Le code moral du jùdôka
Valeurs expliquées aux enfants
Définition
Symboles japonais
La politesse* (1re valeur)

C'est le respect d'autrui.
Je parle avec respect à ma famille, à mes amis, à nos aînés.

C'est dire bonjour et au revoir.

C'est dire les mots magiques.

Ensemble de comportements sociaux entre individus visant à exprimer :
l'égard (ex : s'il te plait, au revoir),
la bienveillance
(ex : bonjour)

la gratitude (ex : merci)
le regret (ex : pardon)
afin de "polir" les rapports humains.

REIGI
Le courage (7e valeur)
C'est de faire ce qui est juste.
Je fais ce qui est juste. Je n'ai pas peur de dire la vérité. Affronter ma peur me rend plus fort.
C'est oser faire.
C'est dépasser sa peur.

Capacité de faire face et/ou d'agir de manière adaptée, juste et bonne en proie à une sensation physique, une émotion, une envie, un désir ou un sentiment.

YUKI
La sincérité (4e valeur)
C'est s'exprimer sans déguiser sa pensée.
Je dis ce que je pense sans transformer la vérité. Je reste moi-même quelque soit la situation.
C'est prendre la parole pour dire ce que l'on préfère ou ce que l'on aimerait faire. C'est aussi de dire la vérité.
C'est dire la vérité.

L'expression fidèle et de bonne foi, suivant la réalité de ses émotions, de ses sentiments ou de ses pensées.

MAKOTO
L'honneur (3e valeur)
C'est d'être fidèle à la parole donnée.
Je suis fidèle à la parole que je fais à moi-même et aux autres sans jamais la trahir.
C'est de faire ce que l'on a dit qu'on allait faire.
C'est faire ce que l'on dit. Sentiment que l'on a de son propre respect et de son estime de soi.
MEIYO
La modestie (2e valeur)
C'est de parler de soi-même sans orgueil.
Je parle de moi sans orgueil. Je sais d'où je viens, ce que j'ai fait, ce qu'il me reste à faire.
Quand on a gagné on félicite le perdant, car il a bien joué.
C'est penser aux autres avant soi. Retenue dans la manière de parler de soi par respect des autres.
KENKYO
Le respect (8e valeur)
Sans respect aucune confiance ne peut naître.
Sans respect, personne ne me fera confiance. Grâce à lui je ne serai pas sanctionné.
C'est de ne pas faire mal aux autres enfants.
C'est écouter ce que disent les autres. Sentiment et comportement dont on fait preuve envers quelqu'un ou quelque chose que l'on considère avec considération, égard ou importance.
SONKEI
Le contrôle de soi (5e valeur)
C'est de savoir se taire lorsque monte la colère.
Je garde mon calme à tout moment. Je sais rester calme lorsque la colère me gagne.
C'est connaître et savoir appliquer le code de bonne conduite.
C'est garder son calme. Capacité conative de maîtriser ses réactions, de rester impassible, en proie à une sensation physique, une émotion, une envie, un désir ou un sentiment.
JISEI
L'amitié (6e valeur)
C'est le plus pur des sentiments humains.
Grâce à lui je ne reste plus seul.
Quand on a un ami, on l'aide.
C'est partager avec les copains et les copines.

Lien d'affection entre deux personnes, qui ne repose ni sur l'argent, l'attrait sexuel ou la parenté.

YUJO
Ce code de valeurs découle naturellement du principe énoncé par Jigorô Kanô : Jitai Kyoei (entraide et prospérité mutuelle)
POÊME DU CODE MORAL
Respecter
Et se faire respecter
Savoir écouter
Pour mieux travailler
Et savoir partager
Ce que l’on sait
Tout au long de l’année
Motivés
On y est
Du Judo on en fait
En dehors des récrés
Sans se bousculer
Tête dressée
Intéressés
Et toujours prêts.
Cours et combats
On les fait avec joie
Unis, pas chacun pour soi
Ravis des résultats
Avec quelquefois
Grimaces et tracas
En période de tournoi.
Contrôle de soi
On y arrive ou pas
Nous, on y va
Toujours avec joie
Rares sont les fois
Où les combats
Laissent des tracas
En plus de ça
Des jùdôkas
En voici en voilà
Souriants et droits
Offensifs en combat
Innocents et pleins de joie.
Sur le tatami
Il y a des amis
Ne nous faisons pas de soucis
Car les randori
En bonne compagnie
Redonnent à l’esprit
Insouciance et envie
Toute la modestie
Est alors ressentie
L‘honneur
Halte du cœur
Où le bonheur
Nie la peur
Nie les pleurs
Ecoute en douceur
Une tendre rumeur
Riche de faveurs.
Pour faire du Judo
On voudrait un dojo
Ludique et beau
Irrésistible et rigolo
Tout en Lego
Et en Mecano
Sous un chapiteau
Silencieux et haut
Et avec un prix realo.
L’amitié
Avec les ainés
Murit les cadets
Initie les poussinets
Tente les invités
Inspire toute l’année
Et fait surgir mille projets.

L'ordre du code moral :
Voici les différents ordres que l'on peut trouver :

1er
Politesse Politesse Politesse Politesse Politesse
2e
Courage Courage Sincérité Sincérité Modestie
3e
Sincérité Amitié Courage Modestie Honneur
4e
Honneur Contrôle de soi Honneur Contrôle de soi Sincérité
5e
Modestie Sincérité Modestie Courage Contrôle de soi
6e
Respect Modestie Respect Honneur Amitié
7e
Contrôle de soi Honneur Contrôle de soi Respect Courage
8e
Amitié Respect Amitié Amitié Respect

Seule la politesse est toujours au début. La fin est toujours soit l'amitié soit le respect. (effet de récence et effet de primauté semble-t-il)
Mise à part ces deux constatations, l'ordre des autres mots semble aléatoire.

Le Code Moral du Judoka

Voici une phrase mnémotechnique pour s'en souvenir : "Ce code pour régir sainement mon action humaine."
Ce (courage) code (contrôle de soi) pour (politesse) régir (respect) sainement (sincérité) mon (modestie) action (amitié) humaine (honneur).

Attention que ce code moral ne devienne pas simplement un code mural !
(Jean-Louis Mourlan, janvier 2015)

Le contrôle de soi est une forme de courage.
La politesse, la sincérité, la modestie et l'amitié sont des formes de respect des autres.
L'honneur est une forme de respect de soi.

Un autre code moral existait déjà à l’époque mais il s’adressait uniquement aux ceintures noires. Il était composé des douze principes suivant :

La rectitude
Le courage
La bonté, l’humanité
La politesse
La véracité sincérité, loyauté
Le désintéressement ou détachement
L’honneur
Le devoir de fidélité
La modestie
Le respect
Le contrôle de soi
L’amitié

Génèse du code Moral :

Après un lourd travail effectué par le Collège départemental des Alpes-Maritimes du Collège des Ceintures Noires, le Code Moral est né.

Néanmoins, Bernard Midan voulait aller plus loin et créer un nouveau code qui s’adresserait à tous les Jùdôkas même débutants, pour qu’ils puissent s’imprégner des valeurs du Judo et ce dès le premier cours.
Grâce à l’évolution du nombre de jùdôkas, et notamment grâce à l’augmentation du nombre d’enfants pratiquants, l’ancien code moral se devait d’être remanié et surtout simplifié. Le code existant s’adressant aux ceintures noires devint alors accessible à tous.

À cela, il faut rajouter :
- Lors d'un entraînement de jùdô, lorsqu'un autre jùdôka vient vous demander d'être son partenaire pour un randori, vous n'avez pas le droit de refuser, même lorsque vous savez qu'il est beaucoup plus fort que vous. En effet, fuir c'est s'éloigner du danger. Comme dans un combat basé sur le jùdô, l'adversaire cherche à garder intacte l'intégrité physique de son adversaire, fuir un combat basé sur le jùdô n'a pas de sens.
- Le respect et la confiance que l'on accorde à son adversaire lors d'un combat basé sur le jùdô sont absolus et primordiaux. Grâce à cela, et malgré la grande dangerosité des prises effectuées, le jùdô est l'un des sports où surviennent le moins de blessures et d'accidents ; de nombreux pratiquants n'ont jamais connu la moindre blessure, que ce soit à l'entraînement ou en compétition, et ce même après plus de dix ans de pratique régulière. Au jùdô, les valeurs morales sont plus importantes que la technique elle-même.

Le code moral du jùdôka n'a pas été instauré par Jigorô Kanô. Celui-ci défendait bien des valeurs morales, mais il ne les a pas exprimées de cette façon. Ce code moral a été instauré par la F.F.J.DA. en 1985 sous l'impultion de Bernard Midan (né en 1917 et mort en 1994, 8e dan, fondateur du Judo Club du Rhône, premier Président du collège des Ceintures Noires des Alpes Maritimes et directeur des écoles de cadres d’Antibes) sur la base du code d'honneur et moral du collège national des ceintures noires proposé par Jazarin sur la base du texte de Nitobe. Il est ciblé essentiellement les enfants (80 % des adhérents). Souvent, ce qui est mis en avant au jùdô n'est pas spécifique au jùdô mais à l'esprit sportif. L'esprit sportif est certe une des valeurs qu'a mis en avant Jigorô Kanô dans sa doctrine "entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)" à partir de laquelle Bernard Midan créa le code moral du jùdôka mais il est aussi, en théorie, partagé par l'ensemble des sports.

L'éthique du jùdô consiste à suivre le code moral et l'entraide et la prospérité mutuelle non pas par dogme ou par devoir mais par vocation de par une éducation au cœur afin d'obtenir le bon et habile usage de l'énergie (seiryoku zenyo) dans toutes les situations dans le but de tendre vers le bien-être et le développement humain (kojin no kansei). Parvenir à suivre cette ligne de conduite dans la vie de tous les jours est un cheminement intérieur (démarche personnelle) de toute une vie (do mu kyoku) nécessitant un dévouement (shin) constant envers soi et les autres.

Ces codes moraux sont en réalité des codes d'éthiques car il repose non pas sur la distinction entre le bien et le mal en soit mais sur des recommandations de bonne conduite pour pour rendre le monde humainement habitable.

Il peut y avoir un conflit dans le code moral du Jùdôka entre :
- la sincérité et la modestie :
en effet, une trop grande modestie (affichée) peut être vu comme un manque de sincérité voir même de l'orgueil et une trop grande sincérité peut être vue comme un manque de modestie (alors qu'il s'agit de fierté) ou du cynisme.
- la sincérité et le respect :
en effet, une trop grande sincérité peut être vue comme un manque de respect (cynisme) et un trop grand respect peut être vue comme un manque de sincérité.
- la politesse et le respect :
en effet, une trop grande politesse peut être vue comme le non respect (manque de discrétion) du travail d'autrui et un trop grand respect du travail d'autrui peut être vue comme un manque de politesse. Gardez à l'esprit que la politesse est une chose nécessaire mais qui ne doit jamais devenir un dogme.

"Tout est une question de mesure."
Aristote

Toutes ces notions peuvent être concilier en une valeur à savoir l'humilité.
Sachez enfin apprécier la situation afin d'avoir une attitude mesurée et adaptée à la situation. Travaillez ce que l'on appelle le "tacte" et la tolérence.

Tout savoir sur le Code moral

Le code moral est un des éléments incontournables de nos dojos… français ! Pour nombre de jùdôkas, il apparaît comme ayant toujours fait partie de la pratique. Pourtant, il n’a que 39 ans (1985).

Alors, non, le Code Moral ne doit rien (directement, du moins) à Kano Jigoro : il convient de rendre à Paul Parent et Bernard Midan ce qui leur appartient.

Encre de Shin (le bulletin du Conseil des Ceintures Noires des Alpes-Maritimes, où le Code Moral a vu le jour) y a consacré son numéro 18 (novembre 2013) : un document que tout professeur de judo en France devrait avoir lu !