La condition d'enseignant |
Selon la plupart des professionnels, la formation initiale des enseignants serait très insuffisante.
Encore actuellement, ce métier doit s'apprendre en grande partie appris sur le tas. En effet, l'essentiel de sa formation de base se borne à l'étude technique, la règlementation, une fiche de séance et en partie d'une méthode.
En fait, dans tous les métiers liés aux resources
humaines, on est avant de devenir.
Aucune formation ne pourra jamais former un enseignant accompli, seul le temps
et les efforts de l'enseignant le rendront ainsi.
C'est un phénomène immuable qu'il convient d'accepter en étant tolérent envers les nouveaux enseignants qu'il convient d'accompagner s'il le souhaite en s'expliquant de manière constructive et énoncer avec tacte pour ne pas risquer de heurter l'estime de soi de l'autre et créer du découragement ou une réaction de colère d'autodéfense. L'enseignant expérimenté doit faire par de ses remarques constructives aux autres et transmettre le plus possible son savoir. L'enseignant débutant doit être à l'écoute des conseils et des remarques qu'on lui fait quelque soit l'interlocuteur mais il doit garder à l'esprit que quelque soit l'interlocuteur il y a à en prendre et à en laisser ("Si les jeunes ont tort de croire que l’intelligence (intelligence discernante) peut remplacer l’expérience (intelligence expérimentale), les gens mûrs ont tort de croire que l’expérience peut remplacer l’intelligence !"). L'échange de tous est profitable pour tous et l'union fait la force.
Pour enseigner il faut être passé par différentes
étapes :
Pour avoir la conscience de ses propres
passages il faut avoir de la distance
par rapport à sa progression :
Les passages :
- l'incompétence inconsciente
- l'incompétence consciente
- la compétence consciente
- la compétence inconsciente
(migatte)
En outre, il faut savoir redescentre de la compétence inconsciente à
la compétence consciente.
La distance par rapport
à sa progression :
Distance 0 :
pris par l'objet
Distance 1 :
trop prés de l'objet pour le voir en intégralité
Distance 2 :
suffisamment distant de l'objet pour le voir en intégralité
Dans l'enseignement :
Distance 0 :
je ne peux pas enseigner car je ne maîtrise pas l'objet de mon enseignement
Distance 1 :
je ne peux pas enseigner car je n'ai pas suffisament de recule sur mon propre
apprentissage
(seicho) de l'objet enseigné
Distance 2 :
je peux enseigner car je suis suffisament distant de l'objet pour avoir du recule
sur mon propre apprentissage
de l'objet enseigné
Lorsque vous commencez à enseigner dans un club de jùdô, vous pouvez très bien être un nouveau diplômé ou même encore en formation. Cette étape qui fait partie du chemin pour devenir un bon enseignant n'est pas toujours évidente à assumer (même pour un connaisseur).
L'enseignant est là à la fois pour aider les élèves à apprendre (pédagogie, donner les moyens, ghi) et pour qu'ils apprennent (les motiver, atteindre un but, shin) et pour entretenir leur physique (tai). La réussite de l'élève est la conjugaison entre les efforts de l'élève et les efforts de l'enseignant.
Le dictionnaire de l'éducation de Legendre, Larousse 1988 indique que l'enseignement est le processus de communication en vue de susciter l'apprentissage (seicho).
Dans cette perspective, enseigner devient un concept beaucoup plus extensif; enseigner, n'est pas seulement transmettre une information mais c'est surtout provoquer ou encore organiser ou encore faciliter ou gérer un apprentissage (seicho). Nous retiendrons surtout la notion de gestion des apprentissages (seicho) car, après tout, le terme de gestion englobe à la fois la facilitation (pédagogie) et l'organisation de l'apprentissage (didactique).
On peut dire qu'enseigner n'est pas seulement "parler", comme disent les anglo-saxons "teaching is not telling". On pourrait même dire qu'un enseignant peut être parfaitement silencieux et être en train d'enseigner dans la mesure où il organise une situation d'apprentissage. Rappelons-nous Celestin Freinet qui, revenu gazé de la première guerre mondiale (1914-1918), a tout à fait rénové la pédagogie de l'enseignement fondamental parce qu'il était incapable de tenir de longs discours.
Enseigner et apprendre sont deux concepts tout à fait indissociables tout comme vendre et acheter. Qu'est-ce que vendre ? C'est parler ou vouloir convaincre le client, mais plus fondamentalement vendre c'est provoquer l'achat, s'il n'y a pas d'achat, il n'y a pas de vente. De même, s'il n'y a pas d'apprentissage (seicho), il n'y a pas d'enseignement digne de ce nom.
Un bon enseignant est donc un " organisateur de situations d'apprentissage ". En fait, un enseignant, c'est quelqu'un qui fait du management, c'est à dire qui coordonne les activités de certaines personnes en vue d'atteindre des objectifs dûment définis. L'enseignant est un manager et pas simplement un dispensateur d'informations.
Cependant, aucun enseignant
ne peut "passer"
avec tout le monde. C'est tout simplement impossible. L'enseignant
doit être à l'écoute des conseilles et des remarques qu'on
lui fait quelque soit l'interlocuteur mais il doit garder à l'esprit
que quelque soit l'interlocuteur il y a à en prendre et à en laisser
("Si les jeunes ont tort de croire que l’intelligence
(intelligence discernante) peut remplacer l’expérience (intelligence
expérimentale), les gens mûrs ont tort de croire que l’expérience
peut remplacer l’intelligence
!"). L'échange de tous est profitable pour tous et l'union
fait la force.
Le paradoxe qui fait qu'un même enseignant
peut-être à la fois critiqué ("Passer pour un idiot
aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet.")
et félicité est dû à la variabilité de sa
performance (seika) (condition humaine) mais aussi et surtout au fait que le
desiderata et les représentation
des élèves et ou des parents varient d'un individu à l'autre.
Un adhérent content n'ira que très rarement le faire savoir à
la direction du club mais le plus souvent directement à l'enseignant.
Inversement, un adhérent mécontent n'ira que très rarement
le faire savoir à l'enseignant
mais le plus souvent à la direction du club ("l'arbre qui tombe
fait plus de bruit que la forêt qui pousse"). Reste à
la direction du club à évaluer le degré de confiance
qu'elle a dans son enseignant.
Un bon enseignant est celui qui
connaît les faiblesses et les points forts de son enseignement et qui
se sert de cette connaissance pour ne pas être pris en défaut en
cours et pour orienter ses recherches afin de progresser. Une bonne direction
est celle qui sait correctement évaluer l'enseignant
qu'elle emploi (ce qui demande un minimum de suivi) et qui le soutiendra ou
qui prendra les mesures qu'elle jugera
utiles à son endroit ("le diamant ne se trouve jamais à
l'état brut, il est rare et convoité. Il en devient ainsi précieux,
comme beaucoup de choses dans votre vie. Sachez le voir, l'apprécier
au delà d'un banal caillou, car d'autres, au regard plus averti, lui
donneront une valeur et le mettront hors de votre portée"; "La
règle d'or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous
ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu'une
partie de la vérité et sous des angles différents").
L'important c'est de se donner à
fond jusqu'au bout c'est à dire essayer,
de ne jamais perdre espoir et en toutes circonstances, de faire
de son mieux (ganbaru) pour ne pas avoir de regret, avoir foi en ce que
l'on fait et rechercher inlassablement à s'améliorer.
Même si l'élève gagne toutes les compétitions, passe
le grade maximum de son âge avec les connaissances techniques qui l'accompagnent,
il se peut très bien qu'un jour il vienne voir son enseignant
pour lui dire qu'il n'est plus satisfait de son cours. L'élève
ne se posera pas la question de savoir combien de week-end, l'enseignant
a consacré pour lui au lieu de s'occuper de sa famille, il peut n'avoir
aucune reconnaissance voir même le critiquer. L'enseignant
doit savoir prendre sur lui et faire le deuil de cette relation. Il doit s'occuper
de ceux qui restent et continuer à vivre sa passion.
Il y a deux types d'enseignant :
- les professionels possédant des diplômes professionnel (50%)
- les bénévoles posssédant souvent que des diplômes
de bénévol (50%)
Les avis du public son souvent partagés quand au nombre de professionnel et de bénévole. Le professionnel garantis un minimum d'exigence technique un peu supérieur mais ne garantis en rien son investissement. Juger un enseignant sur le papier n'a donc pas grand intérêt.
Il y a deux types de carrière pour un enseignant de
jùdô :
- celui qui poursuit uniquement une carrière d'enseignant de jùdô
(20%)
- celui qui poursuit également une autre carrière (80%)
Ceux qui poursuivent également une autre carrière travaillent souvent dans les ressources humaines et notamment dans le domaine de l'animation. De nombreux enseignants de jùdô ont du mal à garder une situation affective à long terme à cause de leur dévouement pour leur(s) métier(s). C'est l'une des difficultés que pose ce métier.
Justification de la rémunération
horaire d'un enseignant de Jùdô
/ Jùjutsu :
Il existe parfois une certaine jalousie de la part de certaines personnes sur
la rémunération horaire des enseignants
de Jùdô / Jùjutsu.
En effet, comment justifier que certaines personnes ayant fait de nombreuses
années d'étude gagnent moins de l'heure que la moyenne des enseignants
de Jùdô / Jùjutsu.
Voici les cinq arguments justifiant
cet état de fait :
- les enseignants ne font pas
35 heures et plus ils font d'heure et moins ils gagnent
- il faut au moins 4 ans pour obtenir la ceinture
noire pour un adulte pratiquant au moins deux fois par semaine de manière
assidu. Ajoutant à cela, au moins 2 ans pour le 2e
dan et se préparer et/ou passer les épreuves du B.E.E.S.
de Jùdô / Jùjutsu.
Il faut donc au moins 6 ans de pratique.
- les enseignants de Jùdô
/ Jùjutsu sont relativement
difficiles à trouver puis qu'il y a à peu près autant
de club que d'enseignant et qu'il
faut généralement plusieurs enseignants
par club pour ne pas payer trop de charge patronale.
- les enseignants des disciplines
plus confidentielles, tel que le yoga par exemple, gagnent au moins deux fois
ce taux horaire.
- les horaires des enseignants
ne sont pas compatibles avec la vie de famille (les soirs et les fins de semaine)
Il apparaît donc comme tout à fait justifier de payer les enseignants
de Jùdô / Jùjutsu
20€/h, même en début de carrière.
Le travail est souvent associé dans l'esprit des gens à la souffrance, à la contrainte alors que la plupart des enseignants de Jùdô / Jùjutsu prennent plaisir à exercer leur métier. Ceci ne peut bien sûr constituer en aucun cas une cause de baisse de rémunération.
Différents désideratas amènent les élèves
et/ou les parents à s'insrire au jùdô
:
- la discipline et le caractère
: la valeur morale, l'attitude
au dôjo, la volonté
- Technique : l'instruction,
l'auto-défense, le culturel, un projet de carrière
- Physique : l'amaigrissement,
l'entretien physique, la prise de muscle, le plaisir de pratiquer
Même si tous ces thèmes sont abordés par l'enseignant, le problème vient parfois des différences entre l'orientation de l'enseignement vers un ou plusieurs de ces objectifs et les desiderata de l'élève et/ou des parents.
Notons une différence fondamentale entre la méthodologie
orientale et la méthodologie
occidentale :
Dans la méthode orientale une même technique
devra être répétée un très grand nombre de
fois avant d'être acquise et passer à la suivante, ainsi :
- l'élève oriental aura l'impression de progresser par la forte
qualité de cette connaissances technique.
- l'élève occidental aura l'impression de stagner par la faible
quantité de cette connaissance technique.
Cest le spécialiste : savoir presque tout sur presque rien.
C'est la société qui prime sur l'épanouissement personnel.
Dans la méthode occidentale les techniques
devront s'enchaîner afin d'initier à un maximum de technique,
ainsi :
- l'élève oriental aura l'impression de stagner par la faible
qualité des connaissances techniques.
- l'élève occidental aura l'impression de progresser par la forte
quantité de ces connaissances techniques.
C'est le généraliste : savoir presque rien sur presque tout.
C'est l'épanouissement personnel qui prime sur la société.
SYNTHÈSE SUR LE MÉTIER DE PROFESSEUR DE JÙDÔ Cette enquête FFJDA, réalisée entre le 21 janvier et le 7 février 2021, a porté sur un panel de 2 996 enseignants sur une population estimée entre 8 000 et 9 000 enseignants. Le professeur de jùdô est un homme à 85%, vivant maritalement, dont l’âge médian est 45 ans. (35 ans moyenne nationale des éducateurs sportifs). Il est bachelier (98%) et a majoritairement suivi des études supérieures. Près de la moitié des professeurs est au minimum 4e dan et enseigne depuis plus de 20 ans. Les enseignants sont avant tout des passionnés. Ils se sont lancés dans l’activité car ils aiment la discipline et l’enseignement. Ils se perçoivent d’ailleurs plus éducateurs qu’entraîneurs et estiment devoir transmettre à leur élèves les valeurs spécifiques de la discipline. La majorité des professeurs dont le jùdô est l’activité principale enseigne plus de 20 h par semaine dans deux clubs. Les non-professionnels, eux, travaillent majoritairement entre 6 et 15 heures au maximum, dans un seul club. Le taïso et le jujutsu cumulés, ne représentent que 10% du volume horaire global. Il faut ajouter à cela les stages, compétions, animations et tâches administratives qui doublent le volume horaire. L’ensemble des professeurs a entre 50 et 150 élèves. Les professionnels montent à 200 élèves, rarement plus, avec de faibles cotisations annuelles : dans 70 % des cas, la cotisation maximale est inférieure à 190 € et 47 % des élèves payent moins de 140 € (hors licence). Cela explique sans doute en partie la faiblesse des rémunérations, de 15 € à 24 € brut de l’heure pour 70% d’entre eux, lesquelles peuvent même descendre en-dessous de ces montants. Pour les professionnels, le revenu médian s’établit à 1 500 € brut environ (ce qui correspond au SMIC) à comparer à 1 980 € net dans l’ensemble du secteur sportif. Pour les autres, l’activité est un appoint qui rapporte entre 200 € et 600 € par mois. Le professeur de jùdô est, dans sa grande majorité, « plutôt » ou même « tout-à-fait » satisfait d’enseigner, et ce, quelle que soit sa qualification. Cependant, il rencontre des difficultés certaines. La première difficulté est d’ordre économique, puis viennent les problèmes domestiques (vie de famille difficile, notamment à cause des compétitions qui prennent beaucoup de temps). Ces difficultés sont exacerbées par le fait que les professeurs vivent mal une certaine dévalorisation de leur métier (on en vient à les considérer plutôt comme des « animateurs » que des « professeurs »). En termes de statut, le jùdô est l’activité principale d’un quart des enseignants et 93% de ces professionnels sont salariés. Pour ceux pour lesquels le jùdô n’est pas l’activité principale, 53% sont rémunérés, 26 % sont bénévoles défrayés et 17% bénévoles sans défraiement. Chaque professeur salarié relève de la Convention Collective Nationale du Sport. 78% en sont conscients mais la connaisse mal. Un professeur sur deux environ souhaite créer une commission représentative au sein de la FFJDA. |
Grade des enseignants en Haute-Garonne :
Être enseignant est un facteur favorisant pour monter en grade grâce
aux réseaux de relation que cela entraîne (dojos et partenaires).
Concernant les enseignants, à titre indicatif :
- Les titulaires du BPJEPS doivent
obligatoirement être au minimum 1er dan ; presque
tous accèdent au 2e dan,
quelques un au 3e dan et quasis aucun au 4e dan
- Les titulaires du CQP
doivent obligatoirement être au minimum 2e dan ; plus
de la moitié d'entre eux accèdent au 3e dan
et quasis aucun au 4e dan
- Les titulaires du DEJEPS doivent
obligatoirement être au minimum 2e dan ; 1/6 reste 2e dan, 1/3
accèdent au 3e dan et 1/3 au 4e dan, 1/6 accèdent
au 5e dan et quasis aucun au 6e dan
- Les titulaires DESJEPS doivent
obligatoirement être au minimum 3e dan ; 1/3
accèdent au 4e dan, 1/3 au 5e dan et 1/3 au 6e dan
Analyse des pratiques d’enseignement les pratiques déclarées par les professeurs de jùdô