Être enseignant

Le niveau de l'enseignant :
Autrefois, le fait de devenir ceinture noire suffisait car le niveau d'exigence était plus élevé car la ceinture noire était considérée comme étant un aboutissement prestigieux réservé aux meilleurs. Échouer à cette examen était considéré comme normal tant les exigences était très élevées. Aujourd'hui, le niveau technique exigé est moindre mais au bénéfice de la pédagogie et aujourd'hui du rapport avec le club et les parents. Le grade de l'enseignant ne reflète cependant pas directement le niveau technique de l'enseignant mais indirectement le niveau d'intérêt qu'il a donné à son niveau technique. Le niveau de l'enseignant (culturel, technique et efficience) doit être beaucoup plus élevé que le niveau de son enseignement pour pouvoir répondre aux questions très pointues de certains élèves.

L'enseignant est là à la fois pour aider les élèves à apprendre (pédagogie, donner les moyens, ghi), pour qu'ils apprennent (les motiver, atteindre un but, shin) et pour entretenir leur physique (tai). La réussite de l'élève est la conjugaison entre les efforts de l'élève et les efforts de l'enseignant.

Le dictionnaire de l'éducation de Legendre, Larousse 1988 indique que l'enseignement est le processus de communication en vue de susciter l'apprentissage.

Dans cette perspective, enseigner devient un concept beaucoup plus extensif; enseigner, n'est pas seulement transmettre une information mais c'est surtout provoquer ou encore organiser ou encore faciliter ou gérer un apprentissage. Nous retiendrons surtout la notion de gestion des apprentissages car, après tout, le terme de gestion englobe à la fois la facilitation (pédagogie) et l'organisation de l'apprentissage (didactique).

On peut dire qu'enseigner n'est pas seulement "parler", comme disent les anglo-saxons "teaching is not telling". On pourrait même dire qu'un enseignant peut être parfaitement silencieux et être en train d'enseigner dans la mesure où il organise une situation d'apprentissage. Rappelons-nous Celestin Freinet qui, revenu gazé de la première guerre mondiale (1914-1918), a tout à fait rénové la pédagogie de l'enseignement fondamental parce qu'il était incapable de tenir de longs discours.

Enseigner et apprendre sont deux concepts tout à fait indissociables tout comme vendre et acheter. Qu'est-ce que vendre ? C'est parler ou vouloir convaincre le client, mais plus fondamentalement vendre c'est provoquer l'achat, s'il n'y a pas d'achat, il n'y a pas de vente. De même, s'il n'y a pas d'apprentissage, il n'y a pas d'enseignement digne de ce nom.

Un bon enseignant est donc un " organisateur de situations d'apprentissage ". En fait, un enseignant, c'est quelqu'un qui fait du management, c'est à dire qui coordonne les activités de certaines personnes en vue d'atteindre des objectifs dûment définis. L'enseignant est un manager et pas simplement un dispensateur d'informations.

Cependant, aucun enseignant ne peut "passer" avec tout le monde. C'est tout simplement impossible. L'enseignant doit être à l'écoute des conseilles et des remarques qu'on lui fait quelque soit l'interlocuteur mais il doit garder à l'esprit que quelque soit l'interlocuteur il y a à en prendre et à en laisser ("Si les jeunes ont tort de croire que l’intelligence (intelligence discernante) peut remplacer l’expérience (intelligence expérimentale), les gens mûrs ont tort de croire que l’expérience peut remplacer l’intelligence !"). L'échange de tous est profitable pour tous et l'union fait la force.
Le paradoxe qui fait qu'un même enseignant peut-être à la fois critiqué ("Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet.") et félicité est dû à la variabilité de sa performance (seika) (condition humaine) mais aussi et surtout au fait que les desiderata et les représentations des élèves et ou des parents varient d'un individu à l'autre.
Un adhérent content n'ira que très rarement le faire savoir à la direction du club mais le plus souvent directement à l'enseignant. Inversement, un adhérent mécontant n'ira que très rarement le faire savoir à l'enseignant mais le plus souvent à la direction du club ("l'arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse"). Reste à la direction du club à évaluer le degré de confiance qu'elle a dans son enseignant. Un bon enseignant est celui qui connait les faiblesses et les points forts de son enseignement et qui se sert de cette connaissance pour ne pas être pris en défaut en cours et pour orienter ses recherches afin de progresser. Une bonne direction est celle qui sait correctement évaluer l'enseignant qu'elle emploi (ce qui demande un minimum de suivi) et qui le soutiendra ou qui prendra les mesures qu'elle jugera utiles à son endroit ("le diamant ne se trouve jamais à l'état brut, il est rare et convoité. Il en devient ainsi précieux, comme beaucoup de choses dans votre vie. Sachez le voir, l'apprécier au delà d'un banal caillou, car d'autres, au regard plus averti, lui donneront une valeur et le mettront hors de votre portée"; "La règle d'or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu'une partie de la vérité et sous des angles différents"). L'important est d'essayer, de ne jamais perdre l'espoir et en toutes circonstances, de faire de son mieux pour ne pas avoir de regret. L'enseignant doit avant tout avoir foi en ce qu'il fait et rechercher inlassablement à s'améliorer (kaizen).
Même si l'élève gagne toutes les compétitions, passe le grade maximum de son âge avec les connaissances techniques qui l'accompagnent, il se peut très bien qu'un jour il vienne voir son enseignant pour lui dire qu'il n'est plus satisfait de son cours. L'élève ne se posera pas la question de savoir combien de week-end, l'enseignant a consacré pour lui au lieu de s'occuper de sa famille, il peut n'avoir aucune reconnaissance voir même le critiquer. L'enseignant doit savoir prendre sur lui et faire le deuil de cette relation. Il doit s'occuper de ceux qui restent et continuer à vivre sa passion. Les critiques sont souvent provoquées par la différence entre le point de vue du spécialiste et celui du simple amateur.