Avant tout, il
est très important d'avoir deux principes essentiels en tête :
- la ceinture de jùdô
sert avant tout à tenir la veste
du jùdôgi (uwagi) fermée.
- la couleur de la ceinture n'est absolument pas un gage de supériorité
spirituel, technique
ou physique.
La ceinture indique seulement une personne qui, précédant les
autres dans les étapes de l’art, peut les guider par son expérience.
Les grades sont attribués à un pratiquant et permettent d'évaluer son degré de maturité, son niveau technique et son efficacité en combat.
Chaque titulaire de la ceinture noire représente l'esprit du jùdô et se voit donc porteur de valeurs contenues dans le code des ceintures noires qu'il doit respecter jusque dans sa vie quotidienne. Dans le cas contraire, il se verrait indigne de porter ce grade. Être titulaire d'une ceinture noir de Jùdô-Jùjutsu veut dire être dignitaire de la philosophie de Jigoro Kano (jùdô) et des techniques permettant de l'aborder (partie du Jùjutsu).
Le grade représente
une expérience accumulée et validée associée à
un niveau de compréhension de la discipline qui dépasse le cadre
de son application technique.
Il représente d’une part, le travail fait sur la technique
et d’autre part, le travail accompli sur soi-même.
Si la compétence technique
est systèmatiquement évaluée,
la compétence sportive n'est
systèmatiquement évalué qu'à partir du 1er
dan et le niveau spirituel
qu'à partir du 7e dan (du
moins au Japon). Il est très intéressant de mettre en avant dans
l'évaluation
lors des passages de grade
l'aspect sportif et l'aspect mental
aussi bien que l'aspect technique
dès le début de l'enseignement et ne pas baser les grades
de jùdô uniquement sur la technique.
De plus, le jùdô étant
une cheminement intérieur, le grade est avant tout un marqueur, ayant
un double but :
- guider la personne pour lui montrer qu'elle est bien sur la bonne voie et
l'inciter à encore progresser
- identifier la personne afin que chacun sache plus facilement à qui
s'adresser pour être guidé sur la bonne voie
Le grade est donc un garde fou, un guide, un marqueur, un repère aidant
chacun à rester sur le bon chemin
(cheminement intérieur) et
pas une récompense ou une
échelle permettant de hiérarchiser une quelqu'on autorité
(reconnaissance sociale).
La ceinture noire souvent perçue par les non-initiers comme le stade ultime de la progression en jùdô n'est en faite que la marque du passage, un rite initiatique, entre un simple débutant et celle d'un initier ou de celui d'enfant à celui d'adulte. En effet, elle est accessible dès l'âge de 15 ans, c'est à dire à l'adolescence ! En fait, elle représente en théorie la connaissance approximative par le pratiquant de l'ensemble des formes techniques les plus connues en jùdô et en aucun cas la maîtrise technique qui est l'affaire de toute une vie (do mu kyoku). Le premier dan correspond au moment où, dans les écoles traditionnelles, le candidat à l’apprentissage finissait sa période de probation et était considéré comme digne de recevoir le véritable enseignement. Strictement parlant, le premier dan est le grade du débutant (désigné en japonais par shodan, qui signifie, non "premier dan", mais "dan débutant").
Pour ce qui concerne les grades, le jùdô a ceci de particulier en France qu'il prend en compte la maturité psychosociale (Shin) de l'enfant à savoir qu'il impose des âges planchés avant la ceinture noire, chose qu'il n'existe pas dans aucun autre art martial.
L'âge plancher pour l'obtention du 1er
dan est de 15 ans. Cela ne veut pas dire pour autant que les jùdôkas
doivent obtenir leur 1er dan à
cette âge.
Le 1er dan et les grades
en générale à un moindre degré représente
une valeur particulière dans le monde du jùdô
: une maturité mentale du Shin
(l'esprit), une maturité technique
du Ghi (technique)
et une maturité du corps du Tai
(le corps) et pas l'ancienneté. Inversement, un élève ayant
acquis une maturité mentale du Shin
(l'esprit), une maturité technique
du Ghi (technique)
et une maturité du corps du Tai
(le corps) et ayant 15 ans révolu n'a aucune raison pour ne pas obtenir
ce grade.
Un problème se pose pour décerner les grades.
En effet, si ceux-ci sont attribuables selon l'âge civile de l'élève-enfant
(janvier —› décembre), c'est bien la
saison sportive et l'année scolaire (septembre —› juin) qui
rythme sa vie sportive
et sociale. Le mieux est donc de se baser sur cette dernière donnée
et de ne tenir compte de l'âge au jour près qu'à partir
de la ceinture noire.
Une limite est faite pour être respectée : faire respecter en avance
l'application d'une règle est aussi nuisible à la règle
que de la faire respecter en retard.
04-05 |
05-06 |
06- |
07 |
07-08 |
08- |
09 |
09-10 |
10- |
11 |
11-12 |
12-13 |
13-14 |
MS |
GS |
CP |
CE1 |
CE2 |
CM1 |
CM2 |
6e |
5e |
4e |
Il existe 3 types de ceinture à savoir celles avec liseré(s), celles à double couleurs et celles à couleur unique. S'il s'agit bien d'un continuum du débutant à la ceinture noire, elles ont été créées pour différentes catégories d'âge qu'il convient de distinguer. Les ceintures à liseré(s) sont réservées au moins de 6 ans. Les ceintures à double couleurs sont réservées aux moins de 12 ans. Donner une ceinture à liseré à un enfant de 6 ans ou donner une ceinture à double couleur à un adulte est une déviance du but de la création de ces ceintures.
L'âge optimal pour commencer la monté de grade est de 8 ans.
Commencer la monté de grade
à 4 ans pose un problème de comparaison des élèves
entre eux. En effet, dans une famille de deux enfants si :
- L'un commence à 4 ans
- L'autre commence à 8 ans.
La hierarchie des ceintures de couleur n'est pas un escalier mais un ajustement
permanant vers le haut des niveaux sans passage obligatoire par tous les niveaux
intermédiaires dans le cadre de l'âge.
La hierarchie des ceintures noires est un escalier avec passage obligatoire
par tous les niveaux intermédiaires dans le cadre de l'âge et de
normes établis.
On enseigne pas les même choses et on exige pas la même maîtrise aux deux élèves. On leur donnera donc des grades différents.
Le 1er dan ou tout autre grade ne doit pas être décerné pour motiver les jùdôkas mais pour officialiser un degré de maturité mentale, technique et physique effectivement acquis. On doit passer des grades parce qu'on aime le jùdô et pas aimer le jùdô parce qu'on passe des grades. Inversement, un jùdôka, même méritant et quelque soit son degré de maturité technique et physique, doit avoir, au plus, un grade correspondant au maximum de son âge (maturité spirituelle et/ou physique) et pas au-delà ! En conséquence, le grade d'un élève ne doit pas forcement correspondre à son ancienneté mais à son degré de maturité spirituelle, technique et physique. En outre, on ne doit pas donner un grade en fonction des élèves entre eux mais en fonction de la progression et des critères d'évaluation fixés en début d'année.
Pour attribuer un grade il faut à la fois l'accord de l'enseignant et
l'accord de l'élève.
Certains jùdôkas ne veulent pas monter de grade pour surprendre
leur adversaire :
- quoique cette stratégie manque de loyauté elle est très
bien pensé car elle exploite un défaut dans la représentation
des grades.
En effet, certains jùdôka évaluent leurs adversaires en
comparant leur ceinture et vive très mal la défaite contre un
adversaire moins gradé car il base la valeur du grade sur la valeur en
combat en perdant de vue que la pratique sur le tatami n'est qu'une manière
de vulgariser le principe directeur jùdô.
Pour palier ce défault de représentation, il serait intéressant
de d'enlever la ceinture révélant son grade pour les combats en
compétitions et de les remplacer par la simple ceinture blanche ou rouge.
En ce qui concerne l'acquisition d'une nouvelle ceinture, il est nécessaire
de se poser la question des conséquences de l'identité de la personne
finançant le coût du matérielle sur l'impact des enjeux
symboliques.
La plupart du temps, les ceintures ne sont pas financées par l'élève
mais par les parents d'élève. Ceux-ci ont une représentation
symbolique des ceintures de couleurs peu élevées du fait de leur
non-investissement mais qui peut être rehaussé pas une valeur financière.
La ceinture noire est la somme des ceintures précédentes, elle
est très rarement attribuée et constitue une fierté
mérité des élèves, des parents d'élève
et du club. Elle a donc pour les parents une valeur symbolique très élevé,
mérité et apportant une plus value au club qu'ils trouveront injustifié
de payer.
Donc si :
a - on vend les ceintures de couleurs et la ceinture noire :
>Avantage : coût financier nul
>Inconvénient : coût symbolique très élevé
b - on donne les ceintures de couleurs mais on vend la ceinture noire :
>Avantage : coût financier très élevé
>Inconvénient : coût symbolique très élevé
c - on vend les ceintures de couleurs mais on donne la ceinture noire :
>Avantage : coût financier minime
>Inconvénient : coût symbolique nul
d - on donne les ceintures de couleurs et on donne la ceinture noire :
>Avantage : coût financier très élevé
>Inconvénient : coût symbolique moyen
La remise du grade peut donc se faire de deux manières :
- directement par la remise d'une ceinture (b et d)
L'avantage est la valeur symbolique qui est cependant pondéré
par le rapport "valeur de l'objet / prix"
L'inconvénient est le coût de la ceinture et la perte de temps
lors d'une remise commune.
- par la remise d'un diplôme de grade (a et c)
L'avantage est l'économie du coût des ceintures et le gain de temps
lors d'une remise commune.
L'inconvénient est la valeur symbolique qui est cependant pondérée
par le rapport "valeur de l'objet / prix"
En conclusion :il vaut mieux :
- effectuer des remises de ceintures en groupe restreint et des remises
de diplômes de grade en grand groupe.
- vendre la ceinture de couleur et offrir la ceinture noire