Alexandre Rucel : Kuzushi (28/09/24) |
Le Kuzushi
Introduction
Le kuzushi est un concept fondamental dans les arts martiaux japonais, particulièrement dans le jùdô, l'aïkido et le jiu-jitsu. Il se traduit littéralement par "démolition" ou "perturbation", et représente l'art de déséquilibrer un adversaire avant de tenter une technique de projection, d'immobilisation ou de contrôle. Dans ces disciplines, il est généralement admis que sans kuzushi, une technique est vouée à l'échec ou sera beaucoup plus difficile à exécuter.
1. Définition et principes de Kuzushi
Le kuzushi, dans son essence, consiste à
perturber l'équilibre de l'adversaire afin de le rendre vulnérable.
Cette perturbation peut se faire de multiples manières :
- Pousser
ou tirer l'adversaire : Utiliser sa force contre lui-même
en exploitant les moments où il est instable.
- Changer
d'angle : Modifier la direction de son attaque ou de sa
posture pour créer un point faible dans son équilibre.
- Exploiter
l'initiative : Prendre l'adversaire par surprise lorsqu'il
bouge ou réagir, afin de tirer parti d'un moment où il n'est
pas totalement stable.
Le kuzushi est souvent décrit comme la première phase nécessaire dans l'exécution d'une technique, suivie par l'action (tsukuri) et la finalisation (kake). Si le déséquilibre est bien exécuté, la technique qui suit devient fluide et presque inévitable.
2. Kuzushi
dans le Jùdô
Dans le jùdô,
le kuzushi est omniprésent.
Avant de réaliser une projection comme l'ippon
seoi nage (projection par dessus l'épaule
projection en portant sur le dos par un point)
ou l'osoto gari
(grande fauchée grand
fauchage extérieur) le jùdôka
doit d'abord casser l'équilibre de son adversaire. Ce déséquilibre
peut être obtenu en tirant sur le jùdôgi
(veste de jùdô),
en effectuant des mouvements circulaires
ou en utilisant les mouvements naturels de
l'adversaire contre lui.
Dans le jùdô,
les huit directions de kuzushi
sont enseignées comme étant des directions cardinales et intermédiaires
(avant, arrière, gauche, droite, et les diagonales), Un jùdôka
expérimenté doit être capable d'exploiter n'importe
quelle de ces directions en fonction de la posture de son adversaire.
3. Importance biomécanique du Kuzushi
La maîtrise du kuzushi repose
sur la compréhension des principes biomécaniques, c'est-à-dire
des forces qui assigent sur le corps humain. Chaque corps a un
centre de gravité qui, lorsqu'il est déplacé hors de
la base de soutient (les pieds, en général),
crée un déséquilibre. L'art du kuzushi
consiste donc à déplacer ce centre de gravité
en dehors de cette base de soutient, rendant l'adversaire instable
et incapable de résister efficacement.
Cette maîtrise exige de percevoir les points de déséquilibre
de l'adversaire en temps réel, souvent par un ressenti tactile ou
visuel. Il faut aussi synchroniser son propre
corps avec celui de l'adversaire pour amplifier ses mouvements naturels
et l'amener à l'instabilité sans effort excessif.
4. Application mentale du Kuzushi
Au-delà de l'aspect purement physique, le kuzushi
peut aussi avoir une dimension psychologique. Un pratiquant avancé
peut déséquilibrer mentalement un adversaire en
l'amenant à réagir de manière précipité
ou à faire des erreurs de jugement. Par exemple, en feignant
un mouvement ou en créant une pression intense, on peut
inciter un adversaire à agir dans un moment d'instabilité
mentale ou émotionnelle. Cet état mental est alors
explicité de manière similaire à un déséquilibre
physique.
Conclusion
Le kuzushi est un pilier essentiel
des arts martiaux japonais, et sa maîtrise est souvent ce qui distingue
un pratiquant d'un expert. Il ne s'agit pas simplement de force brute ou
de technique, mais d'une compréhension subtile de l'équilibre,
du timing et de l'interaction entre les deux corps.Le kuzushi
nous enseigne que pour vaincre un adversaire, il faut d'abord le rendre
vulnérable, et cette vulnérabilité se manifeste souvent
dans le moment où il perd son équilibre, aussi bien physiquement
que mentalement.
Alexandre RUCEL
7e dan jùdô
"KUZUSHI-TSUKURI" ou "TSUKURI-KUZUSHI"
Schématiquement, est-ce que :
Je me place pour déséquilibrer = Tsukuri-Kuzushi
=›Kake.
Le Kuzushi est un concept central dans les arts martiaux japonais, en particulier dans le jùdô, le jiu-jitsu et l'aïkido. Il s'agit de l'art de déséquilibrer son adversaire avant de tenter une projection ou une technique de contrôle. En japonais, le terme signifie littéralement "démolition" ou "perturbation", car il consiste à perturber l'équilibre et la posture de l'autre pour le rendre vulnérable à une attaque.
Dans la pratique, le kuzushi est souvent subtil. Il peut être obtenu en tirant, poussant ou en utilisant le poids de son adversaire contre lui-même. Un bon kuzushi nécessite non seulement une compréhension fine des angles et de la biomécanique, mais aussi une synchronisation parfaite entrre déséquilibre et technique. Sans kuzushi, même la meilleure projection échoue souvent car l'adversaire est capable de résister. Que vous soyez débutant ou pratiquant avancé, travailler sur votre kuzushi est essentiel pour maîtriser l'efficacité de vos techniques. C'est un art à part entière qui repose autant sur la finesse que sur la force brute.
Le jùdô, en tant que jeu, appartient aux jeux de combat et assume donc souvent tous les aspects d'une prouesse de force intensive nécessitant des efforts intenses. Dans la pratique du jùdô cependant, ce mal-être peut être évité au moyen de kata (formes). C'est-à-dire que le kata pour l"étudiant en jùdô est d'ajuster la quantité d'exercice en fonction de sa force physique et de son âge, tout en étant pleinement efficace (à la fois en termes d'intérêt et d'avantages).
Posture naturelle : Shizentaï
Le shizentaï, ou posture naturelle, est la posture d'une
personne debout tranquillement, la tête et le haut du corps maintenus
droits, les bras pendants sans contrainte et les jambes pas si fermes et
pas si écartés.
C'est la description de la posture naturelle correcte en ce qui concerne
sa forme, mais elle a une signification plus profonde et plus large.
Lorsque cette posture est maintenue, on peut considérer que :
1. Le corps conserve sa stabilité et ne tombe pas et ;
2. Comme les membres sont maintenus souples, ils peuvent passer à
n'importe quelle action à tout moment.
Dans le paragraphe précédent, la posture naturelle est expliquée
comme une posture debout. Si, cependant, la forme extérieur ou la
posture sont laissé de côté, et
que la posture naturelle est une attitude du corps qui est capable de repousser
l'attaque de l'adversaire, et, de plus, d'assumer
l'offensive chaque fois qu'il y a une ouverture dans la garde de l'adversaire,
la posture
naturelle peut être dite possible non seulement en position
debout, mais aussi en position
assise ou couchée.
En fait, dans un combat de jùdô,
le combattant qui est tombé n'est pas nécessairement battu.
Au contraire, il peut attaquer son adversaire tout en étant allongé
sur le tatamis.
En fait, la posture naturelle est une attitude du
corps qui est toujours capable de prendre les devants.
Il existe une vieille expression : " le mouvement dans le repos ".
Cela signifie que le repos est plein de mouvements comme une activité
infinie donc il indique de la posture naturelle.
Fonctionnant de cette façon, la posture naturelle doit nécessairement
être étudiée d'un point de vue mental.
1. La posture naturelle dans un sens plus
large, c'est l'attitude corporelle.
C'est une posture préparatoire à l'attaque ou à la
défense. Par conséquent, à moins qu'une posture correcte
ne soit bien maintenue, non seulement il est possible de profiter d'une
ouverture pour attaquer l'adversaire, mais vous vous retrouvez avec une
posture brisée et vous subirez l'attaque de l'adversaire.
2. Le mouvement.
Même si vous maintenez la posture correcte ou l'attitude
corporelle, vous ne pouvez pas atteindre votre objectif à
moins que votre mouvement et votre action ne soit conformes aux
règles.
3. La
condition spaciale.
Elle consiste en votre distance,
votre direction et votre position
par rapport à votre adversaire. Il est essentiel d'étudier
les principes de la condition
spatiale, car de cette étude vous réaliserez le principe
secret de "combattre après avoir pris le dessus sur l'adversaire
en premier".
Briser l'équilibre : Kuzushi
Le principe de kuzushi
(briser la posture) sera de montrer comment on est vaincu. Car pour éclaircir
la théorie de la victoire, il faut en même temps connaître
la théorie de la défaite.
Le Kôdôkan
Jùdô
a constaté que le principe des techniques (à mains nues ou
à l'aide d'une arme comme le katana, la lance, le bâton, etc...)
du jujitsu de l'ancienne école consiste à briser l'état
du corps qui a perdu son équilibre. On l'appelle kuzure-no-jotai
(état de déséquilibre).
Parfois l'adversaire lui-même perd l'équilibre, et d'autres
fois, vous détruisez positivement l'équilibre
de l'adversaire, le conduisant à une posture vulnérable.
Au jùdô,
chaque technique est analysée en tsukuri
(action préparatoire) et kake
(attaque mise sur le point de bascule).
L'action préparatoire est divisée en aité-no-tsukuri
(préparation de l'adversaire) et jibun-no-tsukuri
(préparation de soi).
La préparation de l'adversaire consiste à détruire
l'équilibre de l'adversaire avant d'exécuter une technique
et à le mettre dans une posture où il sera facile de l'appliquer.
Au même instant, le combattant lui-même doit être dans
une posture et une position où il facile d'appliquer une technique.
La finesse des techniques de jùdô
ne réside pas dans l'acte d'exécuter des techniques, mais
plutôt dans l'habileté avec laquelle la préparation
est effectuée en préliminaire.
C'est l'idées claire et originale du fondateur du Kôdôkan
Jùdô qui a analysé
la technique qui est appliquée en un instant, et qui est accordé
de l'importance à l'étude et la pratique de l'action préparatoire.
Dans le cas de la préparation de l'adversaire, la théorie
et la pratique du principe de la rupture de l'équilibre doivent être
étudiées. Tandis que pour la préparation de soi, il
est nécessaire d'étudier la
posture naturelle ainsi que la
théorie de la pratique du maai
(condition
spaciale)..
Stabilité
Le centre de gravité du corps d'un
homme debout se trouve presque dans la région
hypogastrique.
Lorsque la ligne perpendiculaire tracée à partir de centre
de gravité passe par le point d'appui ou le milieu de la base formée
par les deux pieds, la posture de l'homme
est stabilisée.
Un homme Le
corps est prêt à tomber lorsque son corps
lorsqu'il se balance en avant
et en arrière, ou d'un côté à l'autre et que
la ligne perpendiculaire tracée à partir du centre de gravité
s'écarte du point d'appui.
Cependant, lorsqu'un corps perd son équilibre, il essaie de le retrouver.
Bien que le centre de gravité vacille, il capable de maintenir sa
posture droite.
Si le centre de gravité d'une personne debout vacille fortement et
qu'elle est incapable de maintenir sa stabilité, elle soutient son
corps en avançant son pied dans la direction où le centre
de gravité tend.
En bref, la posture d'un homme
debout semble instable à première vue, mais l'équilibre
est astucieusement maintenu en faisant des pas correctement.
Si une force extérieure agit sur l'homme
le corps au moment où
il perd l'équilibre, il tombe immédiatement, comme décrit
ci-dessus.
Le corps tombe facilement, lorsque quelque chose gène le pied qui
est placé dans la direction où le centre de gravité
tend, par exemple, lorque le pied qui est sorti est bloqué (ex :
sasae tsurikomi ashi).
Lorsque l'équilibre du corps est perdu, le temps où le centre
de gravité est plus court que le temps nécessaire à
l'organe sensoriel périphérique pour communiquer la perte
de l'équilibre du corps au centre nerveux et à ce dernier
pour ordonner aux muscles du pied en avant.
Alexandre RUCEL
7e dan jùdô
Deux écueils sont donc
à éviter :
1. Déséquilibrer
avant de se placer :
- Sur
les mouvements avant cela provoque la fixation des appuis de son propre
corps rendant impossible le déplacement
- Sur
les mouvements arrière cela provoque le déséquilibre
de son propre corps rendant impossible tout contrôle
2. Se placer avant
de déséquilibrer
- Sur
les mouvements avant et arrière cela provoque l'extention des bras
rendant impossible la poussée ou la traction
Déséquilibrer c'est manipuler la gravité
à son avantage.
Les sept phases de la technique
permettant une projection :
Le
Shisei (la posture)
Le Kumi Kata (la saisie)
Le Tsukuri (la préparation de la mise
en déséquilibre)
Le Kuzushi (le déséquilibre)
Le Kake (l'accrochage)
Le Nage (la projection)
L'ukemi (la reception de uke au sol)
Jacques-Bernard GLORIAN
4e dan jùdô
En rouge les maladresses, répétition inutile ou incohérences