fonctions le 1er
janvier 1950.
Ce club est créé afin de permette à ses adhérents
d'être le plus proche possible de l'idée originelle du jùdô
pensé par Jigoro Kano.
Le 28 novembre 1951, Ichiro Abe (6e dan) est accueilli au port de Marseille par Georges Lasserre. Plusieurs fois finaliste du championnat du Japon, il a été spécialement choisi par les dirigeants du Kodokan pour enseigner le jùdô avec sa technique et son esprit véritable. Son jùdô va constituer un véritable révélation : finesse, technique, rapidité, pureté des mouvements, style, élégance et efficacité.
Par la suite, le centre Culturel Shusokan poursuit son développement avec l'appui d'André Billert, Directeur de la jeunesse et des Sports et sous la présidence d'Antoine Osete. Il s'installe en 1959, rue Jacques Labatut dans des locaux spacieux et spécifiquement adaptés à la pratique du jùdô, et mis à la disposition par la Mairie de Toulouse.
C'est ainsi qu'à partir de 1950, 22 jùdôkas
de très haut niveau - japonais et coréens - dont la première
femme japonaise médecin - vont être boursiers au Centre, pour
des séjours de 1 à 5 ans.
À noter qu'un jùdôka français, Jean-Pierre Giroux,
a bénéficié d'une bourse au Centre pour effectuer un
séjour d'une année au Kodokan
à Tokyo et poursuivre ses études d'architecture à l'Université.
Cette orientation est soutenu par une pensée forte pour
l'épanouissement de l'individu par le sport. Elle s'insrit dans la
ligné tracée par Pierre de Coubertin pour le sport et Jigoro
Kano pour le jùdô.
C'est aussi à cette époque (1952) que Guy
Pelletier jùdôka renommé et membre de l'équipe
de France participe à ces stages dirigés par Ichiro
Abe. Son influence auprès des tendances toulousaines de l'époque
va être déterminante pour la mise en place d'un jùdô
préconisé par le Kodokan.
Le 07 janvier 1952, Gilles Maurel met en place le 1er gala de jùdô de la région. À cette époue, le jùdô est pratiqué par environ 200 licenciés. Ce gala, organisé à la Halle aux grains de Toulouse voit la venue et ce pour la première fois des japonais célèbres à savoir MM. Kuriara, Mashisuki, Kawaishi et Awazu.
Ce gala obtint un succès considérable puisqu'on
y dénombre plus de 5 000 spectateurs.
Le lendemain, sous l'autorité de Gilles
Maurel et avec l'assistance M. Kawaishi,
le premier passage de grades de la Ligue est organisé et désigne
une douzaine de professeurs. Parmi ceux-ci, nous relevons le nom de Lafont.
Vu le succès du gala et du nombre toujours croissant de nouveaux jùdôka, un nouveau club ouvre ses portes en 1952. Pacé soi le direction de Louis Subrin, ceinture maron, il s'intitule le jùdô Club de Toulouse.
En 1953, MM. Camille Guiral,
Lafont et Louis Subrin
vont au passage de grades à Paris (les 2 premiers en scooter), en vue
d'obtenir leur ceinture noire.
À cette époque les épreuves se déroulaient au
dôjo National Boulevard A. Blanqui) sans catégorie de poids et
en 3 épreuves :
- kata
- interrogation technique (5 questions)
- compétition : 4 combats de1 minute avec 3 ippon obligatoires (les
Waza-ari n'existant pas).
Le 06 ars 1954, Gilles Maurel organise le 1er Championnat de France de Police après un accord préalable de la FFJ.
Début 1952, M. Lasserre reçoit une délégation du Kodokan au Shudokan amené par Risei Kano (fils de Jigoro Kano). Elle comprenait M. Tashiro, Matsumoto (7e dan), Daigo (6e dan) champion du Japon. Ces derniers exécutèrent pour la première fois en Europe tous les Katas.
Durant la période 1957 à 1961, les jùdôka de la région bénéficient de l'enseignement d'un Haut Gradé japonais, Haku Michigami 7e dan au travers de stages suivis régulièrement par un trentaine de ceintures noires.
Ce dernier dirigeait le jùdô
en Ligue sud-ouest et assumait la tâche de Directeur Technique de la
Fédération Nationale de jùdô
Sportif (à sa création).
Il va doncavoir une infuence certaine sur un grand nombre de jùdôka
de la région.
La Ligue Midi-Pyrénées de jùdô
Traditionnel organise également un certain nombre de challenges ou
de démonstrations particulières.
Louis Subrin, 1er président de la Ligue suis l'égide de la F.F.J.D.A., met en place le premier passage de Ceintures Noires dirigé par Haku Michigami début 1956. Il est initiateur au Palais des Sports de Toulouse le 17 avril 1956 du 1er Gala organisé par la Ligue avec la participation de Haku Michigami, de Tadashi Abe.
En liaison avec la F.F.J.D.A., il œuvre pour la présence effective pendant un an (1959) au sein de la Ligue d'un japonais 4e dan Take Hiraoka (ingénieur chez Mitchubichi).
Au terme de son contrat avec le Shudokan, Ichiro
Abe quitte Toulouse pour enseigner le jùdô
en Belgique.
En 1956, Louis
Subrin (2e dan) se rapproche de MM. Bonet
Maury et Pimentel et donc de
la F.F.J.D.A.
Louis Subrin
provoque plusieurs réunions auxquelles assistent toutes les ceintures
noires. Les débats placés sous l'autorité de Gilles
Maurel consistent à choisir etre l'adhésion à la
Fédération du Kôdôkan
préconisée par Gilles
Maurel et l'adhésion à la F.F.J.D.A.
préconisée par Louis
Subrin.
L'entente ne pouvant se réaliser (elle le deviendra 2 ans plus tard),
Louis Subrin
initie la création de la Ligue du Languedoc de la Fédération
Françase de jùdô
et ce le 12 avril 1956 à Toulouse. Le siège est fixé
15 rue Lafaille. Le comité Directeur élu est alors composé
de :
Louis Subrin,
président
Guiral Camille,
vice-pésident
Duros Max, secrétaire
général
Castan Serge, secrétaire adjoint
Brousse Pierre,
trésorier
La gestion financière des premières années fut extrèmêment difficile, la Ligue ne survivant que grace aux dons, aux cotisations clubs et aux sacrifices financiers des ses dirigeants. Le budget était de l'ordre de 200 000 (anciens) francs.
La Ligue du Languedoc regroupe les 8 départements actuels.
Durant les années 56 et 57, les dirigeants de la Ligue et les ceintures
noires membres vont se déplacer dans tous les départements à
titre totalement bénévol, afin de faire évoluer le Jùdô.
Parmi les clubs les plus importants créés, nous pouvons citer :
le TEC
l'Avenir St Cypriens
le Jùdô Club de Toulouse
le TUC
le TAC
le Jùdô Club de Lavelanet
le Jùdô Club de Saverdun
Jùdô Club de Foix
le Jùdô Club d'Albi
le Jùdô Club de Carmaux
le Jùdô Club de Millau
Par ailleurs un certains nombre de ceintures noires vont effectuer
un stage au sein même de l'INS :
MM Francino, Larudelli, Beaufort, Villeneuve, Guinard, Castan, Dirat, Pujol,
Ragognetti, Barthelemy
Les résultats sportifs ne vont pas tarder.
En 1957, le Jùdô Club de
Toulouse accède au quarts de finale du Championnat de France aréquioe
de club ceintures marron).
L'équipe était composée de Campillo, Huguier, Pujol,
Guinard et Étienne fils de Gaston Étienne futur Secrétaire
Général de la F.F.J.D.A.
et neveu de Aimé Étienne futur Directeur Administatif de la
Ligue.
En 1959, M. Guinard (TUC) est en quart de finale du Championnat de France.
En 1961, M. Dufer est en demi-finale du Championnat de France.
En 1962, Jacques Loumagne,
un des plus jeunes ceinture noire de France (à l'âge de 16 ans)
est 3e de la Coupe de France Espoirs. Il sera présélectionné
olympique (aux jeu de Tokyo).
En 1958, M. Subrin cède la place de Président à M. Laudet tout en assurant le poste de Secrétaire Général. Durant cette Olympiade, M. Claverie va être promu CTR (en 1962).
Juin 1960 va voir la consolidation de la Ligue du Laguedoc (par
rapport à l'indépendance souhaité par l'organisation
Shudokan) et ce à l'issue d'une entrevue à Paris entre :
les responsables du Shudokan MM. Osette et Lasserre
le Président de la Fédération M. Pimentel
le Ministre M. Subrin
le Secrétaire de la Ligue M. Subrin
M. Paupy succède à M. Laudet en 1962 avant de
céder la présidenceà M. Debaissieux en 1969.
Ce dernier confie le poste de trésorier à M. Loubet auquel se
substituera M. Deredempt en 1974. Le secrétariat est quant à
lui assuré par M. ÉTIENNE qui cèdera sa place à Jean
Carlet en 1979. M. Debaisieu va œuvrer pour la réunification F.F.J.D.A.
et FNJS. Sur le plan régional, elle va intervenir en 1972. Il va consacrer
son énergie à la consolidation et à la mise en place
des Comités Départementaux, qui verront le jour respectivement
:
en 1968 pour l'Aveyron, le Gers et le Tarn et Garonne
en 1969 pour les Hautes Pyrénées et le Tarn
en 1970 pour la Haute-Garonne
en 1972 pour le Lot
en 1973 pour l'Ariège
Il va par ailleurs mettre en place une École des Cadres confiée à Jacques Seguin ainsi que la CORG régionale confiée à A. Etinne (lequel cèdera sa place le 2 octobre 1982 à M. Barthélémy qui lui-même sera remplacé en 1991 par M. Égéa.
En parallèle, M. Peiffer, Président de la F.F.J.D.A., déigne Pierre Brousse comme Délégué régional du CNCN et lui confie la mission de structurer les collèges départementaux. Ce sera chose faite le 25 avril 1981.
C'est ainsi que les Départements seront présidés
respectivement par :
En Ariège M. J. Deredempt, pui M. Fucho
En Aveyron M. Phoenix
Dans le Gers M. Lafont
En Haute-Garonne M. Seguin
En Hautes-Pyrénées M. Loncamps, M. Higuet puis M. Berte
Dans le Lot M. Signat puis M. Lafage
Dans le Tarn M. Barthe puis M. Lapeyre
Dans le Tarn et Garonne : M. Cabanne,
M. Chaubard puis M. Égéa
L'évolution du jùdô est très importante et atteint les 7000 licenciés dès 1980, date à laquelle J. Carlet embauche une secrétyaire administrative : Madame Henna qui 15 années durant (1980/1995) va assister avec dévouement et compétence les différents élus de la Ligue.
Toujours sous la Présidence de M. Debaisieux, M. J.L. Juan en provenance de Montpellier va remplacer M. Claverie en 1970, en tant que CTR.
Le dynamisme de J.L. Juan va être déterminant dans
l'évolution du Jùdô
dans la région ainsi que sur sa structure. Il va être initiateur
de la mise en place de la Commission Régionale d'Arbitrage, devenant
lui-même arbitre international, être nommé Conseiller Technique
Interrégional, puis Directeur Technique National de la Principauté
d'Andorre et fin 96 Responsable de la Commission Nationale d'Arbitrage au
sein même de la F.F.J.D.A..
C'est aussi sous la présidence de Mr Debaisieux qu'un Dôjo
Régional va voir le jour à Toulouse, après un accord
négocié avec la ville de Toulouse. L'inauguration aura lieu
en 1980.
Le 23 septembre 1983, Jean Baute succède à M. Debaizieux, victime d'un accident en décembre 1982, (l'intérim ayant été assuré par Jean Carlet. Au cours de cet inrérim, un 2e CTR, M. Leleu Ménassier va rejoindre Jean-Louis Juan au cours de la saison 1983).
Le secrétaire de la Ligue est André Garrido et
le trésorier est Louis
Destouesse qui seront remplaçé lors de la future olympiade
(en 1988) par M. Ortyl et Mlle
Palomba.
Durant 2 Olympiades, J. Baute vapoursuivre l'action promotionnelle du Jùdô
tout en structurant la Commission d'arbitrage et en mettant en place une formation
continue (à Barbazan).
Un 3e CTR va rejoindre la Ligue en la personne de Pascal
Moréno (lequel cessera ses fonctions en 1994).
Au cours de son mandat, J. Baute va transférer le siège de la
Ligue situé à Léo Lagrange à la Maison du Jùdô.
Le 24 juin 1987, M. Baute propoe et obtient de l'assemblée Générale
une nouvelle appellation de la Ligue qui devient donc Ligue Midi-Pyrénées
de Jùdô.
Jean Carlet succède à J. Baute en 1993 et confie
le secrétariat de la Ligue à Jean Louis Diez et la trésorerie
à André Barreau.
Dés le début de l'Olympide, ils vont organier une grande rencontre
internationale pour la 1re fois à Toulouse regroupant plus de 30 internationaux,
champions du Monde ou Olympiques issus de l'équipe du Japon, de Cuba
et de France.
Jean Carlet va consacrer ses efforts à l'organisation qualitative et
quantitative de la ligue tout en assurant une gestion rigoureuse et informatisée.
Axant se objectifs premiers sur l'Enseignement et tout en s'appuyant sur une
Commission Technique Régionale animée par J.
L. Juan, il va œuvrer pour la mise en place d'une formation Modulaire
plus adaptée aux jùdôka enseignant dans les clubs de la
région et non titulaires du Brevet d'État.
Il va développer le Centre de Perfectionnement
et de Technique Régional dirigé par Jacques
Seguin. Ce dernier va se voir officialiser Cadre Technique au travers
d'un protocole conclu entre la Ligue, la Direction Régionale Jeunesse
et Sport et la Fédération.
Toujours au CREPS de Toulouse, J. Carlet va créer un Centre Régional
d'Entraînement du Jùdô
officialisé par la Fédération en 1994. Ouvert à
l'élite régionale Cadets, Espoirs, Juniors, il offre à
ces derniers la possibilité de poursuivre des études secondaires
au demeurant couronnées de succès.
Fin 1996, le centre recense 25 jùdôka régionaux. Il est
placé sous la responsabilité du CTR Pierre Leleu Ménassier.
J. Carlet va multiplier les actions de communication nécessaires en
regard des quelques 300 clubs que rassemble la Ligue en fin d'Olympiade. À
l'issue de celle-ci la Ligure va recenser son 20 000e licencié.
la fin de l'Olympiade, il va être initiateur des cérémonies
du cinquantenaire commémorant la naissance du Jùdô
dans la Région.
Il va aussi accueillir le 1er septembre 1996 un autre CTR : Marc Delvingt (4e dan).
Structuration de la ligue au 30 juin
1996
(dont le compte d'exploitation est d'environ 1,3 MF)
Membres du Comité Diecteur :
Azalbert Joseph | Haute-Garonne | Higuet Henri | Hautes-Pyrénées |
Barreau André | Haute-Garonne | Lavigne Christian | Gers |
Barthe Michel | Gers | Morisset Bruno | Ariège |
Barthe Francis | Tarn | Navarro Octave | Tarn |
Carlet Jean | Lot | Palop Robert | Hautes-Pyrénées |
Condominès Hervé | Tarn et Garonne | Puginier Jacques | Gers |
Diez Jean-Louis | Haute-Garonne | Ramondenc Bernard | Aveyron |
Fieuzet Jean-Pierre | Haute-Garonne | Zoveda André | Haute-Garonne |
Gourdou Béatrice | Tarn et Garonne | Olivier Jean-Pierre | Aveyron |
Thirion Jean (Kendô) | Haute-Garonne | (Représentant du Kendô) |
Bureau :
Président | Jean Carlet |
Secrétaire | Jean-Louis Diez |
Trésorier | André Barreau |
Conseiller Juridique | Maître Tudela |
Commissaire aux Comptes | M. Gimenez |
Expert Comptable | M. Pironet |
Secrétariat Administratif :
Katia Foissac | Virginie Slowik |
Responsable Commission Nationale des Ceintures Noires : Pierre Brousse
Responsable Comité d'Organisation Régionale des Cadres : Ramon Egéa assisté de Jean-Pierre Mona secrétaire.
Correspondants départementaux :
Ariège | M. Tisseyre | Lot | M. Husson |
Aveyron | M. Saque | Hautes-Pyrénées | M. Cazeaudebat |
Haute-Garonne | M. Cid | Tarn | Mme Delpoux |
Gers | M. Lafont | Tarn et Garonne | M. Gely |
Responsables des Commissions :
Commission Technique :
CTI | Jean-Louis Juan |
CTR | Marc Delvingt |
Pierre Leleu Ménassier | |
Cadre Technique | Jacques Seguin |
Département Enseignement et Perfectionnement | René Roques |
Département Organisation Sportive | Henri Frutos |
Commission Régionale d'Arbitrage | Ahmed Chabi |
Commission des commissaires Sportifs | Jean Deredempt |
Commission Médicale | Hervé Condominès |
Commission des Handicapés | Martine Desplans |
Commission des Distinctions | Alexis Mercier |
Commission des Sages | André Lafont |
Commission des Présidents Départementaux | Francis Barthe |
Commission de Discipline | Joseph Azalbert |
Présidents départementtaux :
Ariège | Bruno Morisset |
Aveyron | Jean-Pierre Olivier |
Haute-Garonne | André Zoveda |
Gers | Michel Barthe |
Lot | Luc Jubert |
Hautes-Pyrénées | Patrick Lascoumettes |
Tarn | Francis Barthe |
Tarn et Garonne | Hervé Condominés |
Responsables des Collèges départementaux :
Ariège | M. Fucho | Lot | M. Lafarge |
Aveyron | M. Phénix | Hautes-Pyrénées | M. Berte |
Haute-Garonne | M. Seguin | Tarn | M. Lapeyre |
Gers | M. Lafont | Tarn et Garonne | M. Gely |
Les champions :
Liste des athlètes licenciés au sein de Midi-Pyrénées
ou ayant été licenciés à leur début en
Midi-Pyrénées, qui figurent au 30 juin 1996 sur la liste des
athlètes de Haut Niveau arrêtée par la F.F.J.D.A..
(Source F.F.J.D.A."Info
Officielles" n° 16 du 18 juin 1996)
Hommes : | |||
- 65 kg |
Campargue Benoit | ex. JC Rodez | Aveyron |
- 71 kg
|
Henric Jérôme | ex. JC Fronton | Haute-Garonne |
Kheder Ferrid | ex. Fujikaï | Tarn | |
- 78 kg |
Cassan Philippe | ex. Millau | Aveyron |
- 95 kg
|
Fauroux Éric | ex. Stade Toulousain Jùdô | Haute-Garonne |
Garbe Frédéric | ex. SBJ | Haute-Garonne | |
Femmes : | |||
- 48 kg |
Meloux Sylvie | Foix | Ariège |
- 52 kg |
Tignola Laëticia | Foix | Ariège |
- 61 kg |
Dauriac Alexandra | ex. Roquette | Haute-Garonne |
- 66 kg
|
Gourdou Béatrice | JJJCM | Tarn et Garonne |
Sos Sandrine | ex. Lagardelle | Haute-Garonne | |
-72 kg |
Taillandier Julie | Saint-Exupéry | Haute-Garonne |
L'implantation du jùdô dans le grand sud-ouest Le 25 octobre 1962 est publié au Journal Officiel un arrêté précisant les conditions d'attribution du grade de "ceinture noire" et des différents degrés, les dan. Dans l'article 2, on peut lire : Les différents "dan" de la ceinture noire comportent
deux parties : L'article 3 officialise les "dan-compétitions" attribués par la Fédération Française de Jùdô et Disciplines Assimilées, "à l'exclusion de tout autre groupement". Ces décisions et la formulation dont elles font l'objet traduisent le malaise et la division du jùdô français. Au début des années soixante, deux tendances s'opposent. L'une est fédérale et défend une orientation sportive, l'autre, représentée par le Collège National des Ceintures Noires, souhaite privilégier le maintien des traditions. Mais les ambiguïtés, voire les contradictions, sont nombreuses. La définition de "dan-compétition" est un exemple. La création par les dirigeants du Collège National des Ceintures Noires d'une Fédération Nationale de Jùdô Sportif, le 23 mai 1960, en est un autre. A l'évidence, le conflit des approches n'exclut pas les antagonismes et les luttes d'intérêts, mais cette scission révèle une crise profonde. En réalité, l'opposition des conceptions pose un problème fondamental : celui de l'identité du jùdô français, L'unité initiale construite autour de la personnalité et de la méthode du professeur Kawaishi avait déjà cédé, une première fois, la place à la contestation lors de la venue à Toulouse, en 1951, d'un Japonais brillant qui, en transformant la pratique des jùdôka de l'époque, les guida vers de nouveaux horizons techniques. Succédant à la "guerre des méthodes", la "guerre des grades" fit de Bordeaux, en raison de la présence d'un autre Japonais charismatique, le centre du jùdô traditionnel. Ces deux événements, les plus marquants de l'histoire du jùdô français, ont trouvé leur origine dans le Languedoc et l'Aquitaine. Pour autant, le jùdô du grand Sud-Ouest est-il le jùdô de la dissidence ? La question que nous posons ici est celle de sa spécificité, Notre hypothèse, dans l'étude de cette singularité, est que les caractéristiques du développement du jùdô dans cette région sont à l'origine... d'une alternative au modèle parisien. Pour cela nous analyserons l'implantation et la diffusion du jùdô en province sous l'angle des structures et de la culture du corps et de l'esprit. Nous verrons ensuite les raisons pour lesquelles les options offertes par Toulouse et Bordeaux se heurtèrent au modèle fédéral. Le modèle parisien La première structure officielle fondée pour organiser le jujutsu et le jùdô en France date de 1943. Rapidement cette section de la Fédération française de lutte prend son indépendance et devient, fin 1946, la "Fédération française de jùdô et jiu-jitsu". L'existence d'une organisation nationale ne doit pas masquer le caractère confidentiel et essentiellement parisien de cette discipline. L'estimation du nombre d'adeptes et des lieux de pratiques peut être faite à partir d'une exploitation secondaire de l'Annuaire Officiel du Jùdô International. Publié sous la direction d'Henri Plée, ce recueil donne une image précise et fiable du jùdô en 1947.1 Réalisé dans un esprit de communication et d'entraide, ce document rassemble notamment des informations diverses sur les clubs (bref historique, lieux, horaires, superficie du tapis,..,) et sur les pratiquants (nom, adresse, profession). À de rares exceptions dûment mentionnées, tous les professeurs de jùdô participèrent avec enthousiasme à cette entreprise. Près de 4 500 personnes sont enregistrées, mais la répartition géographique des pratiquants est très inégale et près de 75 % de l'ensemble se trouve concentré sur Paris et la région parisienne. Répartition géographique de l'ensemble de la population des pratiquants de jùdô de l’annuaire de 1948 Source : Annuaire Officiel du Jùdô International, Paris, AMI, 1948. En province, il n'existe que quatre associations rassemblant plus de 150 adhérents : le Jùdô Club de Provence à Marseille, le Jiu-Jitsu Club de Bordeaux la section jùdô de l'Association Sportive de la Police de Toulouse et l'École Militaire d'Escrime et des Sports de Combat d'Antibes.2 Le point commun entre la majorité des associations de province est la relation souvent étroite qu'elles entretiennent avec les structures sportives de la police ou de l’armée. Jean Zin à Marseille, Gilles Maurel et Pierre Landetcheberry à Toulouse, Roger Duchêne à Lille,... sont des fonctionnaires de police qui enseignent dans des structures mixtes ouvertes aux civils.3 Source : Annuaire Officiel du Jùdô International, Paris, AMI, 1948. Bordeaux n'échappe pas à cette règle, En juin 1946, l'officier de paix Henri Laugénie, chef du service régional d'EPS auprès du Ministère de l'Intérieur, propose à André Nocquet, qui dirigeait alors un club de jùdô et de culture physique à Angoulême, de venir s'établir à Bordeaux afin de "développer le jùdô" en Aquitaine.4 Après le Jiu-Jitsu Club de Bordeaux, une section jùdô est créée à l'École de Santé Navale.5 En 1949, Jean Broquedis et René Destruhaut, tous deux fonctionnaires au Ministère de l'Intérieur, deviennent instructeurs dans la nouvelle section de jùdô-jiu-jitsu de l'Association Sportive Police Préfecture de Bordeaux.6 La dynamique de croissance peut être rendue par une estimation du taux de pénétration du jùdô dans la population urbaine. Le recensement national de 1946 nous permet, en effet, de mieux apprécier l'impact de cette nouvelle discipline. Ce diagramme nuance les déséquilibres de la répartition géographique, A la différence du Sud-Est dont les effectifs rassemblent de nombreux militaires en formation, le développement dans le Sud-Ouest concerne une population essentiellement urbaine. Ce graphique montre l'immédiate réussite de l'implantation du jùdô dans le Sud-Ouest selon un taux comparable à celui de la capitale. Pourcentage de jùdôkas par rapport à la population française de quelques grandes villes Sources : Annuaire Officiel du Jùdô
International, Paris, AMI, 1948. Dans les départements limitrophes, la diffusion se poursuit sur un modèle identique. Après Angoulême et Bordeaux, Dax puis Mont-de-Marsan, Biarritz, Bayonne, Arcachon voient l'ouverture de nouvelles salles et servent de relais pour d'autres créations. La volonté des acteurs apparaît dans la lettre que Bernard d'Auzac de la Martinie, du Jùdô-Club de Dax, adresse à Paul Bonét-Maury, président de la Fédération7. Étant entièrement acquis au jùdô et désirant passionnément développer ce sport magnifique dans les campagnes et les localités avoisinant Dax, j'ai contacté plusieurs jeunes gens et leur ai fait une chaude propagande, Je crois réussir, d'ici peu de temps, à mettre sur pied, dans trois localités des Landes des sections d'une dizaine d'élèves chacune… Bien que l'ampleur soit nettement moindre, le Languedoc connaît une évolution similaire à partir de Toulouse, puis de Pau, Lavelanet,... La chronologie du développement révèle la rapidité de diffusion et fait ressortir les zones d'influences respectives. Les raisons que l'on peut avancer dans l'analyse de la
rapidité et de la réussite de l'implantation jùdô
dans le grand Sud-Ouest sont de deux ordres : L'orientation sportive du jùdô actuel est très éloignée de la réalité proposée par les associations de l'époque. L'article 4 des statuts déposés en décembre 1946 permet de mesurer le décalage. L'activité de toute société ou de toute personne pratiquant le jùdô, le jiu-jitsu, le close-combat ou la self-défense relève de la compétence et de l'autorité de la Fédération Française de Jùdô et de Jiu-Jitsu qui peut prendre à leur encontre, toutes mesures légales. Légende : Noir : code 5 =,,,-41 ; code 4 = 42-43
; code 3 = 44-45 ; code 2 = 46-47 ; code 1 = 5050-.:Blanc L'intérêt des forces de l'ordre pour les méthodes de combat japonaises date du début du siècle.9 Cependant, la reconnaissance par les pouvoirs publics de la Fédération Française de Jùdô et Jiu-Jitsu et l'octroi de telles prérogatives place cette dernière dans une position d'interlocuteur unique et lui donne la possibilité d'exercer un monopole avec un pouvoir inégalé dans le monde sportif. L'exigence de qualité qu'implique l'exercice et l'enseignement de techniques dangereuses va se confondre avec les modalités de leur mise en œuvre. La façon dont le geste est réalisé compte autant sinon plus que le geste lui-même. L'appréciation du comportement, le respect des traditions et de la hiérarchie ont valeur discriminante. L'accès à la ceinture noire ne comporte-t-il pas un examen "technique et mental".10 Les conditions d'ouverture d'un dojo sont révélatrices du rapport Maître élève. Toute demande de création doit être soumise au comité directeur, Outre le niveau requis (ceinture noire ou éventuellement ceinture marron), le candidat doit fournir l'autorisation de son professeur, Les archives fédérales montrent que sont également sollicités les avis du directeur technique, Kawaishi, du président de la FFJJJ, Paul Bonét-Maury ainsi que souvent celui du Collège National des Ceintures Noires, Jean Andrivet.11 À Paris, une condition supplémentaire est requise : "l'accord écrit du directeur technique de la salle la plus proche", Sans cooptation, l'accès à l'enseignement est impossible.12 Les implantations sauvages sont dénoncées et combattues. Seuls sont acceptés les initiés, ceux qui ont fait leurs preuves, qui acceptent et reproduisent la structure. L'objectif est de "favoriser les demandes qui sont de nature à accélérer la diffusion du jùdô et du jiu-jitsu par la création de centres dans des zones vierges, et en refusant au contraire celles qui paraissent répondre à des considérations commerciales.'"13 De façon implicite, la hiérarchie des grades organise l'espace et les rapports humains, Elle repose autant sur l'aptitude que sur l'ancienneté, Le doute n'est pas permis, les dan sont affichés par autant de barrettes qui ornent les Ceintures noires. Le jùdô, par ses origines orientales, par l'image de puissance que confèrent ses techniques excelle à faire respecter l'ordre établi, L'espace clos du dojo, son organisation spatiale, l'asservissement du corps et le primat de l'esprit définissent un système de relation et d'imposition de normes. “La discipline est une anatomie politique du détail" écrit Michel Foucault.14 Ici, elle dessine un mode d'exercice du pouvoir et vise l'efficacité et la docilité de tous les éléments du système. Les éléments d'une alternative Au début des années cinquante, l'organisation du sport en France avait grandement facilité sur le plan national la diffusion d'un modèle unique, celui du professeur Kawaishi auquel les institutions étatiques et l'absence de contacts internationaux conféraient une toute puissance, Quelques Français, que les hostilités avaient conduits en Angleterre, s'étaient exercés à Londres. Les contacts entre la France et l'Angleterre étaient peu nombreux et réduits à une simple confrontation traitée dans les revues sur le thème de la "rivalité franco-britannique". La froideur et le caractère épisodique de ces contacts officiels contrastent avec la frénésie nationale de développement, La méthode que le fondateur du jùdô, Kano Jigoro, enseignait au Kodokan de Tokyo était appliquée à Londres depuis 1924. Parmi d'autres raisons, cette divergence technique justifiait une relative et réciproque indifférence. Cependant, à Toulouse, Georges Lasserre enseignait la méthode de Kano. Il alla même plus loin en affiliant son club, le Shudokan au Budokwai de Londres.15 Ce qui n'aurait pu être qu'un détail de l'histoire du jùdô français allait se transformer en conflit majeur et faire de Toulouse le centre de la première dissidence. Georges et Robert Lasserre étaient convaincus que le jùdô devait servir au progrès de l'homme bien au-delà de toute stratégie individuelle ou organisationnelle. Ce fut le point de discorde. La passion des dirigeants nationaux s'appuyait sur les institutions et sur les hommes en place. Elle suivait une logique de développement incompatible avec l'idéal qui veut laisser à chacun le choix de se réaliser indépendamment des structures, Les propos de Robert Lasserre définissent la position adoptée par le Shudokan. Personne ne peut considérer un pays comme un fief, surtout en ce qui concerne le jùdô qui touche étroitement au domaine de l'enseignement et de la culture humaine. [...] Le jùdô ne saurait être emprisonné dans un quelconque uniforme qu'il soit national, racial, financier, sectaire ou personnel".16 La détermination des frères Lasserre est d'autant plus grande qu'ils ont les moyens de leurs ambitions. Sur la base du mécénat, ils créent des bourses d'études et font venir de nombreux étudiants japonais, Parmi ceux-ci, en novembre 1951, arriva à Toulouse Abe Ichiro, le premier envoyé officiel du Kodokan en Europe. Âgé de 21 ans, brillant technicien, il pratiquait un jùdô d'exception. Le changement allait être irréversible.17 Séduits par ce Japonais 6ème dan, plusieurs spécialistes parisiens qui avaient fait de l'enseignement du jùdô leur profession vinrent étudier sous sa direction, A l'expiration de sa bourse, Abe quitta Toulouse pour Bruxelles, plus proche de Paris, et un véritable conflit éclata entre les "Kodokan" et les "Kawaishi". Abe aurait pu devenir l'assistant d'un Kawaishi finalement influencé par les professeurs parisiens, mais le refus fédéral eut des conséquences importantes. Il aboutit à la création de l'Union Fédérale des Amateurs du Jùdô Kodokan, le 8 octobre 1954. Le choix de la méthode du Kodokan ne se réduit pas au simple choix d'une nouvelle technique. Le dynamisme des formes, l'occupation de l'espace, la création et l'exploitation du déséquilibre de l'adversaire, la recherche de sensations rompaient définitivement avec le travail statique sollicitant les qualités physiques que seuls quelques combattants d'exception avaient su dépasser.18 Le jùdô du Kodokan ne se confond plus avec le jujutsu. Axe de développement du jùdô français, la self-défense, pour Abe, n'est qu'une conséquence de la pratique.19 A la classification numérotée de 147 techniques juxtaposées s'oppose une progression de 40 mouvements qui vivent de leurs interactions.20 La pratique du jùdô était un exercice physique et spirituel, elle devient un jeu intellectuel et corporel. L'origine de la "guerre des méthodes" ne se trouve pas dans une "guerre des styles" opposant différents usages sociaux du corps, Ce changement de modèle peut être analysé comme la manifestation d'un changement de mentalité, une libéralisation des corps, une distanciation vis-à-vis des formes d'ordre et de discipline imposées par l'appareil fédéral ou ressenties comme telles. L'intérêt pour la self-défense diminue au moment où s'affirme celui d’un geste technique esthétique qui se réalise dans une situation privilégiant la coopération. Cette opposition est issue de divergences philosophiques. Plus qu'une rivalité d'écoles ou de générations, elle traduit un profond changement dans le rapport des individus à la pratique. La façon dont cette crise fut résolue au pian national est révélatrice de la prise de conscience des responsables fédéraux et de leur volonté de tirer parti de cette évolution. En avril 1956 un protocole d'accord est signé prévoyant l'"intégration" par des membres de l'ancienne Fédération française et des amateurs du jùdô Kodokan. Malgré l'énorme disparité des effectifs (environ 12 % des licenciés, près de 18 % du nombre des clubs affiliés), le nouveau comité directeur est composé à parité par les deux tendances (24 membres, 12 de chaque organisme).21 La seconde crise importante que connut le jùdô français entraîna une division complète entre le Collège des Ceintures Noires et la Fédération Française. Elle devait durer 17 ans. Dans une volonté de développement, la Fédération privilégia l'aspect sportif et modifia l'examen pour la ceinture noire en le réduisant a une simple épreuve de compétition.22 Le Collège des Ceintures Noires vit dans cette décision une évolution contraire à sa raison d'être. À la différence des problèmes antérieurs, rien dans la pratique ne différenciait les tendances. Cette fois-ci, les méthodes d'enseignement étaient identiques, tout comme les techniques et la façon de les réaliser. L'opposition des dirigeants se situait au niveau des principes et des orientations que devait prendre le jùdô. La question de la cohabitation de deux structures était clairement posée. L'un des problèmes les plus importants sans doute et dont la solution conditionne l'avenir du jùdô est constitué par les rapports entre la Fédération et son Collège des Ceintures Noires.23 L'emploi du possessif, sous la plume du secrétaire général de la Fédération est très révélateur. Le partage des tâches est clairement défini. L'administration fédérale a pour but "de favoriser le développement quantitatif et qualitatif du jùdô". Reconnu comme le "gardien de la tradition et de l'esprit du Jùdô", accepté à des fins amicalistes, le rôle du mouvement collégial doit permettre à la Fédération, "soulagée par lui de toute cette partie de gestion du jùdô [de] se consacrer à l'administration sportive proprement dite",24 La rivalité est manifeste. Le conflit qui éclate au sujet des modalités d'obtention du grade de ceinture noire oppose deux conceptions de la discipline. Pour reprendre les termes de Pierre Bourdieu, le champ que constitue le jùdô devient le "lieu de luttes qui ont pour enjeu le monopole de l'imposition de la définition et de la fonction légitime de la pratique".25 Au-delà de querelles individuelles parfois fortes, l'opposition Fédération-Collège pose la question du développement du jùdô : est-ce une école de vie réservée aux initiés ? est-ce un sport offert à tous ? Une nouvelle fois les jùdôka du Sud-Ouest furent au cœur du conflit. L'engagement des Aquitains tient d'une part à la personnalité charismatique d'un expert japonais invité par la Fédération sur la demande d'André Nocquet et d'autre part aux caractéristiques sociales des jùdôka bordelais, Dès 1953, la présence à Bordeaux du professeur Michigami intensifia le développement du jùdô dans une région qui connaissait, grâce aux qualités d'organisateur d'André Nocquet, un essor important, Son enseignement sans concession aux diverses évolutions affiche encore de nos jours une fidélité très rigoureuse aux principes définis par Kano. Dans le débat concernant l'accès à la ceinture noire, Michigami se déclara contre le choix d'un simple critère de performance (seika) sportive. Il s'engagea en faveur du Collège des Ceintures Noires en acceptant la direction technique nationale du mouvement collégial. Au début des années soixante, 90 % des clubs de l'Aquitaine appartenaient au "clan" du Collège. Malgré la position d'autorité et l'influence qu'exerçait ce professeur japonais, persiste une interrogation. Comment analyser l'importance que prit la tendance "traditionaliste" dans la région bordelaise ? Dès son introduction en France au début du siècle, la méthode japonaise est apparue comme une pratique distinctive. Déjà en 1911, le docteur Pagès affirmait : En somme, il faut connaître le jiujitsu, et d'autant plus que l'on est moins grand, moins lourd et plus distingué.26 De la même façon, en janvier 1948, le premier numéro de la revue Jùdô Jiu-Jitsu déclarait la volonté fédérale de voir le jùdô"devenir un art pratiqué par une élite".27 Pour analyser cette dimension sélective nous étudierons les données de l'Annuaire de 1948 et celles du recensement de la population française de 1946.28 Comparaison de la situation dans la profession Alors que l'échantillon national fait apparaître une différence statistiquement significative (chi deux = 146,85), un examen par région nous permettra de mettre en évidence la spécificité bordelaise.29 Répartition en province et situation dans la profession Comparaison en pourcentage L'inégalité des répartitions tient à différents facteurs. Le Sud-Est et le Nord ont une forte proportion de militaires et policiers en formation. Le recrutement en Aquitaine et en Midi-Pyrénées se distingue dans chacune des catégories : Patrons 37 % et 29 % (Paris : 27 %) Bordeaux est donc la ville où le nombre de jùdôka classé dans la catégorie "Patrons,,.." est proportionnellement le plus important. Une étude de l'implantation géographique des différents dojo ajouterait à cette spécificité. L'analyse quantitative accrédite la thèse d'une pratique distinctive, En effet, le jùdô par l'utilisation d'une force juste, "intelligente" auréole le combat d'un aspect intellectuel, scientifique, éducatif et justifie sa contribution à l'élévation de soi, à l'éducation de l'homme, École de volonté et de courage, le jùdô "forge les caractères" et "offre une culture du corps et de l'esprit, un art de vivre et une philosophie".30 L'idée que le mode de vie et le mode de pensée japonais pourraient être bénéfiques dans une société occidentale a trouvé un écho différent dans la région parisienne et dans le grand Sud-Ouest, Pour leur idéal d'excellence, Bordeaux et Toulouse ont été les centres d'une contreculture où s'est exprimée une culture du corps mêlant, mais sous conditions, traditions et modernité. La conjonction d'un expert transmettant ces valeurs et d'une région dont les caractéristiques culturelles et sociales montrent l'attachement aux traditions explique la spécificité d'une école bordelaise et ses réticences à la sportification du jùdô. Conclusion Le jùdô du grand Sud-Ouest n'est pas un jùdô de dissidence. C'est un jùdô de conviction et de traditions. Cependant, le refus d'être inféodé à une institution, la résistance à la massification et au phénomène sportif n'ont pu endiguer l'évolution d'une pratique qui puise sa vitalité dans la force de ses structures et son adaptabilité aux attentes et aux besoins de la société. Dans l'histoire du jùdô français, le Languedoc et l'Aquitaine furent au centre de problèmes majeurs, de problèmes d'identité. Chacune de ces évolutions marque une étape vers l'avènement d'une discipline originale dans le monde sportif. Associé au combat duquel il puise ses techniques, le jùdô est le fruit d'une transmission essentiellement orale dans un cadre confidentiel volontairement réservé à des initiés. L'évolution vers des standards imposés par le spectacle de la compétition ne doit pas faire oublier qu'à la différence de l'ensemble des pratiques sportives, le jùdô, ne fut jamais un "jeu traditionnel" et le phénomène de sportification dont il fait l'objet garde une certaine spécificité. À la polysémie du terme correspond la multiplicité des tendances, La finalité première de ses techniques et l'empreinte culturelle ont joué une part déterminante dans la réussite de l'importation du jùdô en France, Cependant, la rencontre des cultures orientale et occidentale n'est-elle pas à l'origine de la lancinante question que se posaient les jùdôka des années soixante : "le jùdô est-il un sport ?" Le système parisien a privilégié un modèle sportif de masse éloigné de l'harmonie originelle du développement du corps et de l'esprit, Mais dans une région où la gastronomie confine au rite, où le rugby est presque une religion, était-il possible que le jùdô ne soit qu'un sport ? Notes 1 Henri Plée (Entretiens, Mars 1987.) Ceci est
confirmé par les nombreux professeurs que nous avons rencontrés. 2 Compte rendu de la première assemblée générale de la FFJJJ, mai 1948, 3 Gilles Maurel et Pierre Landetcheberry effectuèrent leur stage au Centre National d'Exercices de Combat pour la Police à Plombières-les-Dijon du 12 octobre 1943 ou 15 janvier 1944. Ministère de l’Intérieur, Service de l'EPS, no 21-01/3 EPS. 4 André Nocquet (Entretien du 18 septembre 1993). 5 Un courrier du secrétaire de cette association, A. Audibert, fait état, le 11 décembre 1950 de 51 élèves : 1 ceinture bleue ; 9 c. verte ; 7 c, orange ; 4 c. jaune et 30 c. blanche. (Archives fédérales : classeurs clubs : Bordeaux : Jiu-Jitsu club de Bordeaux). 6 Ces deux élèves d'André Nocquet ont suivi les
stages à Plombières-les-Dijon. 7 Bernard d'Auzac de la Martinie, correspondance du 31 mars 1950 (Archives fédérales : classeurs clubs : Dax : Jùdô-club de Dax). 8 La FFJJJ, en la personne de son président, décerna à André Nocquet un diplôme de "propagandiste du jùdô français". Une reconnaissance publique de ses actions fut également faite par Kawaishi lorsque celui-ci déclara : "le Sud-Ouest, avec ses multiples centres est, après Paris, le premier agglomérat de jùdô français", Sud-Ouest, 29 novembre 1953. 9 Michel Brousse, "Les Racines du Jùdô François", Actes du 117e Congrès des Sociétés Savantes, Clermont-Ferrand, 1992, (à paraître). 10 Jusqu'au début des années cinquante, les passages de grades ou shodan shiken font l'objet d'articles détaillés dans la revue fédérale. 11 À partir de 1950, le nombre de clubs devenant de plus en plus important, seuls les cas litigieux continuent à mobiliser toute l'attention fédérale, Cependant, avec le découpage en régions, en 1953 pour la Guyenne-Gascogne, en 1956 pour le Languedoc, seront demandés l'avis du professeur et du président régional. 12 Dans les faits, les conflits dûs à la concurrence et à la volonté d'autonomie des nouveaux promus sont, dans la mesure du possible, évités, Toujours très vigilant, l'arbitrage fédéral s'efforce d'intervenir vite et de prescrire des solutions négociées en suggérant, par exemple, des présidences honoraires qui préservent l'honneur de chacun. 13 Règlement intérieur de la Fédération française de Jùdô-Jiu-Jitsu, article 41, § Contrôle préalable à la création de nouveaux centres d'enseignement, 12 décembre 1946. 14 Michel Foucault, Surveiller et Punir, Paris : Gallimard, 1975, p. 163. 15 L'affiliation au Budokwai date de 1947 quand Pierre
Landetcheberry assurait la direction technique de l'Olympo-Jùdô-Club.
Pierre Landetcheberry obtint le 3e dan du professeur Koizumi. Pierre
Landetcheberry (f). (Entretiens, Juin 1987) 16 Robert Lasserre
(entretien du 7 décembre 1989). 17 Les prémisses d'un changement se firent sentir au retour
de Jean Beaujean
et de Roger Duchêne qui, en 1949, avaient fait le voyage de Tokyo,
La visite de Mochizuki Minoru, en 1951, permit à un certain nombre
de jùdôka de juger du décalage. Dans son ouvrage, Claude
Thibault fait allusion à la façon dont fut traitée
cette divergence technique : "[...] des différents avec
M. Kawaishi
l'obligent vite à enseigner la seule méthode de ce dernier", 18 Il ne s'agit pas ici de caricaturer le jùdô
enseigné par Kawaishi.
Mais seuls quelques rares champions parmi lesquels Roussel,
Levannier, Belaud,
Courtine...,
pratiquaient l'"art de la souplesse”. La plus grande majorité
se rapprochaient davantage des mots du Maître définissant
O Soto Gari
: "Mettez la jambe et poussez fort". 19 "On peut croire à la présomption et à la vanité de ceux qui travaillent uniquement pour devenir invincibles". Abe Ichiro, Jùdô, Paris : Chiron, 1964, p. 201. 20 La différence caractéristique des deux approches réside d’une part dans la notion de progression absente du système français et, d'autre part, dans la notion d'enchaînement technique très peu présente dans le jùdô montré par Kawaishi. 21 "L'Unité du Jùdô Français est Reconstituée", assemblée générale extraordinaire du 22 avril 1956, Jùdô, Bulletin Officiel de la Fédération Française de Jùdô Jiu-Jitsu et du Collège des Ceintures Noires de France, mai 1956, no 55, p. 3-10. 22 Le nom même de ces épreuves fut changé : les shodan shiken devinrent des "pré-sélections". 23 Jean Gailhat, "Les rapports Fédération-Collège, Condition Essentielle de Progrès pour le Jùdô Français", Jùdô, novembre 1954, no 44, p. 1. 24 Les propos du président Pimentel
furent très directs : "Le Collège s'est cru investi
d'une mission qui revient de droit à la Fédération
et que celle-ci ne peut lui transmettre". 25 Pierre Bourdieu, "Comment Peut-on Être Sportif ?", dans Questions de Sociologie, Paris : Éditions de Minuit, 1980, p. 181. 26 C. Pagès, Manuel de Culture Physique, Paris : Vigot, 1911, p. 161. 27 "Avant-Propos”, Revue Jùdô Jiu-Jitsu, janvier 1948, no 1, p. 1. 28 Le recensement de 1946, différencie la situation dans la profession selon deux catégories : patrons et cadres supérieurs et employés, ouvriers et cadres inférieurs. 29 L'assimilation de Bordeaux à sa région est volontaire. Nous avons montré que jusqu'à la fin des années quarante, le jùdô est une activité qui ne touche que les grands centres urbains. 30 Jean-Lucien Jazarin, Bulletin Confidentiel du Collège des Ceintures Noires, 6 novembre 1954, no 4, p. 5. Auteur Michel Brousse |