JITA KYOEI :
Les plus gradés ont le devoir de servir ("servir est l'art suprême"; "La vie est belle"), d'aider les moins avancés. Il convient d'écouter leurs conseils avec attention. Il faut aider ses partenaires à progresser et ne pas être pour eux une cause de gène ou de désagrément (taijin kyofusho). Les premiers enseignants sont donc dans l'ordre, les plus hauts gradés et puis tous les autres partenaires. Uke doit faire savoir à Tori ses défauts (et vis-versa) en s'expliquant de manière constructive et énoncer avec tacte pour ne pas risquer de heurter l'estime de soi de l'autre et créer du découragement ou une réaction de colère d'autodéfense. Un jùdôka doit faire par de ses remarques constructives aux autres et transmettre le plus possible son savoir. Le jùdôka doit être à l'écoute des conseils et des remarques qu'on lui fait quelque soit l'interlocuteur mais il doit garder à l'esprit que quelque soit l'interlocuteur il y a à en prendre et à en laisser ("Si les jeunes ont tort de croire que l’intelligence (intelligence discernante) peut remplacer l’expérience (intelligence expérimentale), les gens mûrs ont tort de croire que l’expérience peut remplacer l’intelligence !"). L'échange de tous est profitable pour tous et l'union fait la force. Historiquement ce principe fondamental ne date que de 1922 et pas de 1882 (date de la crétion du Judo Kodokan).
Le jùdô est notamment basé sur l'obligation déontologique de partager ses expériences, son savoir et son savoir-faire.
Le jùdô n’est pas un sport collectif, c’est un esprit collectif.
La prospérité :
État de ce qui est prospère, heureuse situation". Il vient
du latin prosperare qui signifie rendre heureux, faire réussir, obtenir
le succès.
L'entraide et la prospérité mutuelle : une condition
sine qua non de notre existence :
Notre espèce a ceci de particulier que nous sommes très mal équipés
physiquement (moins endurant, moins fort, moins rapide). Pour survivre, l'humain
a été obligé de s'organiser en société afin
d'égaler et/ou surpasser les autres espèces. L'entraide et la
prospérité mutuelle est donc une des raisons principales de notre
survi en tant qu'espèce.
En outre, l'humain est une espèce génétiquement sociale. La maturité et la santé émotionnelle, intellectuelle de l'humain sont liées à la vie en société. L'isolement à long terme fait souffrir mentalement et peut finir par le déséquilibre mental et/ou au suicide.
Le travail en équipe :
On reconnaît généralement plusieurs étapes :
- information et éventuellement sensibilisation/formation quand l'information
est complexe, pour savoir et faire savoir ;
- éventuellement sensibilisation/formation quand l'information est complexe,
pour savoir et faire savoir ;
- éventuel travail de co-élaboration (sur un
mode plus ou moins collaboratif)
- consultation ; pour recueillir des avis ;
- Analyse et restitution des avis recueillis
- mise en œuvre avec évaluation et information
Le Jùdô est un
moyen d'éducation dont le principe de base est l'utilisation harmonieuse
des énergies physiques (tai)
et mentales (shin et ghi).
Au niveau interpersonnel :
Un jùdôka se doit d'aider les autres jùdôkas, de leur
faire part de ses idées et de ses remarques constructives énoncées
avec tacte pour ne pas risquer de heurter
l'estime de soi de l'autre et créer du découragement ou une réaction
de colère d'auto-défense et ceci quelque soit leurs grades
respectifs. Un jùdôka refusant d'aider les autres, même par
omission, n'est pas digne de sa discipline.
Bien sûr, comme toutes choses, tout est une question de mesure et de confiance
aux autres et il ne faut toutefois pas entrer dans un système de "je
t'entraide et tu prospères" ou "tu m'entraides et je prospère"...
"Il ne faut pas prendre les gens bons pour des jambons !"
Au niveau intraclub et interclubs :
Il est évident qu'on ne peut atteindre sa pleine efficacité, que
si tous les partenaires (intraclubs et interclubs) sont d'accord pour pratiquer
la solidarité, l'entraide et à faire des concessions mutuelles.
Si l'on veut mener une action efficace, il est indispensable qu'existent des
relations suivies avec les parents, que celles-ci soient organisées à
l'initiative des enseignants et/ou des parents eux-mêmes. Une entente
enseignants, dirigeants, responsables, parents d'élèves, évitera
bien des écueils, voire des abandons. Tout cela doit être mené
dans un climat d'amitié, de solidarité afin que s'instaure une
autorité librement consentie autour d'une structure et d'un fonctionnement
parfaitement défini.
Au niveau du grade :
À partir du 6e dan, on ne
fait plus acte de candidature mais on reçois les grades
selon les services rendus dans le
monde du jùdô. Il ne faut pas
confondre l'application du principe de Jigorô Kanô et le copinage (pratique politique
qui consiste à nommer à un poste de responsabilité ou simplement
un emploi bien rémunéré, une personne, non sur un critère
de compétence sur l'amitié). En effet il est parfaitement justifier
que le critère principal d'évaluation d'un jùdôka
soit le degré d'investissement
au service des autres puisque le critère du bon
usage de l'énergie (seiryoku zenyo)
à déjà été évalué à
plusieurs reprises auparavant.
Remarque :
On peut voir une opposition entre "le
bon et habile usage de l'énergie (seiryoku
zenyo)" et "l'entraide et la prospérité mutuelle
(jitai kyoei)".
D'une part, "l'entraide et la prospérité mutuelle
(jitai kyoei)" pourrait enrayer "le
bon et habile usage de l'énergie (seiryoku
zenyo)".
Par exemple à court terme :
- En individuel, le fait que les meilleurs passent du temps avec les plus en
difficultés pourrait ralentir leurs propre progressions.
- En équipe, le fait de passer plus de temps avec les plus en difficultés
amoindrit le temps passé avec les meilleurs et pourrait ralentir leurs
progressions et les amener à abandonner.
À long terme, "l'entraide et la prospérité
mutuelle (jitai kyoei)" entrainent :
- la meilleure compréhension d'une discipline
- l'aide potentiel dans le futur dans le cas d'une inversion des rôles
- l'acquisition de plus de partenaires de travail
D'autre part, "le
bon et habile usage de l'énergie (seiryoku
zenyo)" pourrait enrayer "l'entraide et la prospérité
mutuelle (jitai kyoei)".
Par exemple à court terme :
- En équipe, le fait de passer autant de temps avec tout le monde entraine
l'hétérogénéité du groupe et amène
les plus en difficulté à abandonner.
- En équipe, le fait de passer plus de temps avec les meilleurs entraine
une très grande hétérogénéité du groupe
et amène les plus en difficultés à abandonner.
- En individuel, le fait que chacun passe tout son temps à essayer de
progresser seul pourrait limiter la progression.
À long terme, l'entraide et "le
bon et habile usage de l'énergie (seiryoku
zenyo)" entrainent :
- la meilleure compréhension d'une discipline
- la possibilité d'aider les autres
D'après William
Glasser, on retient :
- 10% de ce que nous lisons
- 20% de ce que nous entendons
- 30% de ce que nous voyons
- 50% de ce que nous voyons et entendons
- 70% de ce que nous débattons
- 80% de ce que nous essayons
- 95% de ce que nous enseignons
Deux aspects caractérisent une personne :
- l'épanouissement personnel
: le bon et habile usage de l'énergie
(seiryoku zenyo)
- la vie en société
: l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)
Le bien être ne se trouve pas que dans l'épanouissement
personnel mais aussi dans la recheche de l'harmonie de la
vie en société.
Ainsi par exemple si le bien être passe par le respect
du rythme
de l'individu, le respect des êtres
qui l'entourent sont tout aussi important.
En conclusion, s'il y a bien un effet négatif de l'un sur l'autre à court terme, à long terme on ne peut pas obtenir l'un sans l'autre.
Ainsi, ce qu'il faut bien comprendre c'est que "en toutes choses, tout est une question de mesure" (Aristote, IVe siècle avant Jésus-Christ). "Le bon et habile usage de l'énergie (seiryoku zenyo)" est limité par "l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)" et inversement.
"Un pour tous ("le
bon et habile usage de l'énergie (seiryoku
zenyo)"), tous pour un ("l'entraide et la prospérité
mutuelle (jitai kyoei)")"
ALEXANDRE Dumas
1844
"Seul on va plus vite (seiryoku
zenyo), mais ensemble on va plus loin (jitai kyoei) !"
(Proverbe africain)
Katia Cardinal, 22 avril 2011
"Un petit seul est faible, dix petits ensembles sont tous forts"
Comme nous le rappelle le roman d’ALEXANDRE Dumas "Les Trois Mousquetaires" (1844), il y a deux principes à ne pas oublier : l’honneur (sentiment que l'on a de son propre respect et de son estime de soi) et l’amitié (lien d'affection entre deux personnes, qui ne repose ni sur l'argent, l'attrait sexuel ou la parenté), "Un pour tous ("le bon et habile usage de l'énergie (seiryoku zenyo)"), tous pour un ("l'entraide et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)")"
Il faut toutefois bien choisir celui à qui vous demandez de l'aide. En effet, demander de l'aide peut être vu par un narcissique comme un aveu de faiblesse. Demandez plutôt à quelqu'un de humble qui comprendra votre recherche de perfectionnement.
"La liberté de chacun s'arrête là où
commence celle des autres".
Le bien être de tous vient à la fois de la considération
de l'épanouissement personnel
et de l'harmonie de la vie en
société.
Une société a besoin à la fois de traditionnel (part innée) et de rationnel (part acquise)
La relation d'aide :
demande de celui qui veut être aidé |
|
acceptation de celui qui vient en aide |
Le demandeur est en position faible : il doit faire une demande claire et réitérée |
refus de celui qui pourrait venir
en aide |
Celui qui refuse d'aider est en position forte : il ne doit pas à avoir à se justifier |
proposition de celui qui vient en aide |
|
acceptation de celui qui veut être aidé |
Le proposant est en position faible. Il ne doit pas attendre une demande |
refus de celui qui pourrait être aidé |
Celui qui refuse l'aide est en position forte : il ne doit pas à avoir à se justifier |
Celui qui propose ou qui demande est en position faible car il est à
l'origine de la relation d'aide.
Celui qui accepte ou refuse est en position forte car il n'est pas à
l'origine de la relation d'aide.
Certaines personnes pensent que les autres doivent eux aussi
passer par les même difficultés qu'ils ont dû subir pour
deux motivations diamétralement opposés
:
- raison 1 : pour permettre à la personne d'expérimenter et de
s'enrichir par elle même pour :
- qu'elle soit convaincu
des résultats
- qu'elle soit en
mesure de poursuivre seule
- raison 2 : pour que la personne progresse à la même vitesse qu'elle
même pour :
- qu'elle ait toujours
un temps d'avance et garder le pouvoir
- qu'elle "en
bave" ("mange le pain noir) autant qu'elle en on "bavé"
La raison 2 est contraire à l'esprit du jùdô.
"Seiki-ekisei"
Les progrès réalisés doivent servir aux autres.
Jigorô Kanô
Si on peut (sans que cela coûte préjudice) et si on sait le faire, on se doit d'aider les autres.
"Le savoir est la seul richesse qui augmente quand on
la partage"
Socrate
Le terme dénonciation désigne
soit l'acte d'alerter, soit une rupture, soit la signification d'actes de justice.
On ne doit dénoncer
que dans trois cas :
- le dénoncé porte
un réel préjudice au dénonciateur
- le dénoncé
porte un réel préjudice à une ou plusieurs personnes n'osant
pas réagir
- le dénoncé
porte un risque de préjudice physique réel envers lui-même
Dénoncer
est à différencier de la délation
qui est une dénonciation
méprisable et honteuse. Elle
consiste à fournir des informations concernant un individu, en général
à l'insu de ce dernier, souvent inspiré par un motif contraire
à la morale ou à l'éthique
et donc honteuse.
Attention !
L'omerta à savoir la solidarité qui s’établit entre
membres d’un cercle déterminé pour dissimuler les fautes
par crainte de rétorsion ou de vengeance n'est pas une bonne chose non
plus. Les erreurs (donc malgré le fait d'avoir fait de son mieux) n'ont
pas à être signalées si elles n'ont pas eu de conséquences
importantes en revanche les fautes (donc dû à ne pas avoir fait
de son mieux) répétées et/ou graves doivent être
signalées.
Celui qui laisse faire une faute est complice de cette faute. Cette faute doit
être réprimandée avec tact.
- "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le
mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire."
Albert Einstein
L'entraide et la prospérité mutuelle est un principe
à retombée pragmatique :
- L'échange de tous est profitable pour tous (principe de l'échange)
- Le bien-être de chacun dépend
du bien-être des autres (principe
de la communauté)
- Nous sommes parfois capable de produire du bien-être
alors que nous n'en avons pas besoin sur le moment. Comme nous sommes parfois
incapable de stocker ce bien-être,
le seul moyen d'en profiter un jour est de le dispenser aux autres afin qu'ils
le dispensent à leurs tours (principe de la solidarité)
"Plus il y a de bras et moins il y a de peinne"
- L'union
fait la force. Seul je suis trop faible et seul tu es trop faible. Ensemble
nous sommes tout les deux forts (principe de l'union) :
-
on est plus fort, rapide et endurant (tai)
- Quelque soit mon pouvoir, je suis incapable de mener des tâches que
peut mener une équipe (principe de l'esprit d'équipe) :
-
on est plus motivé par solidarité (shin)
-
on est plus ouvert intellectuellement par la mise en perspective des idées
(ghi)
-
on est capable de mener plusieurs tâches en même temps (tai)
L'entraide et la prospérité mutuelle conçue
comme unilatérale est mal vue ou moquer et néfaste pour la société.
L'entraide et la prospérité mutuelle bilatérale est souvent
la mieux comprise. Elle est bonne pour un groupe restreint.
L'entraide et la prospérité mutuelle multilatérale est
mal comprise. Elle est la meilleure pour la société.
Principe
de l'échange |
Principe
de la communauté |
Principe
de la solidarité |
Principe
de l'union |
Principe
de l'esprit d'équipe |
Point de vue individuel |
Utilité |
|
Unilatérale |
Je donne. |
Je fournis. |
J'aide. |
Seul il est trop faible |
Seul, il est incapable de constituer une équipe | Mal vue ou moqué |
Néfaste pour la société |
Je reçois. |
Je demande. |
Je suis aidé. |
Seul je suis trop faible |
Seul, je suis incapable de constituer une équipe | |||
Bilatérale |
Tu as ce qui me manque et j'ai ce qu'il te manque. | Tes problèmes resurgissent sur moi et mes problèmes resurgissent sur toi. | Je t'aide aujourd'hui et je tu m'aideras demain. | Seul je suis trop faible et seul tu es trop faible. Ensemble nous sommes tous les deux forts. | Seul, je ne constitue pas une équipe et seul tu ne constitue pas une équipe. Ensemble, nous constituons une équipe. | Bien vue pour la société | Elle est bonne pour un groupe restreint. |
Multilatérale |
Certains ont ce qu'il me manque et j'ai ce qu'il manque à d'autres. | Les problèmes de certains resurgissent sur moi et certains de mes problèmes resurgissent sur d'autres. | J'aide quelqu'un aujourd'hui et un autre m'aidera demain. | Seul nous sommes trop faible. Ensemble nous sommes tous forts. | Seul nous ne sommes pas une équipe. Ensemble nous constituons une équipe. | Bien vue pour un groupe restreint | Elle est la meilleure pour la société. |
Plus nous sommes et moins les problèmes d'un d'entre nous ne pèse sur les autres. |
Attention !
Parvenir à suivre cette ligne de conduite dans la vie de tous les jours
est un cheminement intérieur (démarche personnelle) de toute une
vie (do mu kyoku) nécessitant un dévouement
(shin) constant envers soi et les
autres. Il ne doit pas être prodiguée afin de recevoir des autres
mais pour le plaisir d'aider les autres de par notre capacité d'empathie
envers les autres tous en gardant à l'esprit sa multilatéralité.
Quoique vous fassiez, vous aurez toujours un retour de vos actes, positifs ou
négatif, directes ou indirectes.
L'entraide et la prospérité mutuelle ne doit pas non plus être
ciblé car sinon elle se redéfinie comme de la stratégie
et plus comme de l'empathie entraînant 3 conséquences :
- vous serez déçu du manque de retour direct et ne percevrez pas
les retours indirectes
- votre aide sera moins appréciée
- vous aurez moins de retour car vous serez moins généreux
Certains utilisent également l'expression "Jitai Yuwa Kyoei" : Entraide et prospérité mutuelle par l'union des forces.
Le kanji "jù" associé à l'expression "Jitai Kyoei" revient à définir le jùdô comme un cheminement intérieur (démarche personnelle) consistant à tendre vers une ligne de conduite (normes) et un état d'esprit (dô) (valeurs) logique et rationnel (ni religion ni magie) à but pragmatique, basé sur l'intelligence de groupe.
"La connaissance doit être partagée
et valorisée, elle doit profiter à tous et ne peut rester le privilège
de ceux qui savent".
Inconnu
Pourquoi lutter contre la pauvreté
?
- le cœur, l'amour (shin)
- l'efficacité de la société, l'argent
(ghi)
- la sécurité : une trop grande pauvreté entraine une lutte
pour la satifaction des besoins affranchis des règles qui ne permettent
pas cette satisfaction, la forme (tai)