Symbole des grades

La ceinture de jùdô-jùjitsu considère le mot jùjitsu comme la technique du jùdô et le mot jùdô comme l'approche philosophique qui la soutant.

Pour tout jùdôka, nous l'avons dit, un grade prend une signification symbolique plus ou moins profonde que nous allons essayer de cerner en quelques lignes :

Le symbôle des kyu :

Les pratiquants de jùdô en dessous du 4e dan sont appelés les Jùdôshugyosha
de "shugyo" = pratiquant d'étude, poursuite de connaissance, entraînement et "sha" = personne

• La Ceinture Blanche : représente les premiers pas dans le Jùdô. Le Professeur s'adresse, momentanément, à une masse informe, anonyme, d'individus aux réactions diverses, aux motivations secrètes, qui viennent s'initier à une discipline dont ils ne savent que peu de choses. Il faut apprendre à chuter, éliminer les réflexes contraires, coordonner les gestes. Découvrir les formes de corps fondamentales ; c'est ce que l'on pourrait appeler la "première enfance" du Jùdô.

Ceinture blanche (shiro-obi), 6e kyu (rokukyu) : à partir de 4 ans, classe de Moyenne section
(stade Shu)

• La Ceinture Jaune : sanctionne les premières acquisitions techniques. La notion d'intérêt intervient. L'élève commence à sortir de sa crainte mais il ne s'individualise pas.

Ceinture jaune (ki-iro-obi), 5e kyu (gokyu) : 8 ans, classe de CE2 (stade Shu)

• La Ceinture Orange : marque une entrée dans le vif du sujet ; avec les premiers gestes coordonnés, l'élève fait des découvertes qui lui semblent lumineuses et, bien sûr, définitives ; mais cela ne dure pas et fait souvent place au découragement. Cette progression cyclique est le virage dangereux dans la vie d'un jùdôka ; c'est un peu l'équivalent de "l'âge ingrat".

Ceinture orange (daidai-iro-obi), 4e kyu (shikyu) : 10 ans, classe de CM2 (stade Shu)

• La Ceinture Verte : est le symbole du premier obstacle sérieux que l'on a su vaincre. Elle sanctionne une certaine force de caractère, une volonté d'aller au delà, elle est une prise de conscience. Après la période d'hésitation, on se rend à l'évidence que ce que l'on croyait bien savoir est à réapprendre. L'élève cherche, pose des questions, s'ouvre à la disponibilité, le style se dessine.

Ceinture verte (midori-obi), 3e kyu (sankyu) : 12 ans, classe de 5e (stade Shu)

• La Ceinture Bleue : marque le début d'une certaine maîtrise. Le style s'affirme avec la curiosité technique et un travail sérieux. L'élève vit plus intensément son sport ; il est amené à le penser, à l'analyser ; il est également plus altruiste et fait volontiers profiter les autres de son expérience. C'est le "grand frère" à qui l'on s'adresse avec confiance.

Ceinture bleu (aori-obi ou ao-iro-obi), 2e kyu (nikyu) : 13 ans, classe de 4e (stade Shu)

• La Ceinture Marron : sanctionne l'efficacité. Elle est le fruit, non seulement d'une technique affinée, mais aussi d'une bonne préparation physique et d'une force morale qui donne à son détenteur un certain rayonnement. Il est l'élément actif et stable de la vie du club.

Ceinture marron (cha-iro-obi), 1er kyu (ikkyu) : 14 ans, classe de 3e (stade Shu)
(était portée du 3e au 1er kyu au Japon)

De cette hiérarchie aux multiples symboles que nous n'avons fait, qu'effleurer, chacun peut y apporter sa propre expérience, le Professeur pourra tirer des éléments moteurs originaux et puissants pour diversifier son enseignement. Il a dans les mains un instrument d'une grande richesse qu'il n'aura qu'à adapter à l'âge, au sexe, au tempérament de ceux qui s'adressent à lui. II est bien évident que l'attribution d'un grade ne repose sur aucun critère très précis et c'est mieux ainsi ; si sa signification peut être différente d'un élève à l'autre ou d'un club à l'autre, ceci n'a que peu d'importance en regard de toutes les autres raisons qui justifient l'attribution de ce grade à un individu donné. Au contraire, c'est cette latitude, cette souplesse d'utilisation, qui permettra au Professeur d'en user avec discernement et d'appliquer la récompense ou l'encouragement à chaque cas particulier. C'est pour cela qu'il nous a paru utile de dédoubler encore la classification qui avait été, à l'origine, créée pour des adultes, de telle manière que nous puissions, pendant la longue période de l'initiation, allant de 3 à 13 ans, décerner de façon régulière un grade ou une barrette intermédiaire tous les 2, 3, 4, 5 ou 6 mois. Ces quelques réflexions montrent, s'il en était besoin, toute l'importance de la "Ceinture-Grade" et le merveilleux outil de travail qu'elle représente pour les éducateurs. En particulier dans les cours d'initiation.

Le symbôle des dan :

Le chemin vers l'étude sans fin.

La Ceinture Noire est la concrétisation de longues années d'efforts et de recherche. C'est souvent, aussi, une brutale et favorable mutation dans la vie de l'individu car elle est un symbole qui a une signification quasi universelle et qui permet une nette affirmation de la personnalité. Elle permet surtout, d'ouvrir les yeux sur le jùdô, de le reconsidérer lucidement, de se fixer de nouvelles étapes et de pratiquer avec plus de sérénité. La Ceinture Noire a dépassé le tâtonnement, elle progresse sur un plan plus élevé et son jùdô y gagne en qualité.

1er dan (shodan, le niveau débutant) : Après l'apprentissage de la grammaire du jùdô, c'est le moment de mettre de la technique sur le naturel. On salit l'instinct premier. C'est le symbole d'une valeur technique, mais aussi la perte de l'instinct que l'on retrouvera plus tard.

Ceinture noire (kuro-obi), 1er dan (shodan, ici, sho ne désigne pas "un", mais "début"), shoden,
étudiant (sho-mokuroku) : 15 ans (et 1 an de ceinture marron)
(stade Shu-ha)

2e et 3e dan (deshi, le disciple) :
Le 2e dan induit la dualité, c'est l'apprentissage du double doute. C'est le combat pour la maîtise du corps.

Ceinture noire (kuro-obi), 2e dan (nidan), shoden,
Deshi, disciple (jo-mokuroku) : 17 ans (et 2 ans de 1er dan)
(stade Shu-ha)

Le 3e dan est un grade important. Il symbolise l'union des trois principes, le corps, la technique et l'esprit qui domine. C'est ce que les japonais expriment par l'expression "Shin-Ghi-Tai" ; L'esprit, la technique et le corps ensemble.

Ceinture noire (kuro-obi), 3e dan (sandan), shoden, Deshi, disciple confirmé (hon-mokuroku) : 20 ans (et 3 ans de 2e dan)
(stade Ha)

4e et 5e dan (renshi, personne forgée)
Le 4e dan symbolise la maîtrise de la matière. C'est le niveau où la pratique doit acquérir le contrôle de ses émotions viscérales. La peur frappe au ventre et empoisonne l'esprit. La peur paralyse la réaction. À ce stade, les émotions ne doivent plus troubler l'esprit qui commande le geste.

Les 4e dan et les grade au-dessus sont appelés les Jùdôkas

Ceinture noire (kuro-obi), chuden, 4e dan (yondan ou shidan moins utilisé), (Renshi), expert (hon-mokuroku) : 24 ans (et 4 ans de 3e dan)
(stade Ha)

Le 5e dan est le niveau où il y a la maîtrise parfaite de l'art. C'est le temps de l'ouverture, des échanges pour confronter et comparer. C'est à ce niveau que Jigoro Kano incitait ses élèves à aller voir d'autres écoles et d'autres disciplines.

Ceinture noire (kuro-obi), chuden, 5e dan (godan), Renshi, kokoro, (maîtrise extérieure) : 29 ans (et 5 ans de 4e dan)
(stade Ha-ri)

6e et 7e dan : hanshi, la maîtrise intérieure)
Le 6e dan est une étape essentielle car c'est la fin du parcours volontaire. Tout ce qui pouvait être fait sur le travail technique est terminé. On entre dans le véritable travail de l'esprit.

Ceinture blanche et rouge (shima-obi ou kohaku-obi) ou noire (kuro-obi), chuden, 6e dan (rokudan), Kyoshi, kokoro (maîtrise extérieure)
(stade Ha-ri)

Le 7e dan est le passage à autre chose. Le travail de la maîtrise est accompli. Le mental plus lent à arriver à maturité continue, lui, de grandir. C'est le moment où le pratiquant ne se retourne pas sur son passé glorieux mais au contraire, contemple le chemin qu'il a encore devant lui.

Ceinture blanche et rouge (shima-obi ou kohaku-obi) ou noire (kuro-obi), chuden, 7e dan (nanadan, aussi shichidan et parfois transcrit sitchidan moins utilisés), Kyoshi, ikokoro, (maîtrise intérieure)
(stade Ha-ri)

8e et 9e dan : hanshi, maîtrise intérieur et extérieur unifiées)
Le 8e dan est une lisière qui sépare deux mondes, celui du visible et de l'invisible, qui, pour les japonais, sont intimement liés. À ce grade, le pratiquant (qui peut avoir l'appellation de maître) se tient sur la ligne entrelacée de ces deux mondes.

Ceinture blanche et rouge (shima-obi ou kohaku-obi) ou noire (kuro-obi), chuden, 8e dan (hachidan), Hanshi, ikokoro, (maîtrise intérieure)
(stade Ha-ri)

Le 9e dan est le moment où le cercle du visible commence à s'estomper. L'esprit du pratiquant est orienté vers celui de l'invisible et laisse derrière lui les limites du matériel.

Ceinture rouge (aka-obi), 9e dan (kudan), okuden, Hanshi, ikokoro, (maîtrises intérieure et extérieure unifiées)
(stade Ri)

10e dan : meijin, le trésor vivant)
Le 10 dan c'est le moment ou seul l'esprit reste. C'est un cercle ou un point parfait, un peu comme celui que les samourais dessinaint avant la bataille pour indiquer qu'ils étaient dégagés de leur vie et de ces contingences. C'est le dépouillement, le détachement complet, qui n'est plus troublé par rien. Cela représente le retour aux origines, à la pureté, à la modestie du blanc, le symbole de la renaissance, du renouveau. La boucle est bonclée, le voyage est terminé.

Ceinture rouge (aka-obi), kuden, 10e dan (judan), Hanshi, ikokoro,
(stade Ri)


Ceinture blanche large (shiro-obi), 11e dan (juichidan), Shihan (docteur)


Ceinture blanche large applée aussi "ceinture maîtresse" (shiro-obi), 12e dan (junidan), Shihan (docteur)

Dans l'ancien système de grades chinois, le neuvième "niveau" représentait l'approche du divin, ou de la perfection, et ne pouvait donc être humainement dépassé). Cette situation a entraîné la disparition de ce grade dans certains arts martiaux.

Les ceintures au-delà du 10e dan (Judan) sont blanches. Selon Jigorô Kanô, cela signifie qu'une personne dépassant ce niveau transcende le concept de grade et retourne donc à la ceinture blanche, refermant le cercle de la progression en jùdô, et symboliquement, celui de la vie. Le retour à la ceinture blanche est aussi interprété comme représentant la prise de conscience que la somme des connaissances accessibles en jùdô est infinie. Celui qui dépasse le 10e dan se rend compte qu'il n'arrivera jamais à tout savoir et maîtriser en jùdô, il prend conscience de son ignorance quasi-totale et revêt en conséquence une ceinture blanche, à l'image du débutant qui ignore tout. Afin de ne pas confondre les porteurs de 11e dan (juichidan) et 12e dan (junidan) et les débutants 6e kyu, le Kôdôkan décida ultérieurement que la ceinture blanche des premiers serait deux fois plus large que celle des seconds.