Le championisme

Un élève va mettre beaucoup de temps à s'imposer en compétition de combat basés sur le jùdô si :
- il commence tard les combats basés sur le jùdô
- il posséde peu de prédispositions en combats basés sur le jùdô

La participation en compétition étant lié, pour certains, au niveau atteint à l'entraînement, il se pose souvent la pertinence de leur présentation dans ce type d'épreuve ainsi que leur capacité à faire face au effets négatifs éventuels liés aux résultats.

En effet, trois préjugés demeurent en matière de compétition :
- la réussite en compétition est la finalité du jùdô (la recherche de performances (seika))
- en compétition, la réussite est la finalité
- la compétition est nocive aux pratiquants

Ainsi, si la réussite en compétition est une finalité alors la compétition est nocive aux pratiquants.
- en cas d'échecs répétés : il y a une trop grande baisse de l'estime de soi
- en cas de réussites répétés : il y a un trop grand hausse de l'estime de soi
- en cas de changements réguliers de résultats : il y a un effet de trouble de l'humeur
Dans les deux cas, un caractère narcissique risque de se développer.

Beaucoup de parents se demandent si leur enfant devrait faire de la compétition. Si les parents se posent ce genre de question c'est que les parents et/ou l'enfant pense qu'en compétition la réussite est une finalité. En fait, toute la question est de savoir la représentation des parents et de l'enfant de la compétition.

Ils confondent souvent également Mars le dieu romain (plus proche de Athéna des grecs) et Arès (souvent assimilé à tord à Mars). Faire du jùdô c'est passer d'Arès à Athéna. De la bagarre (querelle violente, mêlée bruyante et désordonnée) au combat. Le salut est là pour marquer le fait qu'on entre dans un combat réglementé sans animosité (Athéna) et non pas dans une bagarre physique brutale chargée de rancune (Arès).

Toute compétition peut-être formatrice ou traumatisante.

La solution est de transmettre une valeur essentielle : " L'important c'est de se donner à fond jusqu'au bout c'est à dire essayer, de ne jamais perdre espoir et en toutes circonstances, de faire de son mieux pour ne pas avoir de regret, avoir foi en ce que l'on fait et rechercher inlassablement à s'améliorer (kaizen)."

En compétition basée sur le jùdô, on ne se bat pas contre des adversaires pour obtenir un prestige mais contre l'adversité par et pour l'amélioration de soi.

L'art de ne pas se comparer : oubaitori
Ce mot vient des quatre arbres fleurissant et grandissant à leur rythme au printemps au Japon : l'abricotier, le prunier, le pêcher et le cerisier. Ainsi chaque individu devient mature à son propre rythme dans les différents domaines de la vie.

Ce qui compte ce n'est pas de gagner mais c'est être totalement maître de soi et de montrer que son esprit est invaincible afin d'obtenir la sérénité et la paix de l'esprit (agatsu, la victoire morale sur soi-même). C'est tenir tête à la situation, faire face à ces responsabilités.

On ne s'engage pas dans une compétition qu'on ne veut pas gagner.

En compétition basée sur le jùdô, on ne se bat pas contre des adversaires pour obtenir un prestige mais contre l'adversité par et pour l'amélioration de soi.

"J'arrive maintenant à la dernière étape de ma méthode d'édification spirituel et je voudrais aborder ce qui constitue l'essence même du jùdô et de son application : "si tu gagnes, ne t'enorgueillis pas de cette victoire ; si tu perds, ne soit pas abattu de cette défaite ; dans le calme, ne relâche pas ta vigilence, dans le danger, ne soit pas effrayé ; continue d'arpenter ce même chemin "
Jigoro Kano

"Du point de vue du combat de , cette phrase signifie qu'il faut combattre en rassemblant tout son esprit, sans tirer vanité d'une victoire, car il arriverra encore de perdre ; et ce qui est également vain de se déprécier au motif d'une défaite. Il n'y a aucune raison, sous prétexte que l'on est dans une situation tranquille ou à l'inverse dans une posture fâcheuse, de faire une différence quant à la façon d'engager son esprit."
Commentaire d'Yves Cadot

"Ne vous souciez pas d'être meilleur que vos comtemporains ou de vos prédecesseurs essayez d'être meilleur que vous-même"
Faulkner

Préserver l'enfant de la défaite en attribuant la même médaille d'or à chaque enfant est une gageure. Au lieu de le préserver de la défaite (ou de la victoire) qui est inévitable il faut le préserver d'une mauvaise interprétation de cette défaite ou de cette victoire. La victoire ou la défaite est un feed-back nécessaire à l'apprentissage.

Si certains sont choqué d'attribuer des médailles différentes au éveils jùdô c'est qu'ils considèrent que cette catégorie d'âge n'est pas assez doué de réflexion selon la même représentaion que celle de Jean-Jacques Rousseau de l'enfant. Dans "Émile, ou De l’éducation" publié en 1762 Jean-Jacques Rousseau pensait que l'humain était né bon mais que la société le corrompt. Il pensait que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits "il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain". Il expliquait que l'éducation doit d'abord être négative c'est-à-dire qu'on ne doit pas commencer par instruire car par là on risque de pervertir la nature humaine L'éducation consisterait donc, non point à enseigner la vertu ni la vérité, mais à garantir le cœur du vice et l’esprit de l’erreur ». Il s'oppose à John Locke qui pensait que l'esprit de l'enfant était un tabula rasa ou une « page blanche »; c'est-à-dire qu'il ne contenait aucune idée innée. Il faut donc éduquer l'esprit en utilisant trois méthodes distinctes : le développement d'un corps sain, la formation d'un caractère vertueux et le choix d'un programme d'études approprié. Dans ses Pensées sur l'éducation (1693), Jean-Jacques Rousseau reproche à John Locke de vouloir trop tôt considérer l'enfant comme un être doué de raison et de vouloir utiliser l'éducation pour transformer l'enfant en homme plutôt que de laisser l'enfant être un enfant, en attendant qu'il grandisse et devienne adulte de manière naturelle. Pour Rousseau, c'est seulement au moment de la puberté que l'éducation doit donner une formation morale et permettre à l'adolescent d'intégrer le monde social.

Cette représentation peut écœuré certains professeur de jùdô spécialisé dans les éveils jùdô car leur foie dans leur travail est basée sur la capacité des enfants à raisonner est à faire des progrés.

Dés le début de l'existence du Kôdôkan, Jigorô Kanô insista sur la nécessité de pratiquer des compétitions en jùdô et mit au point personnellement des règles élémentaires pour ses élèves. La compétition était un élément à part entière du jùdô, mais ne devait jamais être un but en soi, il le rappela très souvent. C'est aussi parce qu'il voulait intégrer la compétition au jùdô qu'il délaissa un certain nombre de technique ou en modifia d'autres eu égard au dangers qu'elles représentaient appliquées en compétition.

Créer un club ou une école ayant comme objectif la réussite en compétition comme un but en soi est une déviance grave liée à l'incompréhension du message laissé par Jigorô Kanô.

La compétition est avant tout une grande fête, une source de plaisir à la pratique. Elle n'a pour but que de développer le satori (l'éveil), la maîtrise de soi, l'éveil à la situation d'opposition et l'implication dans l'action, de progresser en jùdô, de concrétiser un long travail effectué sur soi-même tant sur le plan de la volonté (shin), de la technique (ghi) que du physique (tai). Le résultat n'a donc aucune importance en lui même mais pour ce qu'il représente à savoir l'aboutissement de l'entraînement. C'est également une phase test de son physique et sa technique afin d'orienter le travail à l'entraînement et surtout de développer son estime de soi, sa détermination (combativité en combat), sa maîtrise des règles et son respect des autres afin de se préparer aux grands rendez-vous de la vie et d'avoir une vie harmonieuse. La compétition n'est pas une lutte contre un adversaire mais un face à face avec soi-même. Ce qui compte ce n'est pas de gagner mais c'est être totalement maître de soi et de montrer que son esprit est invaincible afin d'obtenir la sérénité et la paix de l'esprit.

Représentation 1
Représentation 2
Représentation 3
La compétition est nocive. Elle pervertit les enfants en les dévalorisant ou en les rendant aggressifs
Le plus important est de faire de son mieux en compétition et de se servir du résultat pour progresser.
Le résultat en compétition est la seule chose qui compte. Perdre est la pire chose.

Les représentations 1 et 3 sont des représentations qui ne sont pas compatible avec l'esprit du jùdô. Dans les deux cas la compétition est vu comme une bagarre (querelle violente, mêlée bruyante et désordonnée) physique brutale chargée de rancune (Arès). La représentation 1 veut l'éviter alors que la représentation 3 l'accepte. Il ne faut ni l'éviter ni l'accepter mais la redéfinir comme étant la représentation 2.

- "Le combat n'est qu'un moyen d'étude, l'essentiel est la compréhension de principe, afin que ce principe pénètre notre vie entière."

- "L'échec dans la compétition ne doit pas être une source de découragement ni de désespoir, mais un signe de besoin d'une pratique plus grande et d'efforts plus soutenus à l'entraînement..."

"Le sens du sport n'est pas dans le score ou le record mais dans l'habileté et les moyens déployés pour y parvenir."

Jigorô Kanô

"Sur le chemin de la victoire, c'est le chemin le plus important."

Inconnu

"Un combat où l'on fini par apprendre ou comprendre quelque chose est toujours une victoire"

Inconnu

"On doit être efficace parce qu'on aime le jùdô et pas aimer le jùdô parce qu'on est efficace"

Inconnu

Gagner ou perdre : pour qu’il y ait victoire le perdant ne doit pas être vaincu mais convaincu. Le combat n’est pas, pour Jigorô Kanô, l’objet principal de son enseignement, mais seulement l’une de ses racines et l’un de ses aspects, pour faciliter l’accès du pratiquant à la compréhension de ces principes (adaptation/intelligence, meilleure utilisation de l’énergie).

Les compétitions basées sur le jùdô sont au jùdô ce que sont les concours de tir sont à la police.

Même lors de compétitions amicales dès la catégorie éveil-jùdô, il est courant de voir certains enfants jùdôkas honteux devant le comportement de leur parents pendant une compétition. En effet, ces derniers ne connaissant parfois pas les valeurs morales du jùdô et on a souvent pu entendre des encouragement tels que "vas-y tue le !" de la part de certains d'entre-eux. Ces propos évidemment plus que déplacés doivent être sanctionnés par les enseignants, les dirigeants et les arbitres.

Le jùdô, une passion aujourd'hui..un risque pour l'avenir ?

Chaque jùdôka, quelque soit son niveau, est confronté à s’interroger sur ses perspectives d’avenir.

La seule expérience professionnelle dont un jùdôka dispose, c’est son investissement et son acharnement sur les tatamis ! Heureusement, c'est un passage très formateur qui permet également de développer des qualités très recherchées dans le monde du travail. À l’opposé de ces sportifs, d’autres poursuivent un rythme scolaire plus “classique” effectuant stages ou formations professionnelles, dans des secteurs d’activités variés parce qu’ils en ont le temps… Un jùdôka “passionné”, quant à lui, se focalise dès son adolescence sur une seule chose : le jùdô ! Avec pour objectifs : s’entraîner, progresser et gagner !

On pourrait penser que la « reconversion » touche uniquement l’Élite Sportive, et bien non ! Nombreux sont les jùdôkas qui sont et seront concernés par cette problématique. À partir du moment où le sportif se concentre et s’implique corps et âme dans sa passion, peu importe le niveau, si rien n’est préparé, s’il n’est pas accompagné, alors son avenir professionnel risque d’être mis “en danger”.

Une passion chronophage...

Les passionnés ne nous contrediront pas, une passion, ça prend du temps, beaucoup de temps, des minutes, des heures que l’on ne compte pas, que l’on ne compte plus... Alors, une carrière sportive, encore plus qu’une passion, devient un vrai mode de vie, qui devient irrémédiablement chronophage. Les activités dites “annexes” comme le cursus universitaire, la vie sociale et personnelle, l'avenir professionnel, seront alors mis au second plan par manque de temps.

Un jùdôka passionné, à chaque étape de sa carrière, ne vivra que pour ça. Il mange jùdô, respire jùdô et vit jùdô.

S’il veut devenir le meilleur, alors il est obligé de faire des sacrifices…. les vacances, quelques heures de cours, les fêtes bien “arrosées” programmées les veilles de grosse compétition... Il doit mobiliser ses ressources nécessaires pour atteindre SON objectif.

En sport-études, le rythme quotidien n'est pas le même qu'en club. Les jùdôkas passent de 2 à 3 trois entraînements par semaine à parfois 10 entraînements intenses hebdomadaires ! Le choc est total ! Certains craquent au bout de quelques semaines et d'autres s'accrochent toute l'année mais se noient littéralement ! À l'heure du bilan de fin d'année pour beaucoup c'est une défaite sur le plan sportif mais aussi scolaire. Un nouveau choix s'impose pour ceux qui sont toujours là. Continuer, arrêter ou laisser papa, les entraîneurs choisir.”

Une carrière de compétition en jùdô est plus ou moins courte, selon les pré-dispositions de chacun (perte de poids, âge, capacités physiques....). Elle peut s’étaler sur dix, peut-être quinze ans. Le temps passe vite, le jùdôka n’a pas de temps à perdre, il ne pense qu’à ça, il se met volontairement des “œillères” pour ne pas “user de jus” sur des choses qui semblent au moment présent beaucoup moins essentielles que le jùdô. Oui mais...

“Beaucoup d’appelés, peu d’élus...”

De nombreux jùdôkas, dans une optique de compétition, ont intégré à un moment donné de leur vie une section Haut Niveau, passant par un Pôle France, un pôle Espoir, un CREJ, un Centre National ou bien encore l’INSEP. Ces différentes structures ont un but commun : amener au plus haut niveau de performance (seika) les jeunes jùdôkas désireux d’atteindre un jour le podium olympique, ou bien... en faire de parfaits "partenaires d’entraînement".

Tous rêvent de médailles nationales, européennes, mondiales et olympiques. Mais dans ce vivier de jùdôkas, combien y parviendront ? À cet âge et à cette période de la vie, l’avenir professionnel n’est pas la priorité… Et pourtant ? Il va découler involontairement directement de leur carrière sportive !

À 20 ans, quand on rêves de faire les jeux, tu as tendance à "zapper" tes études mais il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus... Le filtre du haut niveau, et là je parle de projet olympique, laisse sur le carreau un paquet de sportifs qui s’entrainent tous les jours et qui au final se retrouvent sans rien”.

On est forcé de constater que dans la plupart des cas, la passion du sport prend le dessus... et c’est compréhensible. Nous avons tous été confrontés au cours de notre carrière à cette interrogation : Dois-je arrêter mes études pour être plus performant en jùdô ?

Omnibulé par sa carrière, vivre au jour le jour, pari risqué pour l'avenir...

Comme nous le savons tous, le jùdô implique un entraînement rigoureux et intensif, et demande énormément de sacrifices pour se hisser parmi les meilleurs. C’est un parcours de longue haleine.

“ Les jeunes sont généralement super fiers d'être à l’INSEP où tous ces champions sont passés avant eux. Beaucoup une nouvelle fois pensent toucher leur rêve et y être arrivé. Grosse erreur jeune fou ! Tout commence maintenant. Les loups parmi les loups, et le but du jeu c'est d'être le chef de la meute. C'est toujours et encore la tronche, le mental et la chance qui portera l'athlète au bout de ses rêves ou au bout de lui-même. L'entraînement quotidien n'a jamais été aussi intense, les heures d'Entraînement avoisinent les 30 heures par semaine quelquefois. Les stages à l'étranger sont fréquents mais vous ne découvrez rien ou presque de vos périples. La fatigue (hirou) est quotidienne, les muscles brûlent en permanence, les blessures sont quasi constantes mais ils apprennent à vivre avec celles-ci. Enfin ceux qui arrivent à faire cela auront peut-être la chance d'atteindre leur rêve de victoire.” “Les postulants sont nombreux, les fiers retenus le sont beaucoup moins !”.

Le soutien de la famille, des proches, des professeurs de jùdô est indispensable. Quand on surfe sur la “vague haute”, qui se préoccupe réellement de notre avenir professionnel ?

Quand tout se déroule comme on l’avait prévu, on occulte le fait que demain, tout pourrait s’arrêter. Une blessure importante, une perte de motivation, la dureté de l’'entraînement, l’envie d’excellence, ajoutent une pression importante qui est difficile à gérer pour un être humain.

On en demande toujours plus aux athlètes, et les athlètes sont demandeurs également, car ils sont là pour être les meilleurs et se démarquer des autres.

À 17 ans, il est difficile de se projeter dans le futur et à cet âge, on juge l’obtention des diplômes comme secondaire. Très souvent, il va être tenté de s’aligner, sur recommandation du corps sportif et par le manque de choix, sur des formations qui vont lui permettre de concilier revenu et sport : le brevet d’état, la filière STAPS la populaire "voie du sport".... Pour certains, passer sa vie en kimono représente un choix libéré mais pour d’autres cela peut-être une décision fortement "recommandée".

Combien de jùdôkas ont pu associer de longues études en parallèle du sport ? Ceux qui aspirent à d’autres cursus scolaires sont-ils encouragés ? La masse de talents dont regorge le jùdô permet-elle de se passer d’éléments prometteurs qui ont opté pour des chemins universitaires différents que ceux qu’on leur proposait. L’INSEP propose quelques formations aux jùdôkas non diplômés, ou désireux d’en apprendre plus. Malheureusement, beaucoup d’entre eux les refusent, préférant se consacrer pleinement sur leur carrière sportive.

Voir aussi :
Le rôle de l'enseignant en compétition
Le soutien psychologique
L'adversité
Participer